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Le Pavillon Populaire explore les années sombres du nazisme

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L’exposition a ouvert au début de l’été au Pavillon Populaire de Montpellier. Gille Mora, directeur artistique et Alain Sayag, curateur, nous plongent dans l’une des pires périodes de l’histoire. Il ne vous reste que quelques jours, jusqu’au 23 septembre pour découvrir « Un Dictateur en Images » et « Regards Sur les Ghettos ».

Le Pavillon Populaire consacre sa programmation 2018 à l’Histoire. Comment donc ne pas évoquer ces années sombres du nazisme. Le premier volet de l’exposition est consacré aux photographies d’Heinrich Hoffmann, photographe officiel d’Adolf Hitler, déconstruit le dispositif de propagande par l’image mis en oeuvre par l’administration nazie en Allemagne entre 1933 et 1945. Démontrant comment la figure d’Hitler a pu être mise en scène pour s’imposer à tout un peuple, il rappelle que les photographies du dictateur, montrées comme documents d’archive dans les livres d’histoire, ont été conçues et doivent être appréhendées comme des outils de propagande.  Le second volet, proposé par le Mémorial de la Shoah, présente plusieurs séries de photographies des ghettos de Pologne. Prises par des inconnus – soldats, fonctionnaires ou captifs des ghettos – ces images sans « filtre » dressent  un constat glacial de la réalité, illustrant de manière quasi-clinique un des résultats les plus sordides de la propagande dont l’exposition a, dans un premier lieu, démontré les ressorts.

Un Dictateur en Images

Tout l’enjeu de cette exposition est de montrer comment Heinrich Hoffmann, qui n’a occupé aucun poste officiel, a-t-il pu jouer à travers son activité de photographe un rôle de premier plan dans la propagande du régime nazi ?

Examiner ce corpus bien particulier nous contraint à une certaine neutralité, mais est-ce possible face à une figure historique qui incarne le mal absolu ? Cela dit, c’est l’ennui qui est ici le danger principal. L’ennui face à ces milliers d’images de facture plutôt médiocre de défilés, de réceptions, de foules, de remises de décorations ou de réunions d’État-major. Ennui qui masque l’essentiel qui, lui, n’est ni représenté ni représentable, et que Hoffmann se garde bien de photographier.
C’est pourtant bien ces images qu’il faut analyser attentivement. Celles qui ont fait d’un bohème raté, d’un déclassé qui mène à Vienne avant la Première Guerre mondiale une existence obscure et famélique, l’homme qui décide en 1933 de la politique mondiale et devient l’objet de la fascination de tout un peuple.

Hoffmann se veut en quelque sorte transparent par rapport à « l’objet » qu’il photographie, il n’est, dit-il, qu’« un outil » entre les mains du tribun. Ultérieurement, ce sera, bien sûr, une stratégie pour s’exonérer de toute responsabilité, mais cela ne doit pas masquer le fait que le maître d’oeuvre n’est pas le photographe mais plutôt le photographié.

– Alain Sayag

Regards Sur les Ghettos

Cette partie de l’exposition est une adaptation de celle présentée au Mémorial de la Shoah en 2013. Durant la Seconde Guerre mondiale, les ghettos créés par les nazis dans les villes d’Europe orientale attirent non seulement les photographes travaillant pour les services de propagande national-socialiste, mais aussi un certain nombre de « touristes » des troupes d’occupation. Il convient donc de distinguer « photographies officielles », souvent mises en scène, et celles qui sont prises au « hasard ». Cependant, toutes baignent dans la même atmosphère, participant plus ou moins consciemment des mêmes stéréotypes.

Les photographes juifs, eux, essaient de restituer, malgré toutes les contraintes, l’image d’une société qui tente de préserver une certaine normalité. Dès septembre 1939, les juifs allemands ne peuvent plus posséder d’appareils photographiques, mesure étendue rapidement à tous les ghettos. Les photographes travaillant pour l’administration juive, les « judenrat », reçoivent l’ordre de « ne prendre aucun cliché à des fins privées ».  Mais pour les plus notables d’entre-eux, comme George Kadish (1910-1997) ou Mendel Grossman (1913-1945), il s’agissait d’« une mission historique de communiquer des images de ces terribles évènements… aux générations à venir ».

Cette exposition, reprise à partir d’une partie des documents rassemblés par le Mémorial de  la Shoah en 2013, n’a pas l’ambition de dérouler l’histoire du ghetto. Elle nous présente un miroir où se croisent les perspectives portées par chacun de ces regards photographiques particuliers sur les Juifs d’Europe orientale, quelques instants avant leur disparition.

L’exposition présente près de 150 photographies peu connues des ghettos. Issues de plusieurs collections réparties en Europe, en Amérique du Nord ou en Israël, elles ont été prises dans différents ghettos (plus de 400 ghettos existèrent). Elles retracent l’histoire de ce que furent l’enfermement et la mort lente de plusieurs centaines de milliers de Juifs, de 1939 à 1944.

– Jacques Fredj, Directeur du Mémorial de la Shoah

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