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Le Studio Blumenfeld à la Cité de la mode et du design

Temps de lecture estimé : 4mins

« Je décidai de faire entrer la culture en contrebande dans ma nouvelle patrie, pour la remercier de m’accueillir. »

Ouvrant la saison culturelle 2017 de la Cité de la mode, l’exposition Studio Blumenfeld 1941-1960 outdoor et indoor réactive les obsessions visuelles et chromatiques de l’artiste berlinois Erwin Blumenfeld à travers une sélection d’images orchestrée par Nadia Blumenfeld Charbit, sa petite fille et François Cheval, co-commissaires de l’événement.

A la différence de la rétrospective du Jeu de Paume en 2013 cette approche se concentre exclusivement sur ces photographies de mode à qui il donne ses lettres de noblesse fortement influencé par les avant-gardes et l’art européen (il fonde la branche hollandaise du Dadaïsme après avoir voulu être peintre). Grâce à un partenariat avec le musée Nicéphore Niepce ce sont près de 650 Kodachromes et Ektachromes qui retrouvent leurs couleurs d’origine.

La question du filtre, de la trame, de l’écran est au cœur de sa démarche comme le souligne François Cheval. Le sous titre « l’art en contrebande » rappelle le contexte dans lequel Erwin Blumenfeld s’installe aux Etats Unis en 1941, fuyant l’Allemagne nazie. Il découvre à New York une presse de mode et de publicité puissante avec des magazines comme Harper Bazaar, Vogue, Look, Cosmopolitan avec qui il collabore rapidement, devenant l’un des photographes les mieux payés de son temps. Il ouvre son propre studio en 1943, le succès aidant. L’une des pièces centrales du parcours est ce paravent monté à partir de « ses 100 meilleures photographies »en noir et blanc (qu’il reprendra à la fin dans la composition d’un livre) qui met en avant ses références iconographiques et stylistiques empreintes d’un grand classicisme. Un peu comme le socle d’une grammaire visuelle qu’il interroge et bouscule pour y revenir sans cesse.

Il manipule l’art graphique, utilise des calques, des parois de verre, effets spéciaux en tous genres, mutile le medium, contrôlant chaque détail, soucieux de maquiller lui-même ses mannequins et de choisir les accessoires et maintenant un style malgré les pressions des grands directeurs artistiques d’alors. La femme est essentielle à ses yeux et prétexte à tous les fantasmes, toutes les provocations. Il reste cet expérimentateur qui entraine le regardeur dans une fiction, un jeu de dupes qui n’est autre que le fondement de la distance juste avec le réel. Ce point de bascule de la perception et de l’illusion. Blumenfeld est un artificier 2.0 adepte des filtres que l’on retrouve maintenant sur Instagram ou Pinterest !
Son œuvre entre audaces expérimentales et rigueur technique reste encore largement à découvrir et la scénographie minimale et élégante de Vasken Yéghiayan contribue à dégager un ensemble cohérent et novateur.

L’application Studio Blumenfeld, pour aller plus loin…
Application Studio Blumenfeld à télécharger sur l’App Store et Google Play du 2 mars au 4 juin 2017, 4,99€
https://itunes.apple.com/fr/app/studio-blumenfeld/id1200468149?l

« Studio Blumenfeld, New-York 1941-1960 », marque la première participation de la Cité au Mois de la Photo du Grand Paris :

Lors du week-end intense diagonale, les 29 et 30 avril, la Cité propose plusieurs temps forts avec la complicité des commissaires d’exposition :
Visites guidées en présence des commissaires d’exposition Nadia Blumenfeld Charbit et François Cheval
Le samedi et le dimanche à 11h30, 14h, 15h30 et 17h
• Conférence animée par Nadia Blumenfeld Charbit
Le samedi 29 avril à 18h30 dans l’auditorium de l’IFM (36 quai d’Austerlitz 75013 Paris), dans la limite des 120 places disponibles
• Accès à l’exposition libre et gratuit tout le weekend

INFORMATIONS PRATIQUES :
Studio Blumenfeld
Du 3 mars au 4 juin 2017
Cité de la Mode et du Design
De l’entrée de la Cité jusqu’à la Galerie d’actualité, en passant par l’Atrium
Tous les jours de 11h à 19h, y compris les jours fériés – fermé le mardi
http://www.citemodedesign.fr
http://www.erwinblumenfeld.com

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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