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Pour sa quatrième et dernière carte blanche, la critique d’art et spécialiste de l’image, de l’art contemporain et de la photographie plasticienne, Dominique Baqué termine avec un billet d’humeur déclenché sur les événements qui se sont déroulés le 15 août dernier, lorsque les Talibans prennent le pouvoir de l’Afghanistan. Les vidéos et les images se succèdent frénétiquement autour d’un peuple menacé qui tente de fuir le pays. Depuis presque 6 mois, l’Afghanistan a sombré dans la famine et la situation des afghans est dramatique, en particulier celle des femmes…

À tort ou à raison, je suis souvent en colère, éthiquement et politiquement.
Mais ma colère s’est enflammée, davantage encore, le 15 août 2021.
Vous souvenez-vous de cette date effroyable ? Elle correspond très exactement à la reprise du pouvoir par les Talibans, en Afghanistan, après le retrait des troupes américaines. CNN a documenté ces images épouvantables de foules d’Afghans s’accrochant désespérément aux ailes des avions en partance pour les États-Unis. Comme un mauvais remake des images de la déroute de Saïgon. Beaucoup sont restés à terre. Ils ne partiront jamais. Les plus menacés par la nouvelle dictature islamiste, ceux qui, notamment, ont « collaboré » avec les Américains et les Européens, se terrent chez eux, craignant les représailles.

 

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Mais le pire concerne les Afghanes. Après une parenthèse de quelques décennies, où elles avaient enfin eu accès à l’éducation et pris goût à une certaine liberté, les voici de nouveau couvertes de l’infâme burqa, tel un linceul, interdites d’éducation et de travail, privées d’Internet et de portables, recluses dans le cercle étouffant du foyer familial. Pour celles qui osaient rêver d’être avocates ou médecins, le glas a sonné. Désormais condamnées aux mariages forcés, et à enfanter, encore et encore.
Les Talibans, dont on appréciera le sens de l’humour et la rapide appropriation des termes du wokisme, avaient promis « un gouvernement inclusif ». Drôle à en pleurer, non ? Évidemment, nulle femme dans ce gouvernement de paysans montagnards illettrés, ignares, mais abrutis par une lecture archaïque du Coran et ne jurant que par la charia. Quant au ministère des Droits de la femme, il a été remplacé par celui du Vice et de la Vertu. Tout un programme…

Woman and Children, Herat, Afghanistan © Marius Arnesen

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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