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Se laisser gagner par la peur au théâtre Michel

Temps de lecture estimé : 3mins

Révélée au Off d’Avignon en 2015, l’adaptation d’ Elodie Menant de la nouvelle de Stefan Zweig « La Peur » continue de tracer sa route et se joue a guichets fermés depuis plusieurs semaine au théâtre Michel à Paris. Bonne pioche pour ouvrir cette nouvelle chronique dédiée aux arts vivants, le résultat étant largement à la hauteur de nos attentes !

Comme souvent chez Zweig il est question de sonder la psyché d’une femme en prise avec son environnement : Marie Antoinette, Marie Stuart, 24 heures de la vie d’une femme, et ici Irène Wagner, bourgeoise de la haute société Viennoise qui trompe son ennui dans une liaison passagère avec un artiste, incarnant cette vie de bohème aux antipodes de son quotidien avec son mari, Fritz, brillant pénaliste qui lui préfère ses dossiers. Jusque là rien de bien extraordinaire, sauf que s’invite un troisième personnage inattendu dans ce triangle amoureux ,la surprenante Elsa qui devient vite l’élément clé de ce huis clos aussi séduisant qu’anxiogène.
A la nervosité du récit initial répondent une rythmique ultra cadencée des acteurs au sommet de leur art et une scénographie astucieuse faite de panneaux amovibles à géométrie variable. Un dispositif où l’intérieur et l’extérieur se mêlent favorisant une collision des temporalités et confusion dans l’esprit du spectateur. Hélène Degy, héroïne malgré elle de l’action, se heurte bientôt à ces cloisons et sa confusion mentale ne cesse de croitre piégée par le véritable chantage moral et financier qu’exerce sur elle Elsa interprétée par Ophélie Marsaud, austère et inflexible maitre chanteuse. Elle avance sur des sables mouvants et perd pied face aux insistances de son mari le stoïque Aliocha Itovich qui se drape dans une posture de vérité de rude épreuve. Un sentiment de traque et d’étouffement la saisit, renforcé par une musique très hitchcockienne. L’on sent d’ailleurs de nombreux clins d’oeil du côté du cinéma avec un suspens qui va crescendo dans cette ambiance transposée dans les 50ies sur fond d’émancipation féminine et de société de consommation. Hélène/Irène va t-elle commettre l’irréparable bientôt victime d’hallucinations récurrentes au bord de la schizophrénie ?
Il lui faudra passer par les différents stades de l’effroi au dénouement final dans une gamme de variations psychologiques étourdissante qui déroute tous nos repères et les codes de la comédie pour basculer dans une semi-tragédie haletante (unité de temps, d’action et de lieu), avec une économie de moyens redoutablement efficace.
Courrez-y c’est pétillant d’intelligence et d’audace !
INFORMATIONS PRATIQUES
Stefan Zweig »La Peur »
Prolongation jusqu’au 30 avril 2017
Théâtre Michel
38, rue des Mathurins
75008 Paris
Billetterie : Tel. 01 42 65 35 02
Jours et horaires :
• jeudi, vendredi et dimanche à 19h
• samedi à 19h15
Attention, le spectacle commençant à 19h précises, il est conseillé de se présenter à partir de 18h30.
http://www.theatre-michel.frTarifs :
• Catégorie 1 : 25€
• Catégorie 2 : 19€
• Rangée OR ( rangs 4 à 8 ) : 29€/32€ (samedis)
Réserver votre billet :
https://indiv.themisweb.fr

La Bande Annonce :

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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