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Partager Partager Temps de lecture estimé : 6minsPour cette troisième carte blanche, le conservateur des bibliothèques à La contemporaine et co-commisaire de l’exposition consacré à Elie Kagan, Cyril Burté revient sur sa rencontre avec la photographe française Marie-Pierre Dieterlé. Il découvre alors son premier reportage sur le mouvement des sans papiers de 1996 et l’occupation de l’église Saint-Bernard. Elie Kagan est également présent, il y réalise alors son dernier reportage avant de décédé la même année. Cette carte blanche est également l’occasion de revenir sur son travail au long cours sur la cité Gagarine finalisé en 2020 dont l’ouvrage est publié aux éditions Loco en janvier dernier. À Gauche : 10/04/1996Sans solution, les sans-papiers s’installent dans un entrepôt de la SNCF, rue Pajol dans le 18ème arrondissement de ParisÀ droite : 22/05/1996Départ d’une manifestation dans le 18ème pour la régularisation de tous les sans-papiers© Marie-Pierre Dieterlé / Divergence-Images. Acquisition La Contemporaine Je me souviens de Marie-Pierre Dieterlé. Les vernissages, les avant-premières, les rencontres et débats ne sont pas toujours des évènements promotionnels ou institutionnels, obligés et convenus. Ce sont heureusement aussi des instants parfois magiques suspendus, propices à des échanges inattendus. Je me souviens de ma rencontre avec la photographe Marie-Pierre Dieterlé dans une galerie photo du 18e arrondissement, de cette connexion immédiate et ce « coup de foudre amical ». Lors de cette première discussion, d’abord la surprise de découvrir que son premier travail photographique a été consacré en 1996 au mouvement des sans-papiers : elle les a suivis pendant toute cette année, de la Cartoucherie de Vincennes à l’église Saint-Bernard¹. Coïncidence : je travaillais alors sur Elie Kagan, dont la contemporaine conserve le fonds photographique et les archives. Celui-ci a réalisé son dernier reportage en 1996 sur les sans-papiers à Saint-Bernard. À gauche : 07/1996Les sans-papiers ont investi l’église Saint-Bernard dans le 18èmeAu Centre : 23/08/1996Evacuation d’un sans-papier de l’église Saint-BernardÀ droite : 23/08/1996 /Banderole sur l’église Saint-Ambroise, premier lieu occupé par les sans-papiers au début du mouvement.© Marie-Pierre Dieterlé / Divergence-Images. Acquisition La Contemporaine À gauche : 26/06/96Devant la mairie du 18ème qui a été investie par les femmes sans-papiersÀ droite : 28/06/1996Les sans-papiers investissent l’église Saint-Bernard dans le 18ème. Le père Coindé, curé de la paroisse refuse de signer l’ordre de réquisition présenté par la Préfecture.© Marie-Pierre Dieterlé / Divergence-Images. Acquisition La Contemporaine Je me souviens de « Habiter », l’édition 2019 du Festival du Regard à Cergy-Pontoise, où Marie-Pierre était venue présenter ses photographies des derniers habitants de la Cité Gagarine à Ivry-sur-Seine, avant sa démolition. La journée était belle et ensoleillée. Je me souviens de la présence bienveillante d’Annie Ernaux, venue discrètement visiter l’exposition en voisine. Je me souviens de la projection du film Sans toi ni loi en 2020 à Gennevilliers où Marie-Pierre était venue débattre avec les spectateurs du film d’Agnès Varda, portrait sans concession de Mona, une vagabonde « sans domicile fixe » interprétée par Sandrine Bonnaire. Cette œuvre faisait écho à son livre C’est quand demain ? publié en 2010 chez Trans Photographic Press. Marie-Pierre avait photographié pendant trois ans des femmes sans domicile, en attente de logement, circulant de centres d’hébergements en hôtels avec parfois des passages par la rue. Photo d’une robe de mariée prise dans un ancien appartement de la cité Gagarine © Marie-Pierre Dieterlé / Divergence-Images / Editions Loco – Cité Gagarine 1961-2020 Je me souviens du Voyage de Gagarine présenté lors des Journées du patrimoine 2019 à Ivry-sur-Seine. Ce parcours artistique, d’autant plus magique qu’il était éphémère, avait été construit sur sept étages dans 30 appartements vides du bâtiment A de la Cité Gagarine investis par une cinquantaine d’artistes. Dans un appartement du 2e étage Marie-Pierre avait créé l’installation « une brique rouge pour mémoire » qui combinait photographies, objets et projection projection vidéo, et objets glanés dans la cité. La photographe qui a découvert ce lieu en 2009, a animé un atelier photo avec les jeunes du quartier, puis organisé un accompagnement artistique reposant sur des ateliers photographiques avec les derniers résidents – en 2017 subsistaient une centaine de logements occupés sur les 384 de la cité. Une exposition photographique géante sur la façade de l’immeuble en résulta. Aujourd’hui un beau livre-objet Cité Gagarine 1961/2020, publié en 2022 aux éditions Loco, fait œuvre de mémoire. Bintou Doumouya une habitante de la cité Gagarine photographiée dans le logement qu’elle a quitté © Marie-Pierre Dieterlé / Divergence-Images / Editions Loco – Cité Gagarine 1961-2020 Je me souviens de cette première période de confinement en 2020, pendant laquelle nous étions privés de rencontres et de contacts physiques. J’attendais chaque jour les nouvelles virtuelles de Marie-Pierre à travers sa correspondance sous confinement publiée sur Instagram. « Un journal, des mots » confrontait chaque jour ses photographies réalisées à Paris aux textes de Jean-Michel Mila écrits à Aubenas. Fugacité des réseaux sociaux, ce journal n’existe plus sous sa forme originelle mais reste visible sur le compte de Marie-Pierre². Photographe indépendante, Marie-Pierre Dieterlé appartient à l’Association Divergences-Images et collabore régulièrement à la presse française et européenne. Ses projets photographiques personnels au long cours, reposant sur la confiance des personnes photographiées, ont toujours retenu particulièrement mon attention. Elle écrit que son travail « est traversé par les questions de l’exclusion, de la différence et des difficultés qui en découlent pour trouver sa place. [Son] regard vise toujours à valoriser la richesse et l’humanité individuelle plutôt que d’enfermer les sujets dans leur conditions sociales ». Née au Cameroun de parents franco-suisse allemands, elle travaille désormais sur un projet de film en lien avec cette histoire familiale. ¹ Ce reportage fera ultérieurement l’objet d’une acquisition de 25 tirages par La contemporaine, recensée dans le volume 2 de Photographie. Les acquisitions des collections publiques, (catalogue annuel des photographies et des fonds photographiques entrés dans les collections publiques françaises), Le Bec en l’air, 2021 ² https://www.instagram.com/mpdieterle/ INFORMATIONS PRATIQUES Cité Gagarine 1961-2020 Marie-Pierre Dieterlé Editions Loco 2 livrets de 44 pages, 28×22 cm ISBN : 978-2-843140-58-7 30€ http://www.editionsloco.com/Cite-Gagarine-1961-2020-291 Exposition Élie Kagan : La contemporaine - Campus de l’Université Paris Nanterre184, cours Nicole Dreyfus 92 000 Nanterre mer19jan(jan 19)9 h 00 minsam07mai(mai 7)17 h 15 minÉlie Kagan, photographe indépendant (1960-1990)La contemporaine - Campus de l’Université Paris Nanterre, 184, cours Nicole Dreyfus 92 000 Nanterre Détail de l'événementUne exposition-manifeste pour l’ouverture de La contemporaine C’est à Élie Kagan (1928-1999), photographe engagé et formidable archiviste de son époque, que La contemporaine consacre son exposition inaugurale dans le bâtiment conçu Détail de l'événement Une exposition-manifeste pour l’ouverture de La contemporaine C’est à Élie Kagan (1928-1999), photographe engagé et formidable archiviste de son époque, que La contemporaine consacre son exposition inaugurale dans le bâtiment conçu par l’atelier Bruno Gaudin. Cette exposition s’appuie sur plus de 200 000 images -négatifs, tirages, planches contacts et diapositives-, accompagnées d’archives professionnelles, confiées à La contemporaine en 1999 par la famille du photographe. Autodidacte, passionné par le monde social et politique, volontiers provocateur, Élie Kagan fixe sur la pellicule meetings, manifestations, événements culturels, réunions et rassemblements politiques. Sa production constitue une archive historique et visuelle de la vie politique, intellectuelle et culturelle française des années 1960 aux années 1990. Photoreporter engagé, il est de toutes les manifestations d’une époque riche en la matière. Il sera l’un des rares à saisir par l’image les violences policières perpétrées à l’encontre des Algériens dans la nuit du 17 octobre 1961. Exposer un photographe de presse Exposer un photographe de presse indépendant, c’est montrer le quotidien d’un photoreporter des années 1960 aux années 1990 ; mais aussi un matériel photographique marqué par ses usages et ses circulations : magazines, presse, revues, affiches, livres et brochures… Le parcours revient sur les différentes interprétations du travail d’Élie Kagan en s’attachant à sa réception, de la production militante aux photographies investies de revendications mémorielles. Il donne aussi à découvrir une dimension méconnue de son oeuvre. Témoin de son temps, Kagan aime flâner dans Paris, dont il capte les transformations urbaines et sociologiques. C’est un rapport existentiel à la photographie qui se donne alors à voir : une façon de vivre, au jour le jour, porté par les rencontres, les accrocs ou les surprises du quotidien… commissaires de l’exposition Cyril BURTÉ (La contemporaine) et Audrey LEBLANC (EHESS-INA) Photo : Élie Kagan, Manifestation du premier mai : de Nation à Bastille, [des membres du MLF défilent], Paris, 1er mai 1971 DatesJanvier 19 (Mercredi) 20 h 00 min - Mai 7 (Samedi) 4 h 15 min(GMT-11:00) LieuLa contemporaine - Campus de l’Université Paris Nanterre184, cours Nicole Dreyfus 92 000 Nanterre Get Directions CalendrierGoogleCal Favori0
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