Temps de lecture estimé : 22mins

Johanna Senpau est une jeune femme photographe de 34 ans. Depuis un an, où nous (sur)vivons en plein cœur d’une crise sanitaire interminable, Johanna Senpau a souhaité partir à la rencontre de femmes chefs d’entreprises et commerçantes – tous secteurs confondus – qui font face à une situation économique sans précédent. Entre portrait et témoignage, ces femmes racontent leur combat face à cette crise et partagent leur vision d’un époque chaotique.

L’INSTITUT DE BEAUTÉ « PARENTHÈSE BIEN-ÊTRE »

Portrait de Severine, esthéticienne, assise sur sa table de soin dans son institut de beauté. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considéré comme commerce non essentiel, l’institut est oblige d’être ferme. Saint Lys, France, 27 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

L’institut de Séverine a vu le jour en 2013, une envie de monter son affaire devenue évidente, après de multiples expériences professionnelles.

Partie de rien, elle a dû beaucoup démarcher, puis le bouche-à-oreille a fait le reste et a fidélisé sa clientèle.
Actuellement locataire, elle envisageait, dans un futur proche, d’acheter de nouveaux locaux pour son institut, ce sera pour plus tard.

Elle a pu minimiser ses pertes avec les aides de l’État et sa clientèle qui l’a soutenu lors de la mise en place du Click and Collect en achetant coffrets et autres, puis qui a répondu présente dès sa réouverture au printemps. Elle attend néanmoins avec appréhension la période des fêtes qui boucle habituellement son chiffre d’affaire. Au-delà des petits plaisirs quotidien, c’est la perte du lien social avec ses proches qui s’est avérer être le plus compliqué pour Séverine.

Cette esthéticienne redoute également les mois à venir, avec des conséquences sur les finances des Français. Ce qui pourraient avoir un impact sur sa clientèle, l’esthétique restant un plaisir et non une nécessité. Malgré l’inquiétude, elle veut toujours rester positive.

Des rendez-vous sont déjà pris en ce début du mois de décembre, et c’est avec cette clientèle que Séverine entretient un véritable lien de confiance et veut regarder vers l’avenir. Peut-être devra t-elle se réinventer, innover dans sa manière de fonctionner pour s’adapter à cette situation inédite.

LE CINÉMA « STUDIO 7 »

Portrait de Stephanie, directrice du cinéma Studio 7, assise sur un fauteuil dans la salle de projection. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considéré comme commerce non essentiel, le cinéma est obligé d’être ferme. Auzielle, France, 1 décembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Studio 7 est un petit cinéma qui s’est installé sur la commune d’Auzielle voilà 35 ans. Stéphanie est employée depuis les années 2000, par l’association qui gère cet établissement subventionné par la mairie. Avec ses programmations d’Art et Essai et de film en VO dont les auteurs sont parfois présents, il s’est constitué un public d’habitués qui apprécient l’ambiance conviviale et la proximité qui contraste avec son voisin, un multiplex abonné des blocs busters. De nombreuses sorties scolaires ont également lieu tout au long de l’année.

Fort de 38 000 entrées annuelles pour son unique salle, tout était au beau fixe avant la crise avec une deuxième salle en projet.
Le printemps fut compliqué avec les fermetures imposées aux cinémas. Grâce aux aides perçues, leur déficit devrait rester limité, même si la clientèle à été deux fois moins nombreuse, notamment durant les mois d’été qui ont suivi le déconfinement.

Le retour des restrictions en ce mois de novembre met les quatre salariés en chômage partiel, la structure utilisera le prêt garanti par l’état qu’elle a contracté si la trésorerie restante venait à disparaître. Les mois à venir s’annoncent encore flous autant avec la concurrence des plates-formes de streaming qui ont le vent en poupe, qu’avec l’incertitude sur le retour en salle du public senior que la situation sanitaire risque de maintenir loin des salles pour un temps et qui constitue une bonne part du public.

Touchée par de nombreux messages de soutien, Stéphanie pourra compter sur ses habitués avec lesquels elle entretient un lien à travers sa newsletter et qui, comme elle, attendent depuis trop longtemps de retrouver l’obscurité des salles.

