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Christine Ollier et son équipe ont inauguré la cinquième édition du Champ des Impossibles, ouvrant au public une quinzaine d’expositions dont la thématique centrale est l’enfance, l’adolescence et les épopées familiales. Chaque jour, nous vous proposons le portrait d’un artiste du Parcours Art & Patrimoine en Perche .05 rédigé par Emmanuel Berck. Aujourd’hui, nous entamons cette visite avec la photographe française Claudine Doury qui expose un travail sur la mémoire et l’adolescence au Château des Feugerets, La Chapelle-Souëf.

Claudine Doury est une photographe française qui s’intéresse à l’intime, à la mémoire, au temps qui passe et aux rites de passage qui marquent une transition entre deux âges, principalement entre enfance et adolescence. Son œuvre personnelle, toujours en couleur, est sensible, centrée sur le rapport à l’autre, la fragilité de l’enfance et le voyage.

France, 2007 -2010
Issue de la série « Sasha ».
Sasha et les limaces ©
Claudine Doury / Agence VU

France, 2007
Issue de la série « Sasha ».
Sasha. © Claudine Doury / Agence VU

Mémoire et transitions

D’abord éditrice photo à 20 ans chez Gamma, où elle collabore notamment avec Abbas, S. Salgado et R. Depardon, puis chez Contact Press Image à New York, où elle rencontre R. Pledge et A. Leibovitz, et enfin, de retour en France, dans l’équipe du nouveau journal « Libération » aux côtés de Christian Caujolle, Claudine Doury devient photographe professionnelle en 1989 pour développer ses propres projets en dehors de l’actualité. Elle s’intéresse notamment à la Russie, où elle retrace le voyage de Tchekhov sur l’île de Sakhaline, qui héberge un bagne. Elle séjourne plusieurs fois en Sibérie de 1996 à 1998, puis, 20 ans plus tard, en 2017. Ce travail au long cours sur les peuples de Sibérie lui vaut de recevoir le prix Leica Oscar Barnack en 1999 et le World Press Photo en 2000.
Elle publie en 2004 « Artek, un été en Crimée » aux Éditions de la Martinière et reçoit, la même année, le prix Niepce récompensant l’ensemble de son travail. Pour Artek, elle s’est rendue dans une gigantesque colonie de vacances pouvant accueillir jusqu’à 5000 adolescents, pour le compte de Libération Magazine. C’est là qu’elle entame une réflexion sur l’adolescence, qu’elle prolongera à travers plusieurs séries, dont Sasha (2011), L’Homme Nouveau (2017), et une série Passage consacrée aux célébrations des « Reines d’un jour » (Sweet sixteen aux États-Unis, Quinceañeras à Miami et Cuba, et autres rites de passage en Finlande, en Russie, etc.).

Au Château des Feugerets, La Chapelle-Souëf

Exposition de Claudine Doury au Château des Feugerets © Olivier Steigel

Dans le cadre du Parcours Art et Patrimoine en Perche du Champ des Impossibles, Claudine Doury expose au Château des Feugerets à La Chapelle-Souëf, sa série « Sasha », qui marque une importante rupture dans sa carrière : « En 2007, je me lance dans une série autour de la fin d’enfance de ma fille. Parallèlement, je change de galerie. Il n’est plus question de voyages cette fois. Cela devient beaucoup plus intime. J’observe la relation de ma fille Sasha et de sa meilleure amie Sarah, dans une tentative de représenter la symbiose de deux pré-adolescentes. Cette série oscille entre réalité et fiction, entre mon propre passé et l’évolution de ma fille. Comme le dit si joliment James Agee à propos des photos d’Helen Levitt : « L’adolescence est un royaume d’anges déchus ou sur le point de l’être, mais c’est encore un royaume ». C’est ce royaume que je convoque dans ce travail. »
Si déjà en Sibérie, Claudine Doury photographiait de nombreux adolescents, avec Sasha, elle explore son environnement familial, se remémore sa propre adolescence, la perte de l’enfance et le passage du temps. Les couleurs sont un peu passées, à la manière des peintres flamands, parfois la monochromie amplifie le côté mélancolique de l’image.
La série Sasha a fait l’objet d’un livre, publié aux éditions du Caillou Bleu en 2011.

Plus d’informations :
http://www.lechampdesimpossibles.com/
https://www.claudinedoury.com/

INFORMATIONS PRATIQUES

sam27avr(avr 27)10 h 00 mindim02jui(jui 2)18 h 00 minLe Champ des Impossibles .05Parcours Art et Patrimoine en Perche .03Moulin Blanchard, 11 Rue de Courboyer 61340 Perche-en-Nocé

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Emmanuel Berck
Après une trentaine d’années dans la communication et la traduction, majoritairement dans le secteur des nouvelles technologies, Emmanuel Berck est devenu rédacteur indépendant en 2019. Il accompagne ainsi des entreprises dans l’élaboration de leurs stratégies éditoriales, à travers la rédaction de tribunes libres, de témoignages clients ou d’articles destinés à la presse. Il développe parallèlement une activité de pigiste pour différents magazines locaux ou nationaux, comme « Pays du Perche », « Pando » et « Profession Photographe ». Ses thèmes de prédilection sont l’environnement et la transition agricole, l’évolution climatique et la préservation de la biodiversité, et les enjeux liés à l’alimentation en circuits courts. Installé dans le Perche depuis 20 ans, il s’appuie sur un réseau d’acteurs locaux très divers qui lui permet d’analyser en profondeur les problématiques qu’il traite dans ses articles. Il aime en outre rédiger des portraits mettant en relief le travail de l’artiste ou l’artisan – le geste et les outils – son savoir-faire, son parcours et ses préoccupations actuelles. Emmanuel a réalisé 11 portraits d’artistes du Champ des impossibles.02, publiés dans l’hebdomadaire « Le Perche » durant l’été 2021. Il a également écrit deux entretiens avec deux artistes du Champ des impossibles, à paraître aux Editions Filigrane.

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