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Journées européennes des métiers d’art : Rencontre avec Sandrine Roudeix

Temps de lecture estimé : 6mins

Rencontre avec Sandrine Roudeix, photographe et écrivain qui après la publication de son troisième roman « Diane dans le miroir » au Mercure de France sur le destin de Diane Arbus est partie à la rencontre des 13 ambassadeurs des Journées européennes des métiers d’art (JEMA) 2017 autour du thème « savoir-faire du lien ».

« Assumer la richesse de ce que l’on est »

9 lives : Quel a été l’accueil réservé par les 13 ambassadeurs de cette campagne « savoir faire du lien » ?
Sandrine Roudeix : L’accueil a été chaleureux et humain, fidèle à l’esprit de “liens” développé cette année par l’Institut National des Métiers d’Art (INMA) dans le cadre des JEMA. Une fois la logistique convenue ensemble, chaque ambassadeur a eu à coeur de me faire découvrir sa ville et son activité avec beaucoup de générosité. Etant novice dans le domaine des métiers d’art, tous m’ont ouvert la porte de leur atelier avec passion, revenant aussi sur leur choix de vie et leurs parcours. Un partage d’expériences qui m’a enrichie professionnellement mais aussi personnellement et j’ai d’ailleurs gardé contact avec un certain nombre d’entre eux que je compte bien revoir !

L’accueil a été chaleureux et humain, fidèle à l’esprit de “liens” développé cette année aux JEMA. Une fois la logistique convenue ensemble, ils sont eu à coeur de me faire découvrir leur ville et leur activité avec beaucoup de générosité. Etant novice dans le domaine des métiers d’art, ils m’ont ouvert la porte de leur atelier avec passion et fougue, revenant aussi sur leur choix de vie et leurs parcours. Un partage d’expériences qui m’a enrichie professionnellement mais aussi personnellement et j’ai d’ailleurs gardé contact avec un certain nombre d’entre eux que je compte bien revoir !

M : Comment avez vous cherché à apporter une valeur ajoutée à cette commande au départ ?
S. R. : L’INMA m’avait au départ commandé des portraits photos et de courts textes d’accompagnement, mais en passant du temps avec ces ambassadeurs aux quatre coins de la France (contrairement à l’année dernière où cela se déroulait à Paris), je me suis vite rendu compte qu’il y avait beaucoup plus à raconter, et notamment la dimension humaine. En plus du portrait et du reportage dans leur atelier et tandis que nous prenions le temps de faire connaissance, je leur ai alors demandé ce que signifiait pour eux “savoir-faire du lien”. En tant que romancière convaincue du pouvoir abracadabrant des mots, je savais que confronter les réponses des uns et des autres en fonction de leur personnalité, de leur métier et de leur territoire serait d’une grande richesse. Et que cette petite phrase donnerait un “supplément d’âme” aux photos !

M : Revenons sur l’image pleine de pudeur et d’émotion de Paulina Okurowska, mosaïste à Nantes
S. R. : Notre premier échange a été amusant, puisque ses indications pour que nous nous reconnaissions à la gare étaient « Je porterai des collants verts et un chapeau marron ! ». Tout en me promenant du château des Ducs de Bretagne aux quartiers modernes de Nantes, elle m’a raconté son parcours et m’a tout de suite conquise ! Polonaise débarquée à Paris quand elle était petite, elle a fait des études artistiques et est rapidement devenue mosaïste. Mais il lui manquait quelque chose. Une séparation amoureuse lui donne envie de changer d’air et c’est au hasard d’une soirée chez des amis (qui lui apprennent que Nantes est la ville de France où il fait le mieux vivre !) qu’elle décide de s’y installer. Elle s’y sent tout de suite comme un poisson dans l’eau et y découvre l’ardoise, typique de la région, qu’elle ne connaissait pas. C’est le coup de foudre ! Et le déclic pour se développer et se faire connaître. Comme quoi, le hasard fait bien les choses.

M : Ces rencontres vous donnent-elles des inspirations futures en matière d’écriture ?
S. R. : En général je ne mélange pas mes 2 volets de création : la photographie et l’écriture. Or cette année j’ai enfreint la règle. Cette thématique élargie m’interpellait parce que cela répond à mon travail personnel sur l’identité, la plupart de mes romans traitant de la famille et des choix de vie. Dès le début j’ai proposé à JEMA d’écrire mes impressions autour de ces rencontres et de fil en aiguille ces petits textes au départ dédiés aux réseaux sociaux ont donné prétexte à un vrai beau livre qui sortira et une exposition texte/images qui aura lieu au Yellow Korner. Plus personnellement il est certain que cette expérience m’a nourri pour de futurs personnages romanesques. J’écris en général sur les petites gens, les gens de province, les Monsieur et Madame tout le monde, sans être du tout péjoratif au contraire et cela m’a donné des idées sur des prochains métiers, des prochains héros. Une de mes prochaines héroïnes sera sans doute plumassière, un autre sera forgeron. Cela m’a donné une vraie matière humaine.

Jusqu’à présent, je ne mélangeais pas mes deux moyens d’expression : la photographie et l’écriture. Il est difficile d’avoir plusieurs casquettes en France où l’on pense que faire plusieurs choses revient à ne rien faire. Mais c’est aussi de ma faute : je me cloisonnais moi-même. Et puis, j’ai publié mon dernier roman sur la photographe Diane Arbus en 2015 (qui voulait être romancière…) et j’ai décidé d’assumer la richesse de ce que j’étais. Une force. Pas un défaut. Lorsque l’INMA m’a parlé de ce projet, j’ai immédiatement été emballée car il me permettait d’aller à la rencontre d’hommes et de femmes qui ont choisi d’être eux-mêmes. Que ce soit mes photos ou mes romans, tout mon travail tourne autour de la question de l’identité. Au début, j’ai donc proposé d’accompagner mes images de billets d’humeur, mais ce que je vivais était tellement fort que j’avais du mal à me limiter à quelques lignes. De là sont nés ces textes plus longs, et, grâce au hasard encore, ce projet d’exposition de photos et de mots au coeur de la Galerie YellowKorner face à Beaubourg. Littérairement, il est certain que cette expérience m’a nourrie et donné des idées pour de futurs personnages ! Une de mes prochaines héroïnes sera peut-être plumassière ou vitrailliste, qui sait ?

INFORMATIONS PRATIQUES
Journées Européennes des Métiers d’art
31 mars, 1er et 2 avril 2017
« savoir(-)faire du lien »
http://www.journeesdesmetiersdart.fr/

Exposition Yellow Korner, Paris 4è
du 29 mars au 9 avril
http://www.sandrine-roudeix.com/
http://www.sandrine-roudeix.com/ecrivain/diane-dans-le-miroir/


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01262
Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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