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L'Invité·e Carte blanche à Félix Cholet et Olga du Saillant : Image de la vie et de la mort La Rédaction16 janvier 2024 Partager Partager Temps de lecture estimé : 4minsPour leur invitation éditoriale, nos invité·es de la semaine, les cofondateurs de la galerie des Minimes, Félix Cholet et Olga du Saillant, ont choisi de décrypter une œuvre par jour. Pour leur première carte blanche, ils ont choisi « Image de la vie et de la mort » une œuvre singulière et emblématique réalisée en 1981 par l’artiste allemand Dieter Appelt. Elle sera présentée à l’occasion de leur prochaine exposition « L’écho des ruines » qui ouvrira ses portes le 26 janvier et qui fera dialoguer le travail de la jeune photographe Astrid Staes et celui de Dieter Appelt. Image de la vie et de la mort (aus der Aktion) de 1981, une épreuve argentique sur papier aux sels d’argent, est une oeuvre singulière d’un artiste singulier, Dieter Appelt (https://www.moma.org/collection/works/49523). © Dieter Appelt, Schneeloch, from « Erinnerungsspur », 1977/ 79. Courtesy of Galerie Françoise Paviot. Athlète poète, esthète cérébral, sa pratique de l’art est expérimentale et variée. Appelt a été profondément influencé par les actionnistes viennois et Joseph Beuys, des mouvements artistiques caractérisés par leur approche expressive, expérimentale et souvent provocatrice. L’artiste met souvent en scène son corps dans des performances, « actions », qu’il filme ou photographie dans des situations extrêmes. Nu allongé dans un champ de neige (Schneeloch, from « Erinnerungsspur », 1977/ 79), visage couvert de terre, corps momifié enrobé de bandelettes, ses constructions mentales interrogent la vie à travers des stratifications visuelles d’ordre minéral. Comme les écrits d’Ezra Pound qu’il admire, Dieter Appelt ne s’intéresse jamais à la photographie de façon anecdotique ou instantanée ; les images sont composées de multiples poses, couches, altérations. « Pourquoi Pound, précisément? Il est, pour Appelt, le poète du maniement des langues, et particulièrement de langues en images » (Michel Frizot). Chaque oeuvre devient une méditation visuelle, une exploration profonde de la relation complexe entre le corps humain, l’espace et le temps, évoquant des questions sur l’identité, la mortalité et la spiritualité. © Dieter Appelt, Image de la vie et de la mort, 1981. Collection privée — courtesy of Galerie Françoise Paviot Dans cette oeuvre spécifique, Appelt décline son portrait en une série de prises successives disposées de manière verticale. Ces images n’évoquent rien moins que son titre l’indique : le trajet de la vie, de la naissance à la mort. L’inversion de la scène peut introduire une dimension de déconstruction ou de distorsion de la réalité, suggérant peut-être que le chemin de la vie à la mort n’est pas linéaire, mais plutôt complexe et non conventionnel. Le jeu de lumière, en particulier les contrastes forts, semble jouer un rôle essentiel dans la représentation de cette transition ; l’illusion d’un crâne apparaît progressivement, comme si la tête s’était décharnée puis désincarnée sous nos yeux. Ce visage final, ébloui, crée une focalisation particulière et dramatique, symbolisant l’ultime étape de la vie, et rappelle même une sorte d’illumination spirituelle. Cette photographie est doublée d’un court film sur le même sujet tourné par Hanna et Dieter Appelt (https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/c7GLdr8). En seulement 17 minutes de film ou une épreuve argentique, ils parviennent à raconter le chemin de la vie de manière incisive et raccourcie à son essence. L’économie de moyen est fulgurante. C’est le visage de l’artiste qui est décliné, mais on ne peut parler d’autoportrait au sens traditionnel, car le sujet n’est pas personnel mais universel et abstrait. Le cri qui marque le centre de l’oeuvre, comme un cri intense d’arrachement, de douleur, est symbolique pour chaque spectateur qui l’associe à ses propres épreuves. Appelt rend visible une idée, un concept, le résumé de la vie et de la mort dans leur plus simple appareil. Son oeuvre, toujours métaphysique, érudite et poétique, recourt aux images possibles du cinéma et de la