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Festival June Events : May he rise and smell the fragrance, Ali Chahrour

Temps de lecture estimé : 3mins

Marjory Duprès, notre trender en danse contemporaine, continue son exploration de la onzième édition du Festival June Events qui s’est déroulé à Paris. Elle a sélectionné avec soin 4 spectacles pour les partager avec nous. Aujourd’hui focus sur « May he rise and smell the fragrance » d’Ali Chahrour.

Certains spectacles décalent notre vision. Comme s’il fallait passer de l’autre côté pour en faire l’expérience. Les mots restent alors impuissants à dire, par peur de trahir et la nuance, et la richesse d’un monde où l’on n’aurait pas baigné et qui nous resterait en partie invisible.

Alors on écoute chanter. Dans un entre deux crépusculaire, baigné de fumée. Les morts et les vivants se retrouvent au son de la peine et du rythme. L’adresse initiale des regards au public est une invitation à faire face, regarder, oser regarder. Quand l’archet tranche une gorge, quand la femme aux longs cheveux ébènes se dénude, Inanna/Ishtar mésopotamienne.

Les tableaux musicaux de la pièce May he rise and smell the fragrance du chorégraphe libanais Ali Chahrour sont saisissants. Rien n’est vain quand c’est le passage vers l’au delà qui se joue. Les gestes ont l’importance de la justesse. L’expressions des émotions a le goût de la nécessité.

Les mots traduits de l’arabe sont d’une étrange beauté, de celle qui flotte et plonge dans un moment de suspension, pour rendre à l’âme un dernier hommage et rester vivant, debout. Regarder les transformations, saisir ce qui reste pour mieux prendre sa place dans le monde. Arabe.

Le chorégraphe confie que les traditions ancestrales de lamentation résonnent aujourd’hui avec la question de la mort, avec un double ancrage : une région travaillée par la perte en lien avec les souffrances de la guerre et une société contemporaine vivant l’amnésie de sa finitude :

« I collaborated with the musicians since 2014 in « Leila’s death », they live and work in Beirut.

I saw Hala on stage in Beirut within a theatre play – we based the work and references on Mesopotamia poetry and myth specially about morning and lamentation, which is a main need for our contemporary society within the intensity of death that we live ».

De mes lectures passées, Essais sur l’histoire de la mort en Occident de l’historien Philippe Ariès est restée fondatrice. Porteuse d’un éclairage nécessaire sur le tabou de la mort qui a progressivement envahi nos sociétés occidentales.

Et de vous laisser sur ces quelques lignes de la poétesse irakienne Nâzik al-Malâ’ika :

« Nous cherchâmes le Bonheur mais
Ne trouvâmes point sa caverne envoutée
A jamais nous demandons aux nuits de ses nouvelles
Alors qu’il est le secret de la vie et le mystère des temps »

A LIRE :
L’art de la fugue, Mié Coquempot
May he rise and smell the fragrance, Ali Chahrour
Weaver–Quintet, Alexandre Roccoli
> Mix, Herman Diephuis
Interview d’Anne Sauvage

INFORMATIONS PRATIQUES
Festival June Events
http://www.atelierdeparis.org/fr/june-events-est-une-fete

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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