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Nous avions interviewé Marine Van Schoonbeck en 2020 à l’origine de l’association Thanks for Nothing aux côtés de 4 femmes de l’art : Anne-Sarah Benichou, Blanche de Lestrange, Anaïs de Senneville et Charlotte von Stotzingen engagées autour de projets culturels et solidaires, l’ADN de ce projet. Préfiguration de La Collective, futur centre de création et de solidarité au sein du programme de Saint-Vincent-de-Paul, inauguration d’une première exposition internationale pensée par la commissaire Ilaria Conti autour de la scène d’Amérique latine, nouveau programme de résidences (avec le soutien de SAM Art Projects) : telles sont les actualités et réalisations de toute l’équipe. L’occasion de faire le point avec Marine qui nous dévoile les contours de ce cycle de programme hors les murs de La Collective.

Marine Van Schooneek © Florian Perlot

Comment se traduisent la philosophie et vision culturelle solidaire de Thanks for Nothing ?

Il y a déjà près de 7 ans, notre groupe de femmes toutes professionnelles du monde de l’art, a décidé de créer une plateforme pour faire la synthèse entre notre passion pour l’art et un engagement solidaire que nous portions à titre personnel. Notre but était de créer un lien entre le monde de l’art et l’engagement. Nous nous sommes rendu compte que notre implication associative pouvait bénéficier des réseaux et de la visibilité du monde de l’art.

Aujourd’hui, Thanks for Nothing organise plus d’une 10aine de projets par an, et a soutenu près de 60 associations. 50 institutions culturelles partenaires et plus de 600 000 personnes touchées, grâce à des projets artistiques et solidaires innovants dans 3 domaines ; la solidarité et les droits humains, l’accès à l’éducation et la protection de l’environnement.

Demain, Thanks for Nothing continuera de faire rayonner sa volonté de créer une culture plus engagée grâce à La Collective, un nouveau centre de création et de solidarité au cœur de Paris. La Collective reflétera la richesse du collectif constitué par les acteurs culturels et solidaires impliqués dans le projet : Emmaüs Solidarité, La Loge et Thanks for Nothing.

Expositions, résidences d’artistes, parcours d’œuvres extérieurs, conférences, festivals, concerts, spectacles, ateliers de co-création, visites pédagogiques… La programmation du futur centre de création et de solidarité, dans la continuité de l’identité de ses fondateurs, sera solidaire, pluridisciplinaire et tournée vers la création internationale.

Où en est le chantier de La Collective ?

La Collective s’inscrit au coeur du projet de Saint-Vincent-de-Paul, un programme immobilier à très grande échelle de reconversion de l’ancien hôpital du même nom, situé dans le 14ème arrondissement de Paris.

Le futur centre de création et de solidarité se déploiera sur plus de 3500m2 pour devenir l’un des équipements culturels majeurs de la Rive Gauche à l’horizon 2028. Actuellement les différents corps de métiers impliqués dans le projet poursuivent les études de conception, dans la perspective d’un démarrage des travaux fin 2025.

Bâtiment Denfert depuis l’avenue Denfert-Rochereau © Armand Nouvet.

La première exposition internationale pensée par la commissaire invitée Ilaria Conti, en soutien à l’association AQUAVERDE : genèse et choix pour cette association

Impatientes de commencer à développer la programmation de La Collective, nous avons décidé dès cette année d’amorcer la préfiguration de son futur centre de création et de solidarité. Cette programmation « hors les murs » a pour ambition de rendre compte des pratiques artistiques engagées de la scène internationale.

Seba Calfuqueo, Water mirror (Miroir d’eau), 2024. Courtesy de l’artiste

L’exposition Resilient Currents: On Communal Re-Existence inaugure ce cycle.

Pensée par la commissaire indépendante Ilaria Conti depuis plus de 3 ans, l’exposition met en lumière des pratiques pluridisciplinaires de l’Abya Yala. C’est un terme Kuna (groupe amérindien du Panama et du nord de la Colombie) pour désigner l’Amérique centrale et du Sud en tant que constellation d’espaces souverains non-coloniaux ou décoloniaux.

Comme l’indique la commissaire Ilaria Conti : « L’exposition se penche sur les méthodologies de travail employées par les artistes présenté·e·s, qui reconnaissent l’urgence de pratiquer des formes d’action politique, sociale, affective et spirituelle constitutives d’un réseau de relations éthiques. Refusant les limites des systèmes de pensées coloniaux, les artistes honorent la pluralité des mondes qu’un tel engagement envers la notion de communal engendre ».

