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La sixième édition du Prix Women In Motion pour la photographie soutenu par le groupe Kering vient de récompenser la photographe japonaise, Ishiuchi Miyako. À l’occasion des prochaines Rencontres d’Arles, nous aurons l’occasion de découvrir son travail dans le cadre d’une grande exposition monographique présentée en collaboration avec le festival Kyotographie. Cette année, les Rencontres d’Arles offrent au public un focus spécial sur le japon au travers de plusieurs expositions personnelles et également l’exposition « Quelle joie de vous voir » qui réunit 25 photographes japonaises des années 1950 à nos jours…

Portrait d’Ishiuchi Miyako

Le sujet de la représentation des femmes est présent de façon subtile mais puissante dans l’œuvre d’Ishiuchi Miyako. Elle critique notamment la chosification des femmes en s’emparant du corps féminin pour en faire le sujet de son art. Ses clichés célèbrent les imperfections, les cicatrices et l’âge, par opposition aux canons de la beauté tels que représentés dans les médias grand public. En présentant des scènes intimes, Ishiuchi Miyako invite les spectateurs à s’interroger sur leur propre perception de la féminité, du féminin et de la place des femmes.

Ishiuchi Miyako. ひろしま/hiroshima #37F donor: Harada, A., Avec l’aimable autorisation de l’artiste / The Third Gallery Aya.

À travers des projets tels que ひろしま/hiroshima et Mother’s, elle s’attaque au passé du Japon en temps de guerre, et à son impact sur les individus, en particulier sur les femmes qui sont généralement ignorées dans les récits historiques. Au cœur de sa pratique artistique, Ishiuchi Miyako incarne les principes de l’émancipation des femmes en prônant leur autonomie et une meilleure représentativité. Au fil de ses photographies, elle ne cesse de susciter un dialogue autour du genre, de la culture et de la mémoire dans la société d’aujourd’hui. En 2023, dans le cadre de son partenariat avec le festival international de photographie Kyotographie, Kering avait soutenu l’exposition Views through my window, un dialogue entre Ishiuchi Miyako et Yuhki Touyama.

Née dans le district de Gunma au Japon en 1947, Ishiuchi Miyako grandit à Yokosuka dans le district de Kanagawa. En 1979, elle remporte le 4ème Prix Kimura Ihei pour ses travaux Apartment. En 2005, elle représente le Japon à la Biennale de Venise avec sa série Mother’s, une série de clichés représentant des objets hérités de sa défunte mère. L’année 2007 marque le début de sa série ひろしま/hiroshima, une série d’images d’objets ayant appartenu aux victimes de la bombe atomique (hibakusha), qui lui vaudra une renommée internationale. En 2013, elle obtient la Médaille honorifique du Japon au ruban pourpre, puis en 2014, le Prix international de la Fondation Hasselblad (considéré comme le « Prix Nobel de la photographie »). Expositions récentes d’Ishiuchi Miyako : Postwar Shadows (J. Paul Getty Museum, Los Angeles, 2015), Grain and Image (Musée d’Art de Yokohama, 2017), Ishiuchi Miyako (Each Modern, Taiwan, 2022), Ishiuchi Miyako (Stills, Édimbourg, Royaume-Uni, 2022), et l’exposition collective Roppongi Crossing (Musée d’art Mori, Tokyo, 2022). Son livre de photographies Frida : Love and Pain (Iwanami Shoten) a été publié en 2016. Les travaux d’Ishiuchi Miyako sont exposés dans les collections permanentes du Musée national d’Art moderne de Tokyo, du Musée métropolitain de photographie de Tokyo, du Musée d’Art de Yokohama, du Museum of Modern Art de New York, du J. Paul Getty Museum et de la Tate Modern.

Women In Motion LAB

Kawauchi Rinko. Sans titre, série the eyes, the ears, 2002-2004. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Aperture.

Pour sa troisième édition, le Women In Motion LAB mettra en lumière les femmes photographes japonaises. Première exposition collective étant consacrée à leur histoire en France, Quelle joie de vous voir, Photographes Japonaises des Années 1950 à nos Jours présente les œuvres de vingt-cinq photographes dont Rinko Kawuchi, Yurie Nagashima, Kunié Sugiura, Tokuko Ushioda et Eiko Yamazawa. Curatée par Lesley A. Martin, Mariko Takeuchi et Pauline Vermare et produite par Aperture et Les Rencontres d’Arles. Cet accrochage se tiendra au Palais de l’Archevêché à Arles. Il s’accompagnera de la publication de l’ouvrage Femmes Photographes Japonaises des Années 1950 à nos Jours dirigé par Lesley A. Martin et Pauline Vermare, avec Carrie Cushman, Kellie Midori McCormick, et Mariko Takeuchi.
Le premier projet soutenu par le ce programme a permis de financer des recherches ayant mené à la publication d’une œuvre de référence : Une histoire mondiale des femmes photographes.

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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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