Pour sa quatrième et dernière carte blanche, notre invité de la semaine, Denis Rouvre, nous parle de sa rencontre avec le photographe sénégalais Matar Ndour. À travers ce récit, c’est surtout l’histoire d’une transmission et d’une formidable abnégation.
J’ai rencontré Matar Ndour en 2009 à Dakar, alors que je recherchais un assistant pour m’aider à mener à bien mon sujet sur la lutte sénégalaise.
Matar est un photographe de quinze ans mon ainé et il a accepté de m’accompagner lors de mes trois voyages au Sénégal pour m’épauler dans mon projet. Il a été mon allié de tous les jours, mon fixeur, mon assistant, mon frère.
Je lui ai appris la lumière de studio et invité en résidence photographique dans ma ville de Bagnolet. Malgré tous les obstacles, Matar s’est accroché pour ne vivre que de sa photographie. Aujourd’hui il est toujours photographe et ne fait que ça. C’est une vraie réussite que de pouvoir développer au Sénégal un travail d’auteur quand les contraintes économiques se durcissent année après année, et que la photographie peine à être reconnu.
Aujourd’hui, il poursuit un travail sur les peuples de Casamance, Il a été exposé en Europe et en Afrique, notamment tout dernièrement à la Biennale des Arts plastique de Dakar en 2018.
À l’époque, quand je lui demandais comment il voulait être réglé pour son travail, en cash ou en équipement, il me répondait : « Denis, si tu me donnes de l’argent, demain il n ‘y en aura plus, alors qu’un appareil photo va m’accompagner longtemps dans mon travail de photographe. »
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