En chômage partiel, Stéphanie a vu son quotidien limité à son rôle de mère, sans interaction sociale. Une situation contrainte qu’elle a vécue difficilement.
Elle veut toutefois rester positive pour la suite, les yeux tournés vers 2021.

LA FLEURISTE « M’AMIE FLEUR »

Portrait de Marie-Bernadette, fleuriste, debout devant un bouquet de fleur dans son magasin avec son chien. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considéré comme commerce non essentiel, cette fleuriste est obligée d’être fermée. Villeneuve-Tolosane, France, 25 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Villeneuve Tolosane, petite commune péri-urbaine de l’agglomération toulousaine. C’est là que Marie-Bernadette y tient sa boutique de fleurs depuis 34 ans, une affaire familiale depuis 8 générations. En tant que mère et grand-mère la situation était déjà difficile, ne plus voir ses enfants et petits enfants à été un vrai crève coeur.

Du côté professionnel la crise l’a contrainte à travailler différemment, à activer les réseaux sociaux afin de faire savoir qu’elle était ouverte, sa clientèle étant persuadée du contraire au cours du premier confinement.

Avec la fermeture de ses fournisseurs, cette fleuriste a dû innover pour satisfaire les demandes, allant même jusqu’à cueillir les fleurs des champs pour qu’un client puisse offrir une cérémonie décente à sa mère. Parfois c’est elle qui sert de lien social lorsqu’on la sollicite pour livrer des bouquets à des personnes dont les proches ne peuvent se déplacer pour leur rendre visite.

Le confinement du début d’année a été une vraie hécatombe pour ses recettes qu’elle a vu chuter de près de 70%. Durant le mois de mars, elle s’était retrouvée avec un stock important sur les bras. Alors cette fois-ci, elle a profité de la dérogation du week-end de la Toussaint pour prendre les devants avec une annonce promotionnelle sur les réseaux sociaux. Les clients ont été au rendez-vous et elle a pu vendre son stock, vider son magasin.

Ses pertes conséquentes ont été malgré tout compensées moralement par la générosité des gens qui ont continué à venir chez elle, elle a vu solidarité et entraide.

C’est cela que Marie-Bernadette veut retenir, au-delà des drames humains que cette crise laisse ici et là, elle ira à son tour soutenir son marchand de jouets, son libraire et son boulanger. Elle veut croire qu’une conscience collective chemine en ce sens.

LE RESTAURANT « L’ORSO ITALIANO »

Portrait de Sofia et Daniele, un couple de restaurateurs, photographies dans la salle de leur restaurant ferme, des chaises sont sur les tables. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considéré comme commerce non essentiel, ce restaurant est oblige d’être fermé. Toulouse, France, 19 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Sofia et Daniele, couple franco-Italien sont à la tête de l’Orso Italiano depuis deux ans. Avec beaucoup d’envie et de créativité, ils ont transformé cette guinguette sans charme en un lieu où il fait bon de se retrouver dans un décor aux airs de vacances, pour déguster les produits locaux importés du sud de l’Italie.

Avec un chiffre d’affaires en constante progression et une clientèle régulière, un projet d’agrandissement est même dans un coin de leur tête.

Comme bon nombre de restaurateurs, la crise liée à la Covid les a touchés de plein fouet. Une perte de chiffre d’affaire estimé à 100 000 €.
Ils ne se versent aucun salaire depuis plusieurs mois, le prix à payer pour sauver leur commerce.

Un service de repas à emporter a été proposé, mais Sofia et Daniele ont vu le nombre de commandes décliner au fil des mois. Avec les recettes qui diminuent et des charges qui elles sont bien présentes, rester ouvert n’est plus rentable. Ils ont finalement décidé de consacrer ce temps à l’élaboration de nouvelles idées créatives, qui pourront peut-être voir le jour.

Pour l’instant, pas question donc pour ce couple d’envisager la fermeture, au delà de leur restaurant, c’est toute la chaîne du petit producteur en passant par le vignoble qu’ils souhaitent voir perdurer.

Ils veulent croire en leur avenir, et continuer à partager leur passion avec leur clientèle.

LE FOOD TRUCK « MARION CUISINE »

Portrait de Marion, cuisinière, photographiée dans son food truck. Pandémie de covid 19, pendant le second déconfinement, considérée comme restauration a emporter, elle est ouverte. Gaillac, France, 21 décembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Ancienne pâtissière et chef de cuisine en restauration, Marion a créé son food truck itinérant en 2018. Présente sur les festivals et mariages, cette trentenaire travaille principalement sur le parc aéronautique de la région Toulousaine.

