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Pour sa première carte blanche, notre invité de la semaine, le photographe et le fondateur des éditions Images Plurielles, Abed Abidat, nous présente les derniers ouvrages publiés dans la Nouvelle Collection Librement initiée en 2020. Le catalogue de cette collection comporte aujourd’hui six livres avant d’être complété par quatre nouvelles publications à venir en avril prochain. Découvrez les 10 ouvrages en question autour de la thématique du voyage…

Pour ce premier coup de cœur, j’aimerais parler de livres et mettre en avant plusieurs photographes avec qui j’ai collaboré dernièrement pour la création d’une collection.
La Nouvelle Collection Librement a été pensée il y a environ 3 ans et s’est concrétisée par la production de 10 titres.
Le premier titre est sorti en octobre 2022, puis cinq autres il y a quelques jours, le 17 mars.

Le fil conducteur de cette collection est le voyage. Chaque photographe a eu l’entière liberté de nous montrer à sa manière, avec son regard ou sa sensibilité, sa technique photographique, sa propre définition du voyage, pour explorer un sujet de société, une situation écologique, un carnet de route ou encore un voyage intérieur.

Aka Zidane

C’est en faisant des recherches de sujets pour cette collection sur le net que j’ai rencontré Michaël Zumstein. Son travail personnel sur les maillots de foot en Afrique était une façon originale et pertinente de parler de conditions de vie sur ce continent. Le livre est sorti juste avant la Coupe du monde très controversée au Qatar.

Le sujet :
« Aka Zidane est un projet photographique réalisé en Afrique. Un état des lieux original révélé grâce au « maillot de foot » porté tous les jours par des milliers de jeunes Africains comme costume de héros contemporain. Amoureux de foot dans mon enfance, photographe en Afrique depuis 15 ans, aujourd’hui, je reconnais les miens : ceux qui portent le maillot et se projettent dans d’autres vies que les leurs.
Des histoires d’hommes et de femmes qui combattent quotidiennement pour travailler, se déplacer, survivre et qui nous disent que d’autres matchs se jouent là-bas. »

Ressac

Grégoire Eloy est un photographe que je connais depuis très longtemps. Nous avions édité son très beau travail photo dans le Caucase, Les oubliés du pipeline. C’était en 2008. Depuis je suis son parcours photographique. Il a reçu le prix Nièpce en 2021.
J’avais envie de travailler à nouveau avec lui et nous avons présenté Ressac.
Pour cet ouvrage, j’ai donné carte blanche à Grégoire pour concevoir l’intérieur du livre. Il a même choisi sa graphiste.

Le sujet :
Entre 2008 et 2013, Grégoire Eloy a réalisé plusieurs voyages en Ouzbékistan et au Kazakhstan afin de partager le quotidien des pêcheurs de la Mer d’Aral, qui a perdu 90% de sa surface depuis les années 1960. Cette catastrophe écologique résulte du plan d’irrigation mis en œuvre à l’époque soviétique pour développer l’agriculture intensive du coton. En 2005, l’achèvement du barrage de Kokaral a permis le retour de l’eau et du poisson dans la partie nord de la mer. Mais toute la partie sud est vouée à disparaître. Avec Ressac, Grégoire Eloy nous livre, en couleur et en noir et blanc, un témoignage visuel sur cette région marquée par l’avancée du désert, où les populations vivent entre mémoire et espoir de l’eau.

Des Roses sous les épines

Oriane Zérah m’avait contacté pour me présenter son sujet sur les afghans et les fleurs. Je ne connaissais pas son travail, mais je lui ai tout de suite répondu que ses portraits pourraient faire parti de la collection. Alice Plane, nous a rejoint pour écrire les textes du livre.

© Oriane Zerah

Le sujet :
La photographe Oriane Zérah partage sa vie entre la France et l’Afghanistan depuis plus de 10 ans, dont six passés à plein temps à Kaboul, où elle réside toujours. Elle est fascinée par le contraste entre la passion que les afghans vouent aux fleurs et la violence qui règne dans le pays : « Chaque maison afghane est décorée de fleurs : en pots, semées dans un jardin, vraies ou artificielles, explique-t-elle. Même les check-points policiers ou militaires sont souvent décorés de fleurs. »
Oriane Zérah a fait de cette relation singulière aux fleurs le fil conducteur de cette étonnante série de portraits, qui offre une vision inhabituelle d’un pays déchiré par la guerre depuis plus de quarante ans : « Ce que mes images veulent montrer, c’est le pouvoir même des roses au-delà de leurs épines », souligne-t-elle. »

Photografrika

Adrien Tache est un voyageur qui photographie. D’ailleurs il s’est formé en Afrique de l’Ouest à l’école de photo mobile de l’Atelier Nomade. C’est à cette période qu’il a réalisé son projet Photografrika, qu’il m’a présenté il y a de cela 3 ans.
Il utilise aussi la technique photo dite « l’Afghan Box », un appareil photo fabriqué maison avec un laboratoire argentique intégré dans la boîte.

