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Interview Sophie Bernard, co-commissaire exposition Giorgio Morandi, Musée de Grenoble

Temps de lecture estimé : 3mins

Incompréhension, lassitude, résistance… alors que les musées sont jugés parmi les lieux les plus sûrs selon un rapport récent en Allemagne, leur ouverture semble définitivement écartée. Au-delà du symbole, c’est un gâchis à tous les niveaux d’autant plus qu’il s’agit de l’argent du contribuable au final avec ces expositions majeures qui ne rencontreront jamais de public (Matisse au Centre Pompidou par exemple). Si le lobbying des Gafa – et des coiffeurs! – semble malheureusement plus puissant, une visite au musée reste une expérience de contemplation aux vertus thérapeutiques réelles sur la dépression ou le stress. Face à cette faillite collective, nous sommes parti.e.s à la rencontre en régions de celles et ceux qui ont choisi de maintenir malgré tout une programmation engagée et ambitieuse. Un tour de France des expositions confinées mais vivantes !

Conservatrice en chef du patrimoine, chargée des collections modernes et contemporaines, Sophie Bernard est avec Guy Tosatto, directeur du musée, co-commissaire de l’exposition Giorgio Morandi au Musée de Grenoble. Conçue en partenariat avec la Collection et Fondation Magnani-Rocca, l’exposition retrace les liens exceptionnels entre Luigi Magnani, son grand collectionneur et le peintre. Une exception dans le monde clos de cet artiste qui a toujours vécu comme un ermite, écrivant sans le vouloir une véritable légende. Cette exposition n’a pas valeur de rétrospective comme l’explique Sophie Bernard mais se veut une approche intimiste à partir des multiples facettes du maître souvent réduit à ses natures mortes.

En contre-point de l’exposition Morandi, le musée présente une sélection d’une soixantaine d’oeuvres de sa collection d’art italien du XXe siècle. Un axe transalpin initié par le conservateur Andry-Farcy et poursuivit par ses successeurs qui comporte des représentants majeurs de l’Arte povera notamment et donne un caractère pionnier au Musée de Grenoble. « Un musée d’une richesse infinie tant du côté de l’art moderne que de l’art contemporain » selon ses mots pour le définir. Sans oublier l’art ancien !

Sophie Bernard retrace les différentes étapes de son parcours et les rencontres qui ont été décisives comme : Régis Michel conservateur du Louvre avec qui elle organise l’exposition La peinture comme crime, Laurent Le Bon autour de l’exposition Dada organisée au Centre Pompidou en 2005 ou Savine Faupin, conservatrice du Lille Métropole musée d’Art moderne, d’Art contemporain et d’Art brut.

Herbert List, Le peintre italien Giorgio Morandi dans son atelier. 1953, Bologne, Italie. Épreuve gélatino-argentique © Herbert List/Magnum Photo

Elle revendique une approche décloisonnée de l’art et se passionne autant pour la photographie, la littérature que la psychanalyse. La première monographie en France de l’artiste américaine Georgia O’Keeffe pour le Musée de Grenoble en 2015 a été un tournant dans sa carrière, suivie par Kandinsky en 2016. Elle nous dit pourquoi.

INFOS PRATIQUES :
Giorgio Morandi
La Collection Magnani-Rocca
Prolongation jusqu’au 4 juillet 2021
Musée de Grenoble
5 Place de Lavalette
38000 Grenoble
En attendant sa réouverture…

Catalogue à paraître
Giorgio Morandi. La collection Magnani-Rocca
Auteurs : S. Roffi, A. Ensabella, G. Tosatto, S. Bernard, A. Malherbe
Édition In-Fine, 256 pages, 28€

http://museedegrenoble.fr

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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