Parmi les artistes et collectifs qui participent à l’exposition, nous sommes heureuses de présenter des pratiques très variées d’artistes parfois très reconnus en Amérique latine mais encore peu visibles sur le continent européen et également d’offrir une tribune d’expression à des artistes encore émergents. Nous avons également fait le choix de soutenir activement les artistes grâce à des commandes in situ. Cela pose aussi la question de la responsabilité d’une organisation culturelle. Nous préférons soutenir les artistes dans la production d’une nouvelle oeuvre quand cela est possible, tout en évitant des transports internationaux coûteux et peu écologiques.

L’exposition sera accompagnée d’une riche programmation de conférences, projections, performances, visites guidées à destination de publics éloignés du monde de l’art. Il y aura notamment un talk organisé à la Maison de l’Amérique Latine le mardi 19 mars avec la commissaire Ilaria Conti, Anne Husson (directrice culturelle de la Maison de l’Amérique Latine) et Grecia Morel (Directrice du département Amérique latine de l’IESA) et le Collectif Ayllu (présenté dans l’exposition).

Enfin et comme pour tous nos projets, un volet solidaire est pensé par Thanks for Nothing.

Premièrement, nous avons invité l’association AQUAVERDE dont nous mettons en valeur l’engagement depuis plus de 20 ans + texte sur l’association.

Deuxièmement, l’exposition est gratuite et accessible à tous. Cette politique d’ouverture est renforcée par la mise en place de visites pédagogiques à destination des scolaires, en grande majorité venant de quartiers prioritaires de la Ville – de la maternelle aux universités – et des bénéficiaires d’associations de terrain. Grâce à notre réseau, nous organisons plus de 25 visites à destination de ces publics, pour lesquelles notre équipe assure également la médiation.

Regina José Galindo, Ríos de gente -still-, 2021. Courtesy of the artist

Le nouveau programme de résidences avec Sam Art Project : enjeux

En parallèle de l’inauguration de l’exposition Resilient Currents: On Communal Re-Existence, Thanks for Nothing inaugure son premier programme de résidences. Grâce au soutien de SAM Art Projects, association fondée par Sandra Hegedüs, nous accueillons dès le mois de mars l’artiste brésilienne transgenre Efe Godoy.

Au travers de nombreux médiums tels que le dessin, la vidéo, la peinture et la performance, Efe Godoy explore l’hybridation sous toutes ses formes et retrace ses souvenirs d’enfance. Elle tente, de manière simple, d’interagir sur les réseaux sociaux en réduisant les espaces intimes entre la vie et l’art.

Cette résidence de 3 mois sera suivie d’une exposition de son travail à partir du mois d’avril au Drawing Lab, partenaire du projet. Efe Godoy s’engage également dans un programme solidaire grâce à l’organisation d’un atelier de création d’une œuvre dans l’espace public, avec l’école maternelle Maurice Ripoche, située dans le 14ème arrondissement de Paris, avec le soutien de la Mairie d’arrondissement.

Thanks for Nothing participe à plusieurs foires : pourquoi ? En quoi est-ce important pour vous ?

Notre organisation collabore depuis 2021 avec ASIA NOW. En 2023, à l’invitation de sa directrice Alexandra Fain et de sa Directrice artistique Kathy Alliou,Thanks for Nothing a programmé un atelier collaboratif et pédagogique, ainsi que 5 tables rondes pour valoriser les pratiques engagées de la scène asiatique.

En mettant en lumière une variété de pratiques individuelles et collectives, les intervenant·e·s ont permis de souligner la diversité artistique régionale, les approches curatoriales novatrices et l’engagement social au sein de la scène asiatique.

Là encore, il s’agit pour nous de mettre en valeur les scènes artistiques internationales engagées et les projets qui y existent, sur le même modèle que Thanks for Nothing.

LES EXPOSITIONS EN COURS ET À VENIR :
Resilient Currents: On Communal Re-Existence
21 mars – 25 avril 2024, Centre d’expositions F O R M A
Efe Godoy
25 avril – 15 juin 2024, Drawing Lab
Thanks for Nothing
9 rue Mansart
Paris 75009

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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