Jeu de Paume, le festival : Interview Jeanne Mercier, commissaire, pour une émancipation des imaginaires ! 6 heures ago
Dernier chapitre d’une trilogie familiale, le photographe Pierre-Elie de Pibrac en Israël (Episode 4) 22 janvier 2025
Centre Pompidou Metz : « Après la fin. Cartes pour un autre avenir » vers un sud global émancipé 7 heures ago
« Chaque vie est une histoire », 13 artistes internationaux pour lever le voile au Musée national de l’histoire de l’immigration 4 jours ago
Partager Partager Temps de lecture estimé : 5minsPour sa troisième carte blanche, notre invitée de la semaine, la journaliste Frédérique Chapuis, partage avec nous l’exposition présentée au jardin des voyageurs, consacrée à l’artiste sud africaine Lebogang Tlhako, dans le cadre du festival des Rencontres d’Arles. « Sibadala Sibancane » dresse le portrait de la relation qu’entretenait Lebogang Tlhako avec sa mère, et la façon dont celle-ci a façonné et influencé la jeune fille. L’histoire familiale de la photographe Sud-africaine Lebogang Tlhako se trame au creux des pages de l’album photos de sa mère. Elle y a découpé ses portraits pour faire les photo-montages de sa série Sibadala Sibancane. © Lebogang Tlhako Reformulant ainsi, avec une violence sourde, un récit familial plein de trous et de silences. L’effet du collage est séduisant, néanmoins il ne faut pas s’y tromper, ces petits morceaux de vie mis bout à bout réactivent un réel disloqué, celui d’un pays et d’une famille sud-africaine contemporaine. Derrière la couverture fleurie d’un épais album photo, se cachent donc les portraits de la mère de la jeune Lebogang Tlhako. Sur chaque page décorée de stickers fleuris, un seul cliché est collé. Aucun homme, aucune de ses quatre filles ne figurent à l’image ; Lefalane Eva Mphahlele, née en 1956, y est toujours seule. Excepté sur l’une d’elle, où on la découvre avec son tablier de domestique aux côtés de sa patronne blanche. Un bien étrange cliché parmi ceux où elle affiche une posture de femme libre, tantôt alanguie sur l’herbe, tantôt vêtue d’un tailleur blanc ou décontractée avec des lunettes de soleil. Pourquoi retenir ce cliché marqué du temps de l’apartheid ? La nostalgie, peut être, d’avoir aimé cette famille ? Ou inconsciemment pour garder le souvenir d’une époque qui précéda la période post-apartheid où il fut si difficile de trouver ses repères dans la fameuse « nation arc-en-ciel » ? Néanmoins, seul ce cliché se raccroche un tant soit peu à l’idée d’« album de famille ». Dans lesquels on retrouve les mêmes postures, sourires, prises de vues collectives ou individuelles qui font toujours s’épancher les membres de la famille. Car l’album de famille est bien le « lieu » des retrouvailles avec les absents, avec un temps passé. Lebogang Tlhako troublée par une histoire familiale que la mère silencieuse et taciturne garde secrète, va s’inventer « ses » retrouvailles. Elle nait en 1988, troisième d’une fratrie de filles, avant sa petite sœur. La famille vit à Katlehong, un township situé à 30 kilomètres à l’est de Johannesburg. Son père travaille comme manutentionnaire dans une compagnie ferroviaire. Un soir il ne rentrera pas. On retrouvera son corps criblé de balles. Aucune enquête ne lèvera le voile sur cette mystérieuse mort. Bien plus tard son décès sera répertorié dans la liste des victimes de l’apartheid. Pour sa mère, le sujet est tabou. Elle fait silence, zéro photo du père ne circule dans la famille. On dira simplement à Lebogang – alors âgée de deux ans lorsqu’il disparaît – qu’elle lui ressemble. Lefalane Eva va travailler dur pour élever ses filles. Additionne les petits boulots, vend du pain, fait du porte à porte pour vendre des vêtements de seconde main, des pacotilles, … La maison est modeste, la mère veille à ce que le meuble en chêne et ses vitrines où sont posés les quelques objets de vaisselle soit astiqué chaque semaine et que les trois napperons brodés de fleurs restent bien alignés sur la table. © Lebogang Tlhako De cette époque, elle se souvient : « J’adorais découper les magazines pour jouer à la poupée en papier, raconte Lebogang. Et j’aimais aussi beaucoup feuilleter l’album photo de ma sœur ainée décoré de découpes d’images de fleurs, et dont les couleurs étaient en parfait accord avec celles des vêtements sur les clichés. » Devant ses œuvres, aujourd’hui on pourrait ne rien déceler si ce n’est une fantaisie de collage. Cependant son travail s’inspire, d’après elle, de ces modestes gestes esthétiques glissés ici et là dans