Ses plats « fait maison » se démarquent de ses concurrents et elle voit sa clientèle se fidéliser chaque jour davantage. Une belle progression qui lui fait envisager l’embauche d’un salarié et le développement de l’activité de traiteur.

Lorsque vinrent les premières restrictions et avec un secteur aéronautique durement impacté par la crise, une grande majorité de la clientèle de Marion a été placée en télétravail et chômage partiel. À la différence des restaurateurs, le food truck a pu continuer son activité et a voulu assurer ses emplacements. Un choix qui ne s’est pas avéré payant au vu de la faible activité du secteur et qui lui a coûté temps, énergie et argent. Elle a vu son chiffre d’affaire diminuer de 60 %.

Les aides du gouvernement lui ont donné un certain répit, mais le nouveau couvre feu en vigueur n’est pas pour l’aider avec une fermeture imposée dès 20 h. Une situation compliquée qui l’a amené à trouver de nouvelles solutions. Désormais, elle assure un service le vendredi soir près de chez elle, où elle a pu toucher une nouvelle clientèle et compenser un peu ses pertes.

Une période durement vécue par cette maman qui s’est beaucoup investie dans son affaire et qui doit malgré le stress engendré par la situation, continuer à gérer le quotidien de son foyer. Avec un avenir incertain dans lequel elle a du mal à se projeter, une fermeture n’est pas exclue si la situation venait à perdurer.

LA LIBRAIRIE « LES PETITS RUISSEAUX »

Portrait de Catherine, libraire, debout entre les rayons le livres de sa librairie. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considéré comme commerce non essentiel, cette librairie est obligée d’être fermée. Toulouse, France, 26 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Voilà 11 ans que Catherine a créé sa librairie Les Petits Ruisseaux, quartier Saint-Cyprien à Toulouse, après avoir passé deux décennies dans une société d’informatique. C’est au gré des rencontres qu’elle s’est orientée dans la BD et la littérature
jeunesse.

Déjà fatiguée par deux années difficiles avec la crise des gilets jaunes, des travaux devant sa boutique, le vol d’un associé qui lui coûta une partie de sa trésorerie voilà maintenant la crise sanitaire.

Elle nous confia quand même qu’au cours du premier confinement elle a vécu deux mois dans une bulle, qu’ils ont été des
privilégiés, en effet la chaîne du livre ayant été stoppée.
Mais les factures repoussées sont arrivées en même temps que  la reprise l’obligeant à travailler durant les deux mois d’été, se privant ainsi de son mois de congé habituel. Sa gestion des stocks a aussi été modifiée pour éviter de creuser le déficit.

Puis comme beaucoup en ce mois de novembre, elle a opté pour le Click and Collect à la demande de sa clientèle, une surcharge de travail compensée par une tranquillité d’esprit dont elle avait besoin. La gestion du protocole sanitaire avec certains clients irrespectueux s’est révélée éprouvante. Les normes draconiennes annoncées pour l’ouverture de mois de décembre, la poussent à inciter ses clients à privilégier le Click and Collect même avec la boutique ouverte.

Librairie de quartier fréquentée essentiellement par des habitués, l’impact de la crise sur ses recettes a été minimisé, même si Catherine craint que la solidarité des premiers jours ne s’estompe avec le temps. Elle vit au jour le jour et n’envisage pas la fermeture, au contraire elle espère pouvoir réaliser des petits travaux une fois la tempête passée.

L’ÉCOLE ET SALLE DE DANSE « LE SING SING »

Portrait d Alexandra et Harold, un couple de professeurs de danse, photographies dans leur salle de représentation, le Sing Sing. Pandémie de covid 19, pendant le second déconfinement, étant une activité culturelle, les cours de danse et les locations de la salle sont obligés d’être arrêtés. Toulouse, France, 8 décembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Harold, professeur de danse depuis 1992 à ouvert son établissement Le Sing Sing il y a six ans avec son épouse Alexandra dont ils sont propriétaires. L’essentiel de leur activité se repartit entre les cours de danse en semaine et la privatisation de la salle pour des soirées étudiantes, concerts, conférences ou autres séminaires d’entreprises à partir du jeudi.