Le sujet :
Adrien Tache a parcouru l’Afrique de l’Ouest, de Tanger à Lagos, pour aller à la rencontre des photographes locaux, dont les studios peu à peu disparaissent. Alors que dans les années 1990 Malick Sidibé ou Seydou Keïta furent élevés au rang d’artistes phare, les studiotistes africains d’aujourd’hui ne suscitent plus l’intérêt de l’Occident et leur situation est extrêmement fragile. Pour la plupart autodidactes et équipés d’appareils des années 70/80, ils sont confrontés au coût de plus en plus élevé de l’argentique et à un accès au numérique presque abordable pour les populations (téléphone portable, compact…).
Portraits, extérieur et intérieurs de leurs locaux, suivi lors de reportages… Adrien Tache a capturé le quotidien d’une profession en voie d’extinction.

Scampia non solo Gomorra

J’ai rencontré Olivier Calicis au festival Les nuits photographiques de Pierrevert (04) il y a deux ans. Il présentait ce projet.

Le sujet :
Ce projet photographique sur Velle de Scampia, quartier de Naples rendu célèbre par la série Gomorra, est né de la rencontre du photographe belge Olivier Galicis avec un ancien membre de la Camorra, Davide Cerullo.
Devenu écrivain-éducateur après une longue incarcération, Davide Cerullo s’est énormément investi dans son quartier, où il s’occupe des enfants. Il a ouvert une bibliothèque, une ludothèque et se bat avec quelques autres pour changer l’image véhiculée par la célèbre série télé. « Scampia non solo Gomorra » : Scampia ce n’est pas seulement Gomorra.
Ce quartier est l’un des plus pauvres d’Italie. Pour ceux qui y naissent, la probabilité de dépasser l’âge de 25 ans est de 40%. Le chômage endémique pousse les jeunes à travailler au noir ou – dans la plupart des cas – à prendre part au trafic de drogue : Scampia est considéré comme le plus grand supermarché européen de vente de drogue au détail.

Polas Bénin

Mathieu Do Duc, je le connais pour ainsi dire depuis la création de Images Plurielles. Professeur d’anglais dans un lycée professionnel, aujourd’hui à la retraite, et photographe. J’ai édité avec lui de nombreux projets notamment pour l’édition des coffrets photos.
C’est lui qui m’a fait découvrir la photographie Polaroid avec restitution d’un négatif altéré. Un processus qui permet un rapport privilégié avec les sujets photographiés. On ne fait pas que déclencher l’appareil, on rencontre les autres autour de l’apparition instantanée de l’image, pour partager des moments simples.

Le sujet :
Le Bénin est le berceau du Vaudou et bien des guides et des gens vous diront qu’il faut être extrêmement précautionneux avec la photographie pour ne pas être mal perçu et susciter l’animosité, ne pas créer de malentendu, de malaise, d’incompréhension ! C’est un exercice infiniment délicat et périlleux !
À ce titre, l’appareil “Polaroid” se révèle un allié extraordinaire, miraculeux, et j’ose le dire “magique”. (…) Grâce à lui, j’ai pu partager les originaux avec les protagonistes, leur offrir leur image. (…) Je me souviens d’enfants disparaissant dans la brousse en courant avec la photo, d’un guide imposant le retour sur une île déjà visitée pour donner la photo à une maman, gardienne de l’âme du village du sel, d’une jeune fille se changeant à la hâte de ses habits scolaires et attendant mon passage devant son village après avoir déposé la photo chez elle.
Le fait de pouvoir récupérer par la suite les négatifs, de les avoir retravaillés numériquement pour exposer ce travail relève un peu de la cerise sur le gâteau ou pour rester dans le domaine de la photo “The icing on the cake”. (Extrait du texte de Mathieu Do Duc).

Et aussi 4 autres ouvrages de cette collection sortiront courant avril 2023

Les inattendues
Photographies Jean Paul Olive

Les inattendues ou l’étonnant rendez-vous avec le moment opportun.
Avoir la rue comme champ de vision avec un Leica en laisse, implique nécessairement quelques rencontres. Les fenêtres, cadres propices à la curiosité, sont le point d’orgue de cette quête appelée aussi « street photography ».
Point de précipitation pour une attention particulière. La simple démarche encline à cet exercice, et plusieurs films plus tard vos fenêtres composeront un thème si cher aux amoureux de l’image.

L’abandon des lieux
Photographies Claire Davadie

Mon récit familial a souffert de grands vides et d’un lourd silence. Mais ma généalogie de voyageur m’a bercée de lointains. À travers toutes ces images personnelles ou d’archives familiales et ces cartes patiemment dessinées par mon grand père, j’ai tenté de reconstituer cet outre-mer imaginaire …

Space
Photographies Angélique Boudet

Réalisées dans différents continents, du Brésil au Mexique, de l’Italie à la Finlande, du Limousin à la Provence les images de la photographe Angélique Boudet se marient aux impressions et aux sentiments que la Terre inspire à ses admirateurs, les astronautes et cosmonautes, qui ont pu vivre l’expérience extraordinaire de la contempler depuis l’espace. Tous en sont partis en techniciens et en sont revenus en humanistes.
Un regard d’éveil et de reconnexion et de grandes bouffées d’émotion et d’émerveillement.

Une rue Les enfants
Photographies Abed Abidat

Des voyages à travers le monde. Ici le temps ne compte pas. Peu importe l’origine, les enfants sont rois. C’est à travers des rues étroites, des immeubles dévastés ou des terrains vagues faisant office de rues, des enfants qui jouent, qui vivent ou qui travaillent que le photographe nous balade.

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La Rédaction
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