son quotidien de petite fille. Pour réaliser Sibadala Sibancane la photographe s’est saisie de l’album personnel de sa mère et en a découpé à angles vifs le personnage principal. Elle l’a, ainsi, extrait du contexte de la prise de vue pour le replacer dans un espace urbain contemporain. Elle a, à chaque fois, glissé à ses côtés une image de fillette, ou d’adolescente. Images faites avec un appareil de médiocre qualité, comme l’était les clichés de la mère pris à l’époque par les photographes ambulants, à Katlehong. La photographe opte pour ce même protocole : après avoir choisi ses modèles dans la rue, elle les habille, les photographie. Puis découpe leur image qu’elle glisse auprès de la mère. « Les gamines dans mes collages me rappellent tellement moi-même quand j’avais leur âge, confiante et insouciante. C’était les meilleurs moments de ma vie. Aujourd’hui je m’inquiète constamment de la façon dont je vais payer mon loyer ou si ce que je dis est suffisamment intelligent. » C’est par ce jeu minimaliste de déconstruction et de reconstruction qu’elle réinvente, non seulement une enfance auprès de sa mère, mais qu’elle réactive aussi la violence d’un quotidien de femme, d’une époque sans liberté, sans le moindre reflet d’une vie de famille « normale ». En observant ces collages, les paysages contemporains en fond de décor dépeignent toujours un habitat à l’abandon, usé par le temps, où seuls les personnages qui s’y greffent tentent d’être des modèles, bien qu’éclectiques, potentiellement plein d’espoir. L’œuvre en cours d’une jeune artiste à suivre, présentée dans le cadre de la saison Africa2020. INFORMATIONS PRATIQUES Les Rencontres d'Arles32, rue du Docteur Fanton 13200 Arles dim04jul(jul 4)0 h 00 mindim26sep(sep 26)0 h 00 minLes Rencontres d'Arles 2021Les Rencontres d'Arles, 32, rue du Docteur Fanton 13200 Arles Détail de l'événementUn été de Lucioles CHRISTOPH WIESNER Directeur des Rencontres d’Arles Fallait-il inventer un nouveau rite de passage en ce moment si particulier ? Substituer à cette année blanche une nouvelle édition en Détail de l'événement Un été de Lucioles CHRISTOPH WIESNER Directeur des Rencontres d’Arles Fallait-il inventer un nouveau rite de passage en ce moment si particulier ? Substituer à cette année blanche une nouvelle édition en Technicolor ? Dans l’urgence du présent, il s’est agi avant tout d’un engagement. Celui des Rencontres d’Arles auprès des photographes, artistes, commissaires, des partenaires et des institutions avec lesquels le festival a noué des liens si forts depuis de nombreuses années. Loin d’envisager une tabula rasa nous invitant à rompre avec ce temps en suspens induit par la pandémie, il a fallu ensuite réfléchir à actualiser un héritage, celui de l’édition de 2020 construite par Sam Stourdzé autour du thème de la résistance, de cette photographie qui, selon ses mots, « se dresse, s’oppose, dénonce […] ré-enchante ». J’ai souhaité établir la programmation à partir de ces prémisses, en traçant des prolongements, des variations, des échos, de nouvelles complémentarités ou courts-circuits permettant de saisir aussi une intensité, une urgence à ce que les Rencontres d’Arles prennent le pouls de l’état du monde. Si l’horizon n’est pas encore dégagé, si la lumière sera cet été encore tamisée, il faut faire rendre perceptibles les éclats démultipliés saisis par les photographes et artistes invités. Si Pier Paolo Pasolini avait saisi combien la tension entre les puissantes lumières du pouvoir menaçait les lueurs survivantes des contre-pouvoirs, Georges Didi-Huberman nous redonne l’espoir dans la Survivance des lucioles (2009). Il s’agit avec lui de « reconnaître dans la moindre luciole une résistance, une lumière pour toute la pensée ». La photographie continue à émettre des signaux lumineux et à ouvrir l’espace pour de nouveaux modes de résistance. Au cœur de l’été arlésien, cette année sera comme une constellation, faite de mille feux illustrant la diversité des regards, la polyphonie des récits et symbolisant la survivance à travers l’image des espoirs et des prises de conscience. Les lieux choisis pour le festival cette année offriront autant de scènes que d’atmosphères différentes, en résonance avec la diversité de la programmation. Celle-ci investira des lieux historiques et patrimoniaux du centre-ville, l’atelier de la Mécanique au parc des Ateliers, le Monoprix et Croisière, et ira jusqu’à habiter plusieurs jardins de la ville. Au cœur d’Arles, dans l’église des Frères-Prêcheurs, l’Émergence