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Partager Partager L'Invité·e La photographe Carolle Benitah est notre invitée La Rédaction5 octobre 2020 Temps de lecture estimé : 4minsCette semaine nous avons le plaisir de recevoir la photographe Carolle Benitah, comme invitée de la semaine. Cette ancienne styliste de mode est arrivée à la photographie il y a 20 ans. Véritable artiste visuelle, Carolle Benitah exhume les anciennes photos de famille sur lesquelles elle interagit au travers le dessin, la broderie, le collage ou l’écriture. Jusqu’à vendredi, elle partagera avec nous ses rencontres qui ont rythmées son chemin de photographe et ses coups de cœur. Elle participe actuellement à l’expo collective « Épaisseur du temps – Photographique » présentée à Paris, jusqu’au 7 novembre. Je suis arrivée à la photographie par hasard, lors d’une année sabbatique au début des années 2000. J’étais alors styliste de mode et je voulais que ce temps libre me permette d’explorer d’autres centres d’intérêt que mon métier habituel. J’ai choisi d’étudier la photographie. Il y avait quelque chose qui me semblait facile dans cet apprentissage : appuyer sur le bouton pour que la magie opère. D’emblée, j’ai placé ma pratique dans le champ de l’intime. La dimension fragile de la vie s’est imposée à moi à ce moment-là et la photographie a fonctionné comme une béquille existentielle, comme un nouvel organe de sens. Aujourd’hui, mon travail débouche sur des sujets plus ouverts comme la famille, le désir, la perte, le deuil et l’enfermement des femmes et touchent à l’universel. A partir de 2009, j’ai commencé à utiliser des archives photographiques personnelles que je transforme à l’aide de la broderie, de l ‘écriture et du dessin. Il y a dans ces interventions la volonté de se réapproprier sa propre histoire et de trouver une voie singulière. C’est le désir de libérer une parole et de sublimer les « petits drames » de la vie. https://www.galerie127.com/portfolio/carolle-benitah/ Portrait chinois de Carolle Benitah Si j’étais une œuvre d’art : Seamstress, mistress, distress, stress de Louise Bourgeois Si j’étais un galerie ou un musée : Collection Art Brut à Lausanne Si j’étais une (autre) artiste : Eva Hesse Si j’étais un livre : Belle du seigneur d’Albert Cohen Si j’étais un film : Rêves d’Akira Kurosawa Si j’étais un morceau de musique : Passages, de Philipp Glass et Ravi Chankar Si j’étais une photo accrochée sur un mur : les Amants de Magritte / a hidden mother / autoportrait de Claude Cahun Si j’étais une citation : « la vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité » Pablo Néruda Si j’étais un sentiment : La compassion Si j’étais un objet : une photocopieuse Si j’étais une expo : l’Esprit des hommes de la terre de feu de Martin Gusinde aux Rencontres de la Photographie d’Arles en 2015 Si j’étais un lieu d’inspiration : Le jardin du musée d’Israel à Jérusalem un vendredi après-midi avant la fermeture Si j’étais un breuvage : un verre de lait frais Si j’étais un héros ou une héroïne : un héros ordinaire qui sauve des vies sans tapage médiatique Si j’étais un vêtement : une robe de mariée Retrouvez les cartes blanches de notre invitée > Carte blanche à Carolle Benitah : Ces Rencontres décisives (le mardi 6 octobre 2020) > Carte blanche à Carolle Benitah : L’exposition Juifs du Maroc avec les photographies de Jean Besancenot (le mercredi 7 octobre 2020) > Carte blanche à Carolle Benitah : L’exposition collective L’Epaisseur du Temps (le jeudi 8 octobre 2020) > Carte blanche à Carolle Benitah : Les ouvrages Coups de cœur (le vendredi 9 octobre 2020) INFORMATIONS PRATIQUES Topographie de l'art15 rue de Thorigny 75003 Paris sam05sep(sep 5)0 h 00 minsam07nov(nov 7)0 h 00 minÉpaisseur du temps - PhotographiqueExposition CollectiveTopographie de l'art, 15 rue de Thorigny 75003 Paris Détail de l'événementLes pratiques photographiques en s’articulant autour des notions d’instant, de durée, de répétition ou encore de flux, interrogent visiblement la question d’une temporalité spécifique à ce médium. La photographie offre Détail de l'événement Les pratiques photographiques en s’articulant autour des notions d’instant, de durée, de répétition ou encore de flux, interrogent visiblement la question d’une temporalité spécifique à ce médium. La photographie offre l’illusion d’un temps suspendu et a participé aussi à celui d’un rêve d’éternité. Avec la photographie, il s’établit un nouvel espace-temps, interstitiel et neutre, « hors-temps » ritualisé, comme si le moment même de la prise de vue était déjà un moment hors du réel. Est-ce que le temps pourrait être un moment continu qui enchainerait des instants ? Une suite d’instants discontinue ? Peut-être, aujourd’hui, nous ne cherchons plus à capter des instants privilégiés, ceux qui nous paraissent gorgés de sens, avec un peu trop d’évidence, mais plutôt des occasions aux apparences insignifiantes qui déplacent les enjeux temporels de la