Temps de lecture estimé : 8mins

Charleroi est une ville marquée dans sa chair par les grandes heures de son passé industriel minier et de la trilogie : charbon, verre et acier. Il est indispensable de commencer par découvrir le site du Bois du Cazier à 15mns de la gare pour mieux comprendre à quel point cette histoire marque les paysages et les consciences. Site à ciel ouvert et mémorial, il abrite également le Musée du verre. Le Musée de la photographie, fondé par des passionnés de mémoire industrielle au départ, retrace également cette traversée patrimoniale de l’image jusqu’à ses problématiques actuelles.

Berceau de la BD Belge, la ville offre de plus des parcours thématiques: art déco avec l’Hôtel de Ville et son Beffroi et art contemporain : le street-art s’inscrit partout tandis que le BPS22 dans son bâtiment industriel néoclassique expose les artistes belges et internationaux les plus pointus comme actuellement l’américain Banks Violet représenté par les puissantes galeries : Rodolphe Janssen (Bruxelles), Gladstone Gallery (New York, Bruxelles, Séoul), Galerie Thaddaeus Ropac (Londres, Paris, Salzbourg, Séoul) et Maureen Paley (Londres). Enfin, pour les amateurs de nature et de randonnées plusieurs balades sont proposées aux environs de Charleroi.

Le Bois du Cazier : la mémoire à l’œuvre

Inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO avec les trois autres sites miniers majeurs de Wallonie, le Bois du Cazier illustre la mémoire, la condition et l’immigration ouvrières. La présence sur le site des musées de l’Industrie et du Verre achève de faire du Bois du Cazier une vitrine du savoir-faire humain, de ses réussites mais aussi de ses dérives…

La tragédie du Bois du Cazier est la plus grande catastrophe industrielle de Belgique.

Mémorial et mur du souvenir

Au rez-de-chaussée de la recette, le Mémorial est un lieu de recueillement rendant hommage aux 262 victimes de l’accident. Les portraits accompagnés d’une illustration sonore remettent non seulement un visage sur des noms mais aussi, à sa juste place, le drame vécu par les familles. Par des plaques commémoratives, le Mur du Souvenir témoigne d’une mémoire qui ne s’estompe pas.

Révélations : l’exposition

« Révélations », une expo qui lève le voile sur la procédure d’identification des victimes restées inconnues de la catastrophe du 8 août 1956. Un travail inédit, un témoignage puissant d’humanité et d’émotions capté par l’œil photographique de Denis Gauvain.

Parmi les 262 victimes de la catastrophe du 8 août 1956, la grande majorité avait pu être identifiée à l’époque. Les autres, restées inconnues, avaient été inhumées en la pelouse d’honneur du cimetière de Marcinelle. À la requête de Michele Cicoca, des démarches inédites ont été entamées pour obtenir l’autorisation d’exhumer les dépouilles. Il s’agissait de reprendre une procédure initiée en 1956 au lendemain du drame, en s’appuyant sur les techniques scientifiques actuelles, dont l’ADN.

Une longue procédure et un bel hommage rendu ainsi aux victimes de la tragédie en conclusion à la volonté inébranlable d’un homme, Michel Cicora, en quête éternelle d’un père.

Musée de l’industrie

C’est ce monde en pleine transformation que le Musée de l’Industrie fait revivre. Dans l’ancienne salle des pendus, un programme scénographié retrace l’histoire des principaux secteurs d’activités du sillon industriel Haine- Sambre-et-Meuse, avec l’appui des principales pièces de collections de l’ancien musée de l’Industrie de Marchienne-au- Pont. Les anciennes douches, les pointeuses sont des témoignages vibrants.

Musée du verre : une tradition wallonne

Le Musée du Verre de Charleroi présente une spécificité toute particulière en Wallonie. Son architecture ouverte sur l’extérieur, associée à une volonté de respect de l’existant, se joue des transparences, de l’éclat du verre et participe à la cohérence d’intégration au site. Un nouvel écrin pour le Musée du Verre qui y développe ses projets et activités depuis 2007.

De l’Antiquité à nos jours

Prenant place dans l’ancienne lampisterie sur 400m², cet espace muséal consacré au verre présente le verre dans ses aspects techniques, des pièces datant de la plus haute antiquité au début du XXe siècle et, enfin, des œuvres contemporaines en liaison avec les technologies de pointe.

Actuellement exposition de Chantal Delporte « Signaux silencieux »

Grâce aux qualités intrinsèques du verre, elle fige ces moments du vivant dans l’éternité, elle fige l’éphémère de l’instant dans l’éternité de la matière. Elle révèle la richesse esthétique, organique, symbolique et sensorielle des arbres et elle nous transporte dans son imaginaire. Elle nous raconte l’histoire du temps long, de l’évolution… de notre relation à la nature.