L’établissement qui possède la licence de discothèque allait perfectionner l’acoustique de la salle, l’étude et la budgétisation étaient déjà bouclées. Outre l’arrêt de ce projet, les répercussions de la crise sont multiples, autant morales que financières.

Les cours à domicile ne sont pas assez rentables et ceux mis en place sur internet ne leur correspondaient pas, la convivialité et l’interaction avec les élèves chères à leurs yeux étant absentes.

L’aide de 1500€ paraît dérisoire à côté de leurs charges mensuelles très élevées et ce n’est pas aux côtés des banques ou assurances qu’ils ont pu trouver une aide. La crise a coûté à ce couple pour l’instant près de 300 000 €, l’absence de perspectives l’empêche pour l’instant de se projeter.

Avec des retards de paiement sur le loyer de leur domicile dont ils sont locataires, l’augmentation des aides du mois d’octobre a été accueillie avec soulagement.

Alexandra et Harold veulent être prévoyants et disent s’être préparé à toutes les éventualités pour la suite, ils n’hésiteront pas à fermer s’ils n’ont plus le choix. Ce sera dur de vendre, de refaire un saut 30 ans en arrière, mais une chose est sûre, ils continueront à vivre de leur passion.

L’ÉCOLE DE YOGA « PARENTHÈSE YOGA »

Portrait de Patricia, professeur de yoga et sophrologue, assise sur un tapis dans la salle de yoga. Pandémie de covid 19, pendant le second déconfinement, considéré comme activité culturelle, elle est obligée d’être fermée. Beauzelle, France, 2 décembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Voilà 5 ans que Patricia a créé cet espace dédié au yoga, à Beauzelle. Un véritable lieu de tranquillité au plus près de ses élèves où elle donne également des consultations de sophrologie.

Lors des deux confinements, des cours collectifs ont pu être mis en oeuvre via l’application zoom, en ajustant son offre, pour un cours acheté, deux cours offerts. Garder le contact avec ses élèves s’est révélé nécessaire pour Patricia, qui a souhaité qu’ils puissent mettre à profit ce temps afin de s’occuper d’eux dans un objectif de mieux être.

Cependant une partie des élèves n’ont pas souhaité adhérer aux cours en ligne, des abonnements déjà encaissés dont les cours vont être différés lors de la réouverture. Un différé qui n’a pas permis à la structure de Patricia de bénéficier des aides de l’État pour ces périodes, malgré un déficit de l’ordre de 40%.

Dans l’attente d’une éventuelle réouverture pour le 20 janvier, elle craint le maintien de mesures trop sévères. Si la jauge de 8m² par élève est maintenue, elle ne pourra tout simplement pas assurer ses cours, l’organisation en deviendrait trop compliquée, la contraignant à choisir certains élèves au détriment des autres, choix auquel elle ne veut pas être confrontée.

L’OPTICIEN CRÉATEUR « L’OPTICIEN »

Portrait de Maud, opticienne, debout appuyée contre un présentoir dans sa boutique d’opticien créateur. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considéré comme commerce essentiel, cette opticienne est ouverte. Toulouse, France, 21 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Cette opticienne a jeté son dévolu sur ce lieu en plein centre de Toulouse et y a créé sa boutique de créateur voilà 9 ans. Le quartier est dynamique, elle s’y plaît et les affaires marchent bien.

Elle envisageait de se rapprocher des entreprises pour développer un nouveau secteur, l’opticien à domicile, dans les locaux des professionnels. Mais il est évident qu’avec la montée du télétravail ce projet tombe à l?eau.

Le fait d’être un commerce essentiel  a été vécu comme un handicap pour Maud sur le plan des aides, elle ne sait pas encore si son employé mis au chômage partiel sera considéré comme ci.

Les clients se sont fait aussi plus rares, la fréquentation du centre-ville a chuté, l’ambiance bon enfant qui y régnait à disparu peu à peu avec les manifestations et l’épidémie.

Une fois la crise passée, elle espère que les toulousains vont se réapproprier cet hypercentre, celui où il fait bon d’arpenter les rues en flânant en famille devant les boutiques, celui du monde d’avant.

