Art Antwerp 2024 : Maurice Verbaet Gallery « Masters of Antwerp », Interview Sibylle Cosyn, directrice

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A l’occasion de la 4ème édition d’Art Antwerp, « Masters of Antwerp » proposée par Maurice Verbaet Gallery (Anvers, Bruxelles, Knokke-Le-Zoute) rassemble des signatures artistiques historiques et contemporaines, illustrant l’héritage de la créativité qui définit la cité flamande. Une occasion rare de découvrir l’étendue des talents anversois en lien avec l’identité de la collection et galerie Maurice Verbaet. Sibyllle Cosyn, directrice, rencontrée à FAB Paris, nous dévoile le contenu du stand à la fois historique et contemporain et revient sur l’ADN de la collection qui avait été exposée en France au LAAC de Dunkerque.

En 2025 la galerie ouvrira un espace à Bruxelles tout proche du WIELS, dans le nouvel écosystème désormais incontournable : Espace Constantin Chariot, Fondation A, Galila’s P.O.C…dont elle nous décrit les contours.

Avec « Masters of Antwerp » : quels enjeux, quels partis pris ?

Divisée en deux chapitres, « Masters of Antwerp » offre aux visiteurs un aperçu à la fois du passé récent et du présent de la scène artistique dynamique d’Anvers.

L’exposition présente des œuvres d’artistes renommés qui ont marqué la seconde moitié du XXe siècle. Ces artistes, tous originaires d’Anvers, ont joué un rôle essentiel dans le rayonnement de l’identité artistique de la ville – et de la Belgique – et leurs œuvres reflètent le paysage créatif dynamique et évolutif de l’après-guerre. Citons notamment Vic Gentils (1919-1997), René Guiette (1893-1976), Pol Mara (1920-1998), Paul Van Hoeydonck (1925), Guy Vandenbranden (1926-2014), Wout Vercammen (1938-2018) et Marc Verstockt (1930-2014).

Le stand met également en lumière un jeune talent contemporain, Micha Baudenelle. Né le 27 novembre 1972 à Anvers, Micha Baudenelle a grandi dans les rues animées du quartier de ‘t Kiel, et a découvert très tôt sa passion pour l’art comme moyen d’explorer son monde intérieur et de raconter ses histoires personnelles. Dès l’âge de 15 ans, il a également trouvé un exutoire dans la musique, en organisant des festivals de musique avec son frère et en embrassant l’énergie brute du monde psychédélique et punk. Les œuvres de Micha sont un collage d’images avec : des photographies (faites par lui-même ou non), des photos de films, des peintures ou tout ce qu’il rencontre où qu’il aille, du moment que cela s’intègre dans son histoire. Ses sujets sont aussi divers que ses sources d’inspiration, allant de la philosophie et de la religion à des scènes de la vie quotidienne et à des débats éthiques. Mais sous l’humour qui imprègne souvent son travail, se cache souvent une réflexion plus profonde sur les atrocités de l’humanité. Pour Micha, l’art est plus qu’une simple expérience visuelle : c’est un moyen d’explorer et d’équilibrer la tension entre ses sentiments contradictoires. Avec sa perspective unique et sa créativité illimitée, Micha Baudenelle est un artiste qui invite le spectateur à se laisser inspirer et surprendre par la complexité de la vie.

Penchons-nous sur René Guiette

Artiste anversois né en 1893, véritable autodidacte, il commence sa carrière d’artiste après la guerre. Il était très avant-gardiste et avait fait construire sa maison par Le Corbusier à Anvers, en 1926 ce qui était révolutionnaire à l’époque. Cela reste la seule maison de l’architecte en Belgique qui a pu être sauvée de la destruction dans les années 1960 pour être classée patrimoine de l’Unesco aujourd’hui. Guiette a connu plusieurs styles. Au départ il adopte la tendance cubiste pour évoluer ensuite aller vers l’art brut aux côtés de Dubuffet qu’il côtoie à Paris. Cet ensemble d’œuvres date des années 1950 autour du traitement de la matière. Les œuvres sur papier calque sont exceptionnelles et révèlent son intérêt pour l’art africain.

Pol Mara, De jonge vrouw in de bleu jurk , 1969 signé et daté – au dos, Galerie Maurice Verbaet

Pol Mara et le Pop version belge

Pol Mara qui est l’artiste Pop le plus connu, en tous cas en Belgique. Il se forme à l’académie d’Anvers et commence comme graphiste. Il met en scène les stéréotypes féminins tout en revendiquant une version personnelle du pop. Il est l’un des membres fondateurs du groupe G58 à Anvers.

Il reflète l’éclairage singulier de la Belgique face au Pop.

MICHA, The wealth’s shackled burden, 2023, courtesy the artist, Maurice Verbaet Gallery

Retour sur l’exposition et le catalogue « Belgitudes, 50 ans de passion du collectionneur Maurice Verbaet »

J’étais la commissaire de cette exposition au LAAC de Dunkerque avec Hanna Alkema. L’exposition s’organisait autour de 4 grandes parties qui sont comme un reflet de la collection. Nous avions une salle dédiée au pop (Evelyne Axel, Pol Mara, Louis Marie Londot..), à l’abstraction géométrique (Paul Van Hoeydonck, Pol Bury…) la figuration (Fred Bervoets, Roger Raveel..) et enfin la matière (Vic Gentils, Marc Mendelson) avec des œuvres Cobra. A l’extérieur nous avions placé une belle œuvre de Tapta.

Quelles ont été les expositions de la collection ?

La toute première a eu lieu au musée d’Ixelles en 2010 avec les œuvres d’avant-guerre. C’est après que Maurice Verbaet a décidé de vendre les œuvres d’avant-guerre pour se concentrer sur les œuvres des années 1945 à 1975.

Vous êtes à la fois une galerie et une collection

Nous sommes en effet une galerie très atypique avec cette collection qui demande beaucoup d’attention en continu. Une équipe d’une dizaine de personnes est entièrement dédiée à ce travail, avec en plus des personnes externes qui font de la recherche. Nous avons une personne dédiée à l’œuvre de Jean Rustin, de même pour Piere Célice et Tapta. Nous avons notre propre service de restauration et de menuiserie, ce qui nous permet de faire nos encadrements.

L’ouverture en 2025 à Bruxelles

Nos bureaux, les ateliers et le dépôt sont à Anvers où l’on est en train de créer un lieu de réception et d’exposition. Nous allons ouvrir un grand lieu en 2025 à Bruxelles, avenue Van Volxem. Le quartier est très intéressant et idéalement situé près du WIELS avec encore de grands espaces. Nous serons dans une ancienne ferronnerie de plus de 700m2, ce qui ouvrira un nouveau chapitre très stimulant.

INFOS PRATIQUES :
Art Anvers, 4ème édition
Du 13 au 15 décembre 2024
Jan van Rijswijcklaan 191
2020 Antwerp
Prix : 20€
https://www.art-antwerp.com/en

À la galerie :
www.maurieceverbaetknokke.com