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MAMAC : Sublimes cosmogonies à Nice

Temps de lecture estimé : 5mins

La Ville de Nice propose une saison artistique estivale riche, au MAMAC, qui met à l’honneur Yves Klein et la pensée cosmogonique, au musée Matisse avec le dialogue des 2 monstres sacrés Picasso-Matisse et à la Ville Arson autour de Judy Chicago.

Dans le prolongement de l’exceptionnelle exposition qu’elle avait orchestrée pour le Centre Pompidou Metz, intitulée « Sublime le tremblement du monde »Hélène Guenin à présent dirigeant le MAMAC de Nice propose « Cosmogonies au gré des éléments ». Il est aussi question de cette génération d’artistes des années 1960-70 du Land art, Arte Povera, Earth art qui aspirent à une fusion avec les éléments avant que les catastrophes ne proviennent.
Ainsi l’on retrouve certains artistes formidables comme Ana Mendieta, Barbara et Michael Leisgen, Robert Smithson.. mais à Nice en écho avec l’anniversaire cette année d’Yves Klein la démarche prend une autre tournure.
Inventeur des premières cosmogonies qu’il qualifie « d’états-moments » de la nature qu’il réalise dès 1960 sur les berges du Loup à Cagnes-sur-Mer, Yvles Klein est la figure tutélaire de l’ensemble déployé à la fois au MAMAC mais aussi à la galerie des Ponchettes en ville avec une installation évolutive de Michel Blazy.
C’est tout l’enjeu de cette démarche de réinscrire la démarche de Klein à l’aune de ses suiveurs et artistes contemporains dans une quête de fusion primitive avec les 4 éléments et d’ouvrir sur les enjeux écologiques de l’ère de l’anthropocène, soit l’impact dévastateur de l’homme sur son environnement.
Le parcours ouvre sur l’œuvre de Hans Haacke, un humus reconstitué et le visage de Marina Abramovic dans le film « Stromboli », ce visage soumis au ressac des vagues et du vent dans une sorte de communion parfaite, comme pour instaurer un climat de contemplation et de silence. Un « droit au réenchantement » tel que le définit Hélène Guenin dans le très beau catalogue, en contre poids au consumérisme grandissant.
Andy Goldsworthy, Anthony McCall avec « Landscape for White Square » ou Penone avec « Sofflio di foglie » inventent un langage corporel qui convoque le spirituel de la nature, d’autres artistes choisissent d’enregistrer les soubresauts énergétiques du monde tels les variations du vent chez Marinus Boezem « Weather Drawings », l’enregistrement de la terre par la Boyle family, de la grêle chez Evariste Richer ou la reconstitution expérimentale des phénomènes des nuages par Charlotte Charbonnel. Ainsi de l’impermanence des choses et la fugacité du vivant, il semble urgent de témoigner de cet écosystème en sursis.
Nos ressources ne sont pas illimitées comme le martèle la nigériane Otobong Nkanga qui puise dans la mémoire sacrificielle de son pays pour dénoncer la spoliation et l’exploitation abusive du territoire africain, tandis que Thu-Van Tran dans une approche plus poétique revient aussi sur l’héritage colonial conflictuel et néfaste pour son pays d’origine le Vietnam dont les sols ont été contaminés et les forêts dévastées.
Dès lors des rituels de réparation ou de réconciliation avec la nature sont mis en œuvres à travers des artistes telles Gina Pane avec sa série d’actions « Pierres déplacées », des gestes très humbles et performatifs ou chez Ana Mendieta avec « Grass Breathing » , Maria Laet qui cout de ses mains le sable ou encore Judy Chicago et ses fêtes païennes, le corps devenant le véhicule d’un hommage à Gaia, la terre nourricière, valeur refuge.
Parmi les mulitples scénari, certains font appel à la science et à la chimie comme chez Hicham Berrada (aquariums aux solutions empiriques) ou chez Michel Blazy et ses fermentations du vivant qui convoquent l’art des jardins et le merveilleux aléatoire, galerie des Ponchettes.
Ancienne halle aux poissons de 30 mètres dédiée aux créations in situ, Michel Blazy y déploie une prolifération olfactive et visuelle totalement inédite. « Jardin des délices » convoque ainsi le végétal, le minéral (aluminium),l’organique, le froid et le chaud, l’eau et le feu, une dynamique des contraires. Saisissant !
Enfin, la galerie contemporaine est dédiée à Irene Kopelman (née en Argentine en 1974) autour de ses recherches dans différents biotopes du monde et résidences de recherche auprès de plusieurs collections géologiques ou laboratoires tels, le Smithsonian Tropical Research Institute au Panama ou le Manu Learning Center dans la forêt péruvienne.
L’artiste et le MAMAC entament par ailleurs une collaboration au long terme avec l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer pour initier un nouveau travail de recherche autour du plancton.
Catalogue aux éditions MAMAC/Snoeck, 175 pages, 29 €
INFORMATIONS PRATIQUES :
• Cosmogonies, au gré des éléments

jusqu’au 16 septembre 2018
• Irene KOPELMAN
jusqu’au 30 septembre 2018
MAMAC
Place Yves Klein
06000 Nice
Horaires : Tous les jours sauf le lundi de 11 h à 18h
Tarifs : Ticket individuel 24h au tarif de 10€ qui donne accès à : MAMAC, Galerie des Ponchettes, Espace Ferrero, Galerie de la Marine, Théâtre de la Photographie et de l’Image, Musée Matisse, Musée des Beaux-Arts, Musée d’Art Naïf, Musée Masséna, Palais Lascaris, Musée d’Archéologie, Muséum d’Histoire Naturelle, Prieuré du vieux logis
www.mamac-nice.org

• Michel BLAZY. Timeline
jusqu’au 4 novembre 2018
Galerie des Ponchettes
77 quai des Etats-unis
06300 Nice
Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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