photographie pour explorer le sens profond des choses. À travers un travail mûrement réfléchi, documenté et soigneusement préparé, cette séquence est radicale, d’une beauté saisissante, inattendue et puissante. Cette oeuvre a le pouvoir magnétique de captiver et de bouleverser, laissant une impression durable sur ceux qui la contemplent, comme en témoigne ma propre expérience en tant qu’enfant, arrêtée par sa force et sa radicalité. Cette oeuvre emblématique sera exposée à la Galerie des Minimes lors de l’exposition “L’écho des Ruines” — en collaboration avec la Galerie Françoise Paviot — qui proposera à partir du 26 janvier, un dialogue entre le travail photographique de Dieter Appelt et celui d’Astrid Staes. INFORMATIONS PRATIQUES Galerie des Minimes13 rue des minimes, 75003 Paris ven26jan(jan 26)11 h 00 minsam24fev(fev 24)19 h 00 minL'écho des ruinesAstrid Staes & Dieter AppeltGalerie des Minimes, 13 rue des minimes, 75003 Paris Détail de l'événementLa prochaine exposition de la galerie des Minimes propose une mise en résonance de deux artistes, dont les thèmes et le questionnement se croisent, à travers un travail exigeant de Détail de l'événement La prochaine exposition de la galerie des Minimes propose une mise en résonance de deux artistes, dont les thèmes et le questionnement se croisent, à travers un travail exigeant de photographie argentique. D’un côté Astrid Staes, jeune photographe française, dont le regard aigu et fin se porte sur des lieux délaissés, porteurs d’un passé qui, dans une errance salvatrice « nous parle, si nous savons entendre ». C’est lors d’une longue période d’errance médicale qu’Astrid a cherché un écho à son questionnement dans le silence et l’espace oublié des ruines. « C’est dans les ruines que la voix qui questionne n’obtient que son écho. » La ruine, comme un corps malade, sur-vit face à la chute, se régénère, s’enrichit. Elle est la fin de tout, et le début de tout. Le temps s’y fait élastique, relatif. L’artiste cisèle ses photos de paysages ou de natures mortes, aux contours sculptés par la lumière. L’oeuvre aboutit ainsi à un meilleur inespéré, à travers un chemin qui passe toujours par une forme de destruction. La ruine se trouve finalement plus complète que l’édifice intègre qui la précède. En parallèle, la galerie présente avec la Galerie Françoise Paviot, des oeuvres de Dieter Appelt, artiste allemand immense et puissant né en 1935. Athlète poète, esthète cérébral, sa pratique de l’art, expérimentale et variée, met souvent en scène son corps dans des performances qu’il filme ou photographie dans des situations extrêmes. Nu allongé dans un champ de neige, visage couvert de terre, corps momifié enrobé de bandelettes, ses constructions mentales interrogent la vie à travers des stratifications visuelles d’ordre minéral. A l’instar d’Astrid Staes, son travail intense explore le temps, le corps, sa résilience possible, l’absence narrative, le passé présent. Son inspiration, riche, se nourrit d’art et de poésie. Beuys, le cinéma de Bunuel ou de Tarkovski, la poésie de T.S. Eliot ou d’Ezra Pound, entre autres, sont toujours présents en filigrane dans son oeuvre. Comme Anselm Kiefer, il se sait l’héritier d’un passé infâme, une forme de maladie que l’on doit évacuer, ou dépasser, et qu’il n’hésite pas à évoquer dans des photographies de lieux vides, fantômes, qu’un passé ressuscité remplit à nouveau. Un beau dialogue donc, entre deux poètes en images, évoquant, chacun à sa manière, le rapport de la mort à la vie, à travers un désert sans bruit, illuminé d’ombres. « Dieter Appelt m’a profondément touchée dans son rapport au vivant. Un vivant scellé dans le temps. Un vivant qui meurt pour mieux vivre. » La désolation apparente est porteuse d’espoir. Le corps caché ou représenté dans l’oeuvre, se tient cependant présent toujours, même dans l’absence et le silence. Alchimistes contemporains, ils transforment en visible l’invisible, en plein le vide, en vie la mort, et en préhensile l’incompréhensible. DatesJanvier 26 (Vendredi) 22 h 00 min - Février 24 (Samedi) 6 h 00 min(GMT-11:00) LieuGalerie des Minimes13 rue des minimes, 75003 Paris Get Directions CalendrierGoogleCal Favori1
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