LES BIJOUTIERS CRÉATEURS « NV JOAILLIERS »

Portrait de Julie et Julien, joailliers, photographies au comptoir de leur bijouterie NV Joaillier. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considéré comme commerce non essentiel, ces bijoutiers sont obligée d’être fermés. Toulouse, France, 26 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Lorsque Georges Véréda est parti à la retraite, il a cédé ses parts à Julie, sa fille. Elle dirige désormais NV Joailliers au côté de Julien, l’ancien associé de son père. Ayant le label Or équitable Fairmined, ils travaillent en collaboration avec une mine artisanale et vendent leurs créations écoresponsables.

Période compliquée, liée à la spécificité de leur activité qui requiert un contact direct avec le client pour échanger mais aussi vérifier l’authenticité des pierres que celui-ci amène pour réaliser un bijou. Ils ont néanmoins continué à travailler et livrer d’anciennes commandes.

À l’initiative de l’évènement Green Weeding réunissant des prestataires écoresponsables autour du mariage, et qui a pour objectif de mettre en avant des créateurs, ils ont vu leurs projets annulés avec la crise. Beaucoup de travail et d’efforts gâchés, mais surtout une incompréhension vis-à-vis des grandes surfaces qui étaient ouvertes pour un nombre équivalent de visiteurs.

Cette commerçante n’a pas jugé le prêt garanti par l’État assez avantageux pour y souscrire malgré un chiffre d’affaire amputé de moitié. Les aides reçues ne sont pas à la hauteur de ses attentes mais l’aideront néanmoins à faire face aux charges et frais divers qu’ils ont engagé.

Julie et Julien veulent penser au futur de leur boutique, pourquoi pas en se réinventant, vendre leurs bijoux via un site marchand qu’elle créera. Mais ils espèrent surtout voir continuer leur coeur de métier, celui qu’ils affectionnent le plus.

LE CENTRE DE BEAUTÉ « BODY SPA »

Portrait de Françoise, gérante du centre de beauté Body Spa, photographiée debout près du jacuzzi. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considéré comme commerce non essentiel, ce spa est obligé d’être fermé. Tournefeuille, France, 30 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Lorsqu’elle reprend ce spa en janvier 2019, Françoise s’entoure d’une équipe de trois esthéticiennes, et acquière plusieurs appareils de haute technologie. Elle part à la conquête de nouveaux clients et enregistre une belle progression en cette première année.

Ses investissements ne sont pas encore amortis lorsque vint la crise.

Les trois mois de fermeture au printemps ont été un véritable coup dur, malgré la mise en chômage partiel de ses employés. Ses finances tombent dans le rouge, l’aide de l’État est insignifiante par rapport à ses nombreuses dépenses et c’est avec son pécule personnel que cette gérante doit renflouer sa trésorerie.

Une alternative de vente en ligne sur des bons cadeaux a bien été tentée, mais l?incertitude sur la réouverture n’incite pas les clients à acheter. Et sa localisation dans la galerie marchande n’est pas pour l’aider, l’idée est stoppée.

Prête à repenser son concept si la situation venait à perdurer, cette optimiste de nature se refuse à tomber dans le défaitisme. Son affaire est jeune, tout est à développer, tout ne fait que commencer.

LE SALON DE COIFFURE « L’ATELIER DE MADO »

Portrait de Marie-Madeleine, coiffeuse, assise sur un fauteuil dans son salon de coiffure. Pandémie de covid 19, pendant le second confinement, considerée comme commerce non essentiel, cette coiffeuse est obligée d’être fermée. Toulouse, France, 26 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Marie-Madeleine, surnommée Mado a racheté le salon de coiffure où elle était employée il y maintenant 9 ans. La situation sanitaire et la crise qui l’accompagne ont mis un frein à l’embauche d’un salarié, et elle devra se contenter d’un apprenti. Trois mois de formation intensive sont nécessaires, et ce dernier ne sera pas prêt pour les fêtes de Noël.

Cette coiffeuse est restée optimiste et a multiplié les journées de douze heures sans un jour de repos pour maintenir les comptes de son commerce à l’équilibre, et a dû casser son PEL pour subvenir à ses besoins. Beaucoup de temps perdu également avec la complexité des services administratifs pour percevoir les aides de l’État, qui, bien que bienvenues s’avèrent insuffisantes pour payer les frais auxquels elle doit faire face.