prendra cette année ses nouveaux quartiers avec le Prix Découverte Louis Roederer dans un format repensé. Chaque année, un nouveau ou une nouvelle commissaire d’exposition insufflera dorénavant sa vision des tendances de la jeune création contemporaine. L’édition 2021 a été confiée à Sonia Voss, qui s’appuiera sur un nouveau concept scénographique mettant les projets en dialogue les uns avec les autres. Notre promenade dans les espaces modernistes du bâtiment du Monoprix nous conduira à la découverte d’univers où identité et fluidité se côtoient. Exploration multi-sensorielle avec Désidération de SMITH, qui nous entraîne à la croisée des pratiques, où photographie, narration, fiction et dispositif ne font plus qu’un ; voyage vers un cosmos poétique, qui posera à chacun d’entre nous la question essentielle de notre existence au-delà des genres et des frontières. De même, alors que la pandémie nous amène à nous interroger sur les limites de notre humanité, Puisqu’il fallait tout repenser nous introduira à la scène latino-américaine à travers les pratiques féministes, sondant le corps mais aussi la société sous tous ses aspects. Le questionnement de la représentation est également abordé par l’exposition The New Black Vanguard qui célèbre celle du corps noir dans ses diversités à la croisée de l’hybridation des disciplines entre art, mode et culture. Ces regards multiples sur le monde trouvent par ailleurs un écho dans l’introspection à laquelle se livre Pieter Hugo dans Être présent. Cette mise en lumière de la pratique du portrait nous conduira en divers lieux de la planète, mais nous fera toujours soutenir le « regard de l’autre ». Se tourner vers l’autre, vers des horizons lointains, c’est une autre proposition que nous vous faisons avec la séquence Atlas. Là encore, il s’agit d’une invitation au voyage, ainsi que d’une cartographie aussi bien géographique, historique, sociologique que mentale. Regards venus d’Afrique du Sud, donc, mais aussi du Soudan, du Chili et qui nous transporteront dans le monde entier. Les Rencontres, ce sont aussi des retours sur l’histoire du médium et ses acteurs et actrices. Ainsi, l’ouverture des archives de Charlotte Perriand nous permettra de découvrir que photographie et photomontage ont joué un rôle décisif dans son processus créatif, tant pour son développement esthétique que pour son engagement politique dans les années 1930. Et puis, comment ne pas mentionner Sabine Weiss, qui fête cette année ses 97 ans et dont les œuvres viendront habiter la chapelle des Jésuites du Museon Arlaten, nouveau lieu que les Rencontres investissent cette année. Ce ne sont là que les premières lumières que ces Rencontres d’Arles offriront cet été. Nous vous attendons donc avec la directrice adjointe du festival Aurélie de Lanlay et toute l’équipe pour découvrir ensemble le reste de la programmation dès le 4 juillet à Arles. Photo : SMITH, Sans titre, série Désidération, 2000-2021. Avec l’aimable autorisation de la galerie Les Filles du Calvaire. DatesJuillet 4 (Dimanche) 11 h 00 min - Septembre 26 (Dimanche) 11 h 00 min(GMT-11:00) LieuLes Rencontres d'Arles32, rue du Docteur Fanton 13200 Arles Get Directions CalendrierGoogleCal Marque-page0
L'Invité·e Carte blanche à Marek Gressier (revue FemmesPHOTOgraphes) : Révélations Pour la première carte blanche de notre invité·e singulière, la revue FemmesPHOTOgraphes, c’est Marek Gressier qui prend la plume. Il partage avec ...
L'Invité·e La revue FemmesPHOTOgraphes est notre invitée de la semaine ! Une fois n’est pas coutume, cette semaine nous n’accueillons pas un·e mais plusieurs invité·es. Pour la sortie de leur tout dernier et ...
L'Invité·e Carte blanche à Anaïs Viand : Être femme et indépendante et non parisienne et jeune Pour clore cette carte blanche éditoriale, notre invitée de la semaine, la journaliste et curatrice indépendante Anaïs Viand, saisit cette opportunité offerte ...
Jeu de Paume, le festival : Interview Jeanne Mercier, commissaire, pour une émancipation des imaginaires ! 6 heures ago
Dernier chapitre d’une trilogie familiale, le photographe Pierre-Elie de Pibrac en Israël (Episode 4) 22 janvier 2025
Centre Pompidou Metz : « Après la fin. Cartes pour un autre avenir » vers un sud global émancipé 7 heures ago
« Chaque vie est une histoire », 13 artistes internationaux pour lever le voile au Musée national de l’histoire de l’immigration 4 jours ago
Jeu de Paume, le festival : Interview Jeanne Mercier, commissaire, pour une émancipation des imaginaires !