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Pour sa deuxième carte blanche, notre invitée de la semaine, la directrice de la Galerie Dix9, Hélène Lacharmoise, a choisi de nous emmener à Marseille, pour une courte escapade. La cité phocéenne vous offre une multitude d’activités culturelles en cette rentrée, au moment où le Salon international d’art contemporain ART-O-RAMA inaugure sa 15ème édition. Aujourd’hui, il est question de découvrir l’exposition « For whom the bell tolls (go) » de Camille Fallet présentée dans le cadre du Festival Photo Marseille, au Centre Photographique Marseille jusqu’au 25 septembre.

For whom the bell tolls (go), exposition personnelle de Camille Fallet au Centre Photographique Marseille. Co-produite par le Festival Photo Marseille, dont l’artiste est l’invité d’honneur en 2020.
Entre documentaire et lyrisme, cette exposition dresse un portrait actuel de la ville de Glasgow. Inventaire sensible, architectural et humain réalisé suite à deux résidences organisées par le Centre Photographique Marseille en partenariat avec Street Level Photoworks puis grâce au soutien du CNAP.

Vue exposition For whom the bell tolls (go), Centre Photographique Marseille. © Camille Fallet

Vue exposition For whom the bell tolls (go), Centre Photographique Marseille. © Camille Fallet

Camille Fallet photographie Glasgow à la chambre et dresse un portrait de la ville à travers son histoire, qui est aussi celle du capitalisme mondialisé dans ce qu’il a de plus impersonnel et de plus violent. Il veille à ce que chaque lieu et objet qu’il transcrit le soient comme l’indice le plus exemplaire et le plus éclatant de son esprit. Il représente la ville de Glasgow sous la forme d’un long poème visuel.

Thistles pollinating the wasteland ground, Gray Dunn Biscuit Factory, Kinning Park, Glasgow, 2019. © Camille Fallet

« Si vous regardez Glasgow en vue aérienne, elle vous semblera bombardée » constate Camille Fallet. Elle fut pourtant splendide, riche et puissante sous l’empire victorien. Mais à partir des années 1920, elle s’effondre et s’appauvrit. Après une première tentative par le béton et l’automobile de redessiner sa géographie à la fin des années 70, la ville n’a survécu que par l’ablation de quartiers entiers. Les « merchant building », les « tenements » (immeubles collectifs du XIXe siècle), tout comme les grandes barres brutalistes ont disparu pour un monde du lotissement périphérique en crépi gris. Aujourd’hui, place financière importante, la situation semble s’améliorer tandis que se développe une promotion immobilière qui raffle les nombreuses friches pour trois fois rien.

Footpath on Haghill Road, Glasgow, 2019. © Camille Fallet

Les photographies de Camille Fallet sont des fragments. Les cadrages serrés et l’utilisation de focales longues écrasent les perspectives et densifient les images. Il recourt à de nombreuses variations d’échelles de sujets : paysages, architectures, portraits, mobiliers urbains, objets, gros plans… L’exposition déroule une longue séquence d’images pensée au travers du montage. Celui ci démarre en situant le contexte de Glasgow, ville post-industrielle, parcours le cœur de la ville et finit à sa périphérie. Camille Fallet varie les formats du petit au très large et entrecoupe l’exposition d’œuvres qui rompent formellement avec sa photographie en noir et blanc : diaporama de textes diffusé avec un carrousel, installation vidéo sous forme de totem, cartes postales du début du 20e siècle… L’exposition For whom the bell tolls (go) interroge aussi bien la forme d’une ville que les formes de la photographie.

Ancient public lavatory located in the middle of a commercial area, Gallowgate, Glasgow, 2019. © Camille Fallet

Man waiting for a delivery in front of an old entrance along railway bridge, Dubarton Road, Glasgow, 2019. © Camille Fallet

Diplômé du Royal College of Arts de Londres en 2004 et de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes en 2001, Camille Fallet mène depuis seize ans un travail d’artiste, qui aborde les questions de l’expérience du lieu et de sa transcription sous la forme du documentaire lyrique. J’ai découvert l’oeuvre de Camille Fallet lors de la Biennale de la photographie à la Kunsthalle de Mannheim en 2020, dans l’exposition Walker Evans revisited où ses oeuvres étaient mises en relation directe avec celles de l’un des plus grands de la photographie documentaire.

INFORMATIONS PRATIQUES

sam19jui(jui 19)14 h 00 minsam25sep(sep 25)18 h 00 minFor whom the bell tolls (go)Camille FalletCentre Photographique Marseille, 74 rue de la Joliette 13002 Marseille


https://www.centrephotomarseille.fr/for-whom-the-bell-tolls-go

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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