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Alors que le MO.CO. avait présenté la démarche de l’artiste Laura Garcia-Karras dans l’exposition chorale Immortelle et suivi son travail depuis sa découverte à POUSH-Clichy, elle déploie sur le site de la Panacée toute l’amplitude de son geste de peintre. Si le motif est floral, il ne s’agit pas d’une peinture de fleurs. Il est prétexte à une explosion de couleurs entre figuration et abstraction de l’ordre du charnel et de l’instinctif. Entre découpe au scalpel chirurgicale et maturation de jus de peintures, le geste est conduit par des forces centrifuges opérantes. Comme « des jardins des abysses » déclare l’artiste.

Le titre inspiré du latin suggère une ambivalence entre résistance et invasion. Une œuvre monumentale au plafond a été pensée comme le point d’orgue de l’ensemble. Laura Garcia-Karras retrace les différentes étapes de la résidence et les possibilités offertes par ce nouveau format d’exposition. Rétive à toute forme d’enferment, elle se laisse guider par l’immédiateté et la surprise, chacun étant libre ensuite d’interpréter à son tour.

Laura, que vous a permis ce temps de résidence de 4 mois ?

D’une part cela permet de rester concentré sur le travail. C’est à la fois un temps long et relativement express dans un atelier dont la dimension offrait une large amplitude. J’ai au final, produit une cinquantaine de toiles. J’ai été dans deux ateliers à la fois à l’Esba puis chez Aperto où plusieurs œuvres ont été finalisées. Ce changement m’a permis de vérifier mes capacités d’adaptation.

Vous faisiez partie de l’exposition Immortelle : qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Cela a été très positif et cela arrivait à un moment clé et intime de mon existence que je ne vais pas révéler ici.

Laura Garcia-Karras, Vue de l’exposition PERENNIAL Production MO.CO. Montpellier Contemporain Courtesy Laura Garcia-Karras © Adagp, Paris, 2024

Comment avez-vous imaginé le parcours avec les commissaires ?

Il m’est toujours difficile de prévoir, j’avance comme la peinture me l’impose. Elle prend véritablement possession de moi. Dès le départ je voulais faire le plafonnier et organiser un parcours autour de l’importance du regard avec une certaine physicalité dans l’accrochage impliquant le corps du visiteur. Les curatrices ont su m’accompagner et lire dans mon langage qui reste singulier et relativement instinctif. Elles ont su être à l’écoute de mes désirs que j’ai appris également à mieux conceptualiser.

Le choix du titre

Il a donné lieu à une vraie discussion. Du latin « vivace et durable » c’est à la fois de l’ordre du résistant et l’envahissement. Des phénomènes contradictoires que l’on retrouve dans ma peinture entre aspiration et rejet, séduction et répulsion. Cela traduit une forme d’ambiguïté que je recherche.

L’importance du geste

J’ai été en exercice de peinture jusqu’en 2012 puis je me suis mise véritablement en action tout en écoutant de la musique minimaliste et répétitive ce qui a permis l’émergence d’une bibliothèque formelle dans des rapports à la fois plastiques, sensoriels et sensuels. Les pièces du puzzle s’assemblent au fur et à mesure.
L’image n’est qu’un véhicule pour accéder à un langage sacré.

Les choix des couleurs

Cela répond à une forme d’immédiateté et d’urgence. Alors que j’avais eu recours à 4 gammes chromatiques différentes lors de ma dernière exposition personnelle Rosebud à la galerie Paris B, j’avais besoin d’élargir les possibles. De plus la dimension du MO.CO Panacée me permettait de créer une cohérence dans l’accrochage entre les vides et les pleins.

La peau de la peinture : qu’est-ce que cette expression suggère ?

Je travaille avec de la peinture à l’huile et sans repentir il n’y a qu’une trame ce qui est éprouvant physiquement. Comme un passage sur la peau. Tout est fait au pinceau et non à la bombe. Cela est visible quand on se rapproche de plus près. La découpe au scalpel et le détournement des formes avec du scotch rejouent les gestes du peintre.

L’importance des jus

Ils sont récupérés pour générer une autre séquence dans l’exposition qui s’est imposée lors de mon dernier temps de résidence, un peu comme les abysses de l’ensemble.

Le plafonnier s’intitule Honneur : qu’est-ce que cela suggère ?

Il s’agit d’un hommage à Vincent Honoré en premier lieu. C’est aussi un réceptacle de déclarations et clins d’œil à des amis artistes qui m’accompagnent dans mon travail. La proposition serait plutôt adaptée à un point de vue dominant alors qu’il faut au contraire lever la tête pour pouvoir l’identifier. La lecture est volontairement laissée ouverte à l’interprétation de chacun. Je ne cherche nullement à cadrer le regard. L’image du plafonnier apparait avec toute l’empreinte des jus, l’émergence des figures et la structure du squelette de la peinture. Tout finit par se confondre.

A noter qu’en parallèle et pour prolonger, le MO.CO. propose « Parade, une scène française la collection Laurent Dumas » sous le commissariat d’Eric de Chassey avec une attention toute particulière à la scène hexagonale et à la peinture.

INFOS PRATIQUES :
PERENNIAL, Laura Garcia-Karras
Jusqu’au 12 janvier 2025
MO.CO.
13 Rue de la République
34000 Montpellier
https://www.moco.art/fr/exposition/parade-une-scene-francaise-collection-laurent-dumas

Parade, une scène française – Collection Laurent Dumas
DÉFAILLANCE DÉSIR, Aurélien Potier
Retrouvez toute la programmation de la saison :
https://www.moco.art/sites/default/files/2024-10/PROGRAMME_AUTOMNE-2024_MOCO.pdf

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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