Les grandes surfaces autorisées à vendre des kits de colorations professionnelles, ont incité Mado à ne pas faire de vente à emporter, cette concurrence déloyale aurait limité le besoin des clients. De plus, elle se serait retrouvée avec un stock important et une fin de mois difficile sans cet argent investi.

Certains clients ont été plus que solidaires en souhaitant lui payer une prestation supplémentaire, celles qu’ils n’avaient pas eu au premier confinement.

Ses nombreuses heures de travail, les aides perçues et la fidélité de sa clientèle lui permettent de ne pas être en perte aujourd’hui, mais elle est consciente que tous n’ont pas eu cette chance et redoute de nombreuses fermetures dans les mois à venir.

LE CABARET « LE KALINKA »

Portrait d Elodie et Yohan, un couple d artistes, photographies au comptoir d’entrée de leur cabaret le Kalinka. Pandémie de covid 19, pendant le second déconfinement, étant une activité culturelle, le cabaret est oblige d’être fermé. Toulouse, France, 19 novembre 2020. Photographie par Johanna Senpau / Hans Lucas.

Élodie et Yohan, faisaient parti d’une troupe itinérante avant de réaliser un vieux rêve, avoir une totale liberté avec la création d’un Cabaret. Lui est gérant, elle, bénéficie du statut d’intermittent du spectacle, ils travaillent avec la même troupe tout au long de l’année et parfois ouvrent à d’autres artistes leur scène.

Une autonomie dont ils ont su tirer une force pour affronter la crise. Flexibilité des horaires pendant le couvre-feu, développement de soirées en extérieur dans un second lieu, ils ont su se réadapter malgré les contraintes sanitaires.

Leur trésorerie a néanmoins souffert d’un déficit de 80%, avec la faible affluence des mois d’été qui ont suivi la fermeture du printemps, des comités d’entreprises aux abonnés absents et des familles moins nombreuses.

Le Kalinka pourra proposer de nouveau des spectacles à compter du 15 décembre. Ils espèrent de bonnes fêtes de fin d’année, c’est là qu’ils réalisent une grosse partie de leur objectif annuel.

Ils se veulent confiants quant à l’avenir, ils pourront adapter leur structure si besoin, donner des cours ou développer des programmations en extérieur. Nul doute que leur public, en mal de divertissements des mois durant, devrait répondre présent.


Née en 1987 à Albi, Johanna Senpau part jeune sur les routes car pour elle apprendre ne passe pas par les études mais par la découverte du monde. Pendant six ans, en camion, elle voyage (Croatie, Grèce, Irlande, Maroc, Mauritanie, Sénégal, Inde…), vivant au plus près des gens dans les quartiers populaires. C’est de cette expérience que lui vient le désir de capter la vie des autres au travers de la photographie, pour rendre compte. Rentrée en France, elle entreprend des études à l’ETPA, l’Ecole de la Photographie et Game Design de Toulouse. Elle obtient en 2016 une licence avec mention. Depuis photographe-auteure indépendante, elle développe son travail dans deux directions. Le reportage au travers de portraits documentaire dont la démarche est de faire un état des lieux, s’approcher au plus près des préoccupations des gens et d’essayer de comprendre les motivations, les désirs et les peurs humaines. L’autre volet de son travail est plus personnel. Une démarche réflexive qui lui permet d’aborder au travers de ses propres aspirations, de ses sensations et de ses émotions, une réflexion universelle sur la vie et la condition humaine.

https://www.johannasenpau.com/


Vous êtes photographes et vous souhaitez donner de la visibilité et de la résonance à votre travail ? Notre rubrique Portfolio vous est consacrée !

Comment participer ?
Pour soumettre votre travail à la rédaction, il vous suffit d’envoyer à info@9lives-magazine.com

• Une série composée de 10 à 20 images. Vos fichiers doivent être en 72DPI au format JPG avec une taille en pixels entre 900 et 1200 pixels dans la plus grande partie de l’image ;
• Des légendes (si il y a) ;
• Un texte de présentation de votre série (pas de format maximum ou minimum) ;
• Une courte biographie avec les coordonnées que vous souhaitez rendre public (site web, email, réseaux sociaux…)

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

    You may also like

    En voir plus dans Photo