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Après une annonce abrupte au début de l’été de l’arrêt de la galerie Le Réverbère après 43 ans d’activité, nous avons décidé de rendre un hommage particulier au travail de Catherine Derioz et Jacques Damez. Nous avons interrogé leurs photographes, dans l’ordre chronologique de leur arrivée à la galerie. Cette semaine, nous touchons à la fin de ce partage de témoignages. Aujourd’hui, voici notre rencontre avec Géraldine Lay, représentée par Le Réverbère depuis presque 20 ans. Elle revient sur cette aventure photographique et se confie sur l’arrêt de cette institution qu’était la galerie lyonnaise.

Série Failles ordinaires
Marie, 2004
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

Série Failles ordinaires
Helsinki, Finlance, 2006
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

Ericka Weidmann : Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Catherine et Jacques et comment avez-vous intégré la galerie ?

Géraldine Lay : J’ai d’abord rencontré Jacques avant de rencontrer Catherine ; étudiante en première année à la faculté de Lyon, j’ai découvert la photographie et le cinéma à travers certains cours magistraux. Je suivais un double cursus en Sciences du langage – Culture et Communication. Rapidement passionnée par la photographie, j’ai suivi en candidate libre les cours de 2ème année donnés par Jacques. Puis j’ai poussé la porte de la galerie et j’ai rencontré Catherine.

Lorsque j’ai bifurqué en Histoire de l’Art, Jacques a accepté d’être mon tuteur pour ma maîtrise en photographie contemporaine en 1994. La photographie n’existait pas en Histoire de l’Art mais mon professeur de peinture du XVIIème avait accepté à condition que je trouve quelqu’un capable de me suivre. J’avais choisi trois artistes de la galerie à l’étude : Yves Rozet, Arièle Bonzon et Jacques Damez.
Puis j’ai quitté Lyon en intégrant l’École Nationale de la Photographie d’Arles en 1995.

Plus tard, c’est sans me prévenir, qu’ils sont allés voir ma première exposition, Un mince vernis de réalité, que nous présentions avec Céline Clanet, François Deladerrière et Geoffroy Mathieu, à la galerie Madé à Paris (Madé, un autre compagnon de longue date). Ils m’ont alors proposé de participer au projet Les Pépinières du Réverbère. Je me vois encore décrocher le téléphone du bureau, je travaillais déjà aux Éditions Actes Sud, et les écouter, émue. Nous étions en 2005. Je n’en revenais pas !

Série North End
Glasgow, 2009
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

Série North End
Manchester, 2014
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

Série North End
Londres, 2015
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

Série North End
Londres, 2015
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

E. W. : Que représente pour vous cette collaboration ?

G. L.: Cette complicité a pris différentes formes comme vous avez pu le lire dans mon introduction et elle m’a aidé à développer ma photographie avec une grande liberté de parole. Notre échange, avec justesse et rigueur, m’a permis de ne pas me laisser aller à certaines facilités.

Nous avons toujours eu beaucoup de discussions sur les différentes séries que j’ai réalisées en 20 ans ; ils font partie de ceux qui voient mes travaux en cours et m’aident dans la sélection. Ils m’ont soutenu dans mes projets au long cours, et ont toujours relu mes dossiers de candidatures, etc… C’est Catherine qui a décidé de déposer un dossier de soutien à l’Institut français + Ville de Lyon en 2017 lorsque je lui ai parlé de mon envie de repartir au Japon par exemple, puis ensuite un dossier pour l’aide à la première exposition au Cnap en 2022. C’est énorme ce travail de suivi à nos côtés et n’oublions pas de citer celui des assistants, Laure Abouaf, présente, elle aussi depuis longtemps, Loïc Xavier et plus récemment Lise Lemonnier. C’est peut-être cette perte là que l’on ne mesure pas encore. Je partage mon temps entre deux métiers et ce n’est pas toujours évident de garder le cap pour ne pas se noyer dans les urgences de l’édition. C’était aussi une sorte de rempart.

Je dois aussi citer la préface écrite par Jacques pour ma première monographie Failles ordinaires publiée chez Actes Sud en 2012. Je reviens régulièrement à ce texte lorsque je dois parler de mon travail.

Série Far East
Kyoto, 2017
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

Série Far East
Beppu, 2018
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

Série Far East
Kyoto, 2018
Toei Kyoto art center, 2018
© Géraldine Lay / Courtesy Le Réverbère

E. W. : Comment voyez-vous la suite, sans Le Réverbère ?

G. L.: Je ne le sais pas encore ; c’est une sacrée page qui se tourne. Mais je sais que nous poursuivrons nos échanges car c’est une amitié en plus d’une complicité ; donc tout ne s’arrête pas non plus. Ces cinq dernières années, notre collaboration a été intense avec le projet du Japon et j’espère poursuivre sur ce rythme.
Ces liens sont aussi ceux tissés avec d’autres artistes de la galerie, qui là non plus ne vont pas se défaire du jour au lendemain ; tout comme certains collectionneurs avec lesquels nos rencontres, notamment lors des repas d’après vernissage, nous ont permis de créer des liens.

E. W. : Cherchez-vous une autre galerie pour vous représenter (ou avez-vous déjà trouvé) ? Si oui, que recherchez-vous dans une collaboration avec une galerie ?

G. L.: Oui, bien sûr. Catherine nous accompagne d’ailleurs dans ses recherches. Être représentée par une galerie, c’est une relation à construire. Ce sera une histoire forcément différente, nouvelle et donc surprenante ! Je vois cela comme un nouveau chapitre à écrire dans le partage tout autant artistique qu’intellectuel.

INFORMATIONS PRATIQUES

ven20sep(sep 20)14 h 00 minsam28déc(déc 28)19 h 00 minHistoire(s) sans finExposition collectiveGalerie Le Réverbère, 38 rue Burdeau 69001 Lyon

A LIRE
Galeries photo : des fermetures en cascade…
La fin d’une utopie. Rencontre avec Catherine Derioz et Jacques Damez de la Galerie Le Réverbère
Géraldine Lay, éditrice pour la Photographie et l’Art contemporain aux Éditions Actes Sud, est notre invitée

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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