Le Musée des Beaux-arts

Situé dans les anciennes écuries de la Caserne de Gendarmerie tout près de l’emblématique bâtiment de Jean Nouvel : l’Hôtel de Police, le Musée des Beaux-Arts retrace les grands courants de la scène artistique belge au 19è et 20ème siècles, tels que le néo-classicisme, réalisme, réalisme social, l’impressionnisme, l’expressionnisme, le surréalisme, l’abstraction. Parmi les artistes incontournables citons : François-Joseph Navez, Pierre Paulus que l’on retrouve au musée de l’industrie, le sculpteur Constantin Meunier, le peintre français Maximilien Luce, René Magritte.. et parmi les artistes plus récents Jo Delahaut en ce qui concerne l’abstraction.

Actuellement exposition « Le sport est un art »

Dans cette exposition, l’objectif est de mettre en avant la thématique du sport, source de challenge pour de nombreux artistes à travers le monde, appartenant à différents courants artistiques. L’accent est également mis sur la vie économique, sociétale et politique qui a influencé cette production artistique.

Deux parcours s’entrecroisent dans l’exposition.

Le premier parcours est consacré à l’art.

Un fil chronologique permet de traverser des mouvements et des thématiques emblématiques de l’histoire de l’art grâce à une sélection de peintures, de sculptures, d’affiches, de photographies, d’assemblages, d’installations, d’artistes tels que Françoise-Joseph Navez, Jef Lambeaux, Anto Carte, Théo Van Rysselbergh, Muybridge, Auguste Donnay, André Lhote, Marcel Baugniet, Mig Quinet, Marcel Mariën, Arman, Pol Bury,…

Le second parcours est composé d’alcôves racontant l’histoire de certaines disciplines sportives.

L’histoire du sport à Charleroi est riche en effet. Des événements sportifs marquants sont identifiés ; des grands champions de la région sont mis à l’honneur.

En lien avec le parcours « beaux-arts » et les périodes abordées au travers de celui-ci, six disciplines sont développées dans ce parcours : le cyclisme, le jeu de balle, la boxe, les sports automobiles, le football et le basketball.

Sunday Times, Nicole de Lamargé en Pierre Cardin, 1966 © Peter Knapp

Le Musée de la photographie, Centre d’art contemporain de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Situé dans l’ancien carmel de Mont-sur-Marchienne, il est aujourd’hui le plus vaste et un des plus importants musées de la photographie en Europe (6000 m²), avec une collection de 100 000 photographies dont plus de 800 en exposition permanente et la conservation de 1,5 million de négatifs. Son directeur Xavier Canonne qui a su remarquablement agrandir et développer cet ensemble, contribuer à son rayonnement, m’a reçu à l’occasion des nouvelles expositions : du photographe suisse Peter Knapp, belge Thomas Chable, américain Elliot Ross, de la Galerie du Soir avec Natalie Malisse et Camille Seilles (Belgique) et de la Boîte Noire avec Ingel Vaikla (Estonie). Une traversée de l’histoire de la photographie et des enjeux de l’image tout à fait passionnante.

BPS22 Musée d’art de la Province de Hainaut © Leslie Artamonow

Broken screen, 2008. Courtesy Maureen Paley, Londres. Photo Leslie Artamonow

Le BPS22

Depuis sa création, en 2000, d’abord comme espace de création contemporaine et à partir de 2015, comme Musée, le BPS22 se positionne comme l’un des pionniers du développement culturel de Charleroi.

Le principe fondateur de l’action du BPS22 est l’élévation sociale par l’accession à la culture, considérée comme une forme « d’approfondissement de la démocratie ».

Banks Violette, enfant terrible de l’art contemporain y fait son retour avec une quarantaine d’oeuvres magistrales !

Interview à suivre de Pierre-Olivier Rollin, directeur du BPS22 qui en retrace les temps forts et expositions internationales marquantes à l’heure où Bruxelles n’avait pas encore le rayonnement actuel, le Wiels n’existait pas et les galeries n’étaient pas aussi nombreuses.

Alors, ne vous laissez décourager par le côté rugueux et insolite de cette ville de prime abord, elle a beaucoup à offrir !

INFOS PRATIQUES :
– Musée de l’Industrie et Mémorial du Bois du Cazier
https://www.leboisducazier.be/
– Musée du Verre
https://charleroi-museum.be/musee-du-verre/
– Musée des Beaux-arts :
• Le sport est un art
– Musée de la Photographie :
• Peter Knapp
• Thomas Chable
• Elliot Ross
https://www.museephoto.be/fr
• La Galerie du Soir, Natalie Malisse et Camille Seilles
• Boîte Noire, Ingel Vaikla
– BPS22 :
• Banks Violette
Banks Violette | BPS22

Ensemble de l’offre culturelle : https://charleroi-museum.be/

Organiser votre visite :
https://www.charleroi.be/
https://visitwallonia.be/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

You may also like

En voir plus dans Actu Art Contemporain