photographie pour souligner autre chose, l’organisation même de cette temporalité. Et ce sont précisément ces déplacements du temps et du sens qui vont nous intéresser pour cette exposition. Nous venons tous, dans ce moment inattendu et tendu, menacé par l’invisible, de faire l’expérience du temps ou en tout cas d’un temps bouleversé et suspendu. Il a fallu nous ré-approprier une temporalité complètement désorganisée, et se réinventer face au chaos. Le temps de réfléchir nous était alors donné, celui de voir venir, d’imaginer, de regarder ce temps, de l’envisager aussi et d’en mesurer toute l’épaisseur et le poids. Ce temps tellement contraint, rétréci dans l’espace, presque insupportable, nous a laissé pressentir une possibilité de le vivre différemment et infiniment. À la fois enfermé et complètement libre. Ce fut un choc intime. Cette expérience temporelle, très personnelle, a donné à chacun un surplus de sens qui lui fera appréhender cette exposition, l’épaisseur du temps / photographique, avec une sensibilité toute particulière. Le temps a pris de l’épaisseur, car le temps nécessaire à la photographie nous a poussés à tendre de plus en plus vers l’instant, puis vers l’instant de plus en plus court puis vers l’immédiateté. De fait, le temps ainsi raccourci a dû prendre de l’épaisseur et aussi de l’espace. Au lieu de s’étaler dans une continuité fluide et une durée qui n’existe plus, la photographie s’est mise à travailler dans les profondeurs de l’image. À l’image de notre rapport à la société qui a changé, lui aussi, de temporalité. C’est donc cette épaisseur du temps et de l’espace qui nous est désormais donné à voir comme matérialité temporelle photographique et non plus l’arrêt de l’instant comme preuve d’un “ça a été“(1) . En ce sens, le rapport au réel de la photographie est une nouvelle fois mis à mal. La photographie qui n’est que surface donne au temps toute son épaisseur. Et même si ce temps ne cesse de se déplacer, de bouger, nous l’habitons en profondeur. Il ne s’agit pas de lui trouver une identité ou une définition, il est celui qu’on habite, celui dont on parle, il est nôtre. « Il y a un style temporel du monde et le temps demeure le même parce que le passé est un ancien avenir et un présent récent, le présent un passé prochain et un avenir récent, l’avenir enfin un présent et même un passé à venir, c’est-à-dire parce que chaque dimension du temps est traitée ou visée comme autre chose qu’elle-même, c’est-à-dire enfin parce qu’il y a au coeur du temps un regard ». (2) Pour Merleau-Ponty, c’est un regard de l’intérieur qui nous fait prendre conscience du temps et de sa temporalité. Les artistes, qui font cette exposition, “Épaisseur du temps / photographique“ explorent et expérimentent les limites de la photographie, mais aussi ce rapport spécifique au temps. Ils creusent la surface et travaillent aussi l’idée même de ce qui fait image. Ils vont nous introduire chacun, de par leurs différents regards, à la réalité d’un temps, celui qu’on dit photographique, dans sa densité et son épaisseur. Il se produit une transformation du regard où le présent nous apparaît alors en vérité comme la seule réalité temporelle qui nous appartienne en propre. Le temps serait donc principalement subjectif, car il n’existe que dans nos esprits et il caractérise en fait le manque constitutif de notre condition humaine, ce qui nous échappe en permanence. Le temps est humain et le temps n’est rien en soi hors de l’homme et de sa perception des choses. Il est seulement propre au rapport qu’entretient l’homme avec le monde. C’est en cela qu’il intéresse l’artiste tout comme l’illusion que donne la photographie de le maitriser. D’autant plus que le temps s’oppose à l’idée d’éternité. Dès que nous tentons de penser ce qu’est le temps, le temps se sauve et nous déborde. Le temps peut-être n’existe pas. Et si, justement, le temps n’était composé que d’inexistence. C’est peut-être la question que soulève cette exposition associée à la notion de photographique. Le temps nous interpelle dans toute son épaisseur. Paris, le 8 mars et le 5 juin 2020, Catherine Rebois. (1) Roland Barthe, La chambre Claire, Gallimard, 1980 (2) Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Tel-Gallimard, 1945, p. 483. Avec : Julien Benard; Carolle Bénitah, Katrien De Blauwer, Juliana Borinski; Gaëlle Choisne; Oleg Dou; Gabriela Morawetz; Catherine Rebois; Sophie Ristelhueber; Georges Rousse; Danila Tkachenko et Corinne Vionnet DatesSeptembre 5 (Samedi) 0 h 00 min - Novembre 7 (Samedi) 0 h 00 min(GMT+00:00) LieuTopographie de l'art15 rue de Thorigny 75003 Paris Get Directions CalendrierGoogleCal A LIRE Jamais je ne t’oublierai, Carolle Bénitah publiée aux éditions L’Artière La fin des Mauresques à la Maison de la Photo de Lille Quand les photographes célèbrent l’amour de Paris à Marseille Omnibus Circus, la galerie éphémère à l’Hotel de Sauroy Favori0
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