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Partager Partager L'ActuNewsPhoto La Maison de la Photographie demande à la Région de suspendre le projet d’Institut La Rédaction17 octobre 2018 Temps de lecture estimé : 7minsSuite à l’annonce, en juillet 2017, du projet d’ouverture d’un Institut consacré à la photographe dans la région Hauts-de-France, nous apprenions il y a plusieurs semaines qu’il serait installé à Lille. La Maison de la Photographie, basée dans la capitale régionale, est membre du comité d’experts du projet elle vient de publier un communiqué pour demander sa suspension ! Voici le communiqué rédigé par Olivier Spillebout, directeur de la Maison de la Photographie à Lille : En juillet 2017, Xavier Bertrand, Président de la région Hauts-de-France, a annoncé à Arles son grand projet d’Institut pour la Photographie ainsi que son souhait d’associer à son “Comité d’experts” la Maison de la Photographie de Lille, le Centre Régional de la Photographie de Douchy-les-mines, et Diaphane à Beauvais. En juillet 2018, Xavier Bertrand a invité Martine Aubry, Maire de Lille, à présenter avec lui à Arles le contenu du projet et sa localisation dans le quartier du Vieux-Lille. ● Le Comité d’Experts n’est pas consulté : Plus d’un an après les premières annonces, la Maison de la Photographie regrette de constater que le Comité d’Experts auquel elle a participé, ne s’est réuni que 4 fois, et qu’il n’a en fait un rôle ni de consultation, ni de conseil, ni de décision de ce projet d’Institut à plus de 22 millions d’euros de la Région (10 millions d’investissement, et 3 millions par an en fonctionnement sur le mandat régional). L’avis de ce comité n’a été sollicité ni sur le bien-fondé de l’idée d’Institut, ni sur sa localisation, ni sur son champ d’action, alors qu’il était censé être complémentaire aux projets existants des acteurs du territoire. ● “Arles à Lille” n’est pas une bonne idée : Arles est l’un des plus beaux évènements internationaux, très identifié à son territoire, à tel point que le nom seul de la ville est devenu une référence internationale photographique. Mais le fait de positionner les Rencontres d’Arles au Conseil d’Administration de l’Institut crée une confusion dans le paysage national : Arles ne peut pas en même temps incarner Lille et le territoire des Hauts-de-France. Lille ne doit pas devenir une “filiale” d’Arles. “Arles à Lille”, cela semble également condescendant par rapport aux structures et festival existant : citons les Transphotographiques, qui sont capables de présenter les plus grands artistes, dans les plus beaux lieux du patrimoine local, avec des moyens pourtant sans comparaison. Le territoire du Nord-Pas-de-Calais (maintenant des Hauts-de-France) a cette capacité de proposer un événement équivalent à Arles s’il était soutenu à juste hauteur. Il faut faire confiance aux ressources du territoire. ● Le projet d’Institut actuel manque d’ambition : En juillet 2017, avait été annoncée partout dans la presse la recherche d’un lieu de 5 à 6000 m² dans la Région. En juillet 2018, la presse révèle que le site choisi s’étend en réalité sur 3600 m², et sera situé à Lille, avec seulement 1500m² de surfaces réservés aux expositions. La Maison Photo estime que le lieu retenu est trop petit et manque d’ambition pour un institut de dimension européenne qui se veut une référence et répondre aux problématiques d’exposition, de la conservation et d’archivage. Il manque d’ambition aussi par rapport à ce que les acteurs de la photographie pouvaient en attendre. Au regard de l’investissement envisagé, un site de 5 à 6000m² était un minimum, avec des volumes comme les Ateliers SNCF d’Arles, que l’on peut trouver à Roubaix ou à Fives-Cail par exemple. 1500 m² pour les expositions c’est très peu quand on sait que la Maison de la Photographie propose déjà 1100 m². ● La localisation à Lille est un mauvais choix : La Ville de Lille bénéficie déjà de la Maison de la Photographie et également du Tri postal utilisé ponctuellement pour les Transphotographiques. La Métropole offre de nombreuses options d’accueil pour l’Institut, comme la Plaine-Image à Tourcoing, le quartier de la Piscine à Roubaix ou encore dans le patrimoine de Loos. La Région dispose de territoires à redynamiser comme le bassin minier par exemple avec Denain et d’autres lieux. Dans ce contexte en choisissant de nouveau Lille, il devient difficile de défendre l’égalité et l’irrigation des territoires de la Région, en rejetant simultanément ces propositions. Sauf si la disparition de la Maison de la photographie faisait partie d’une quelconque stratégie, il n’y a pas de sens à déséquilibrer encore plus l’offre en arts visuels entre Lille et le territoire régional. En tous cas, il semble évident que cet Institut aurait pu être localisé sur plusieurs sites plus pertinents qu’à Lille. La méthode d’initiation de ce grand projet interroge largement : ● La Région peut-elle être transparente sur les études qui lui ont permis de fonder le projet et sa localisation lilloise ? Si ce projet sur la conservation est réellement d’envergure nationale, alors en quoi la Région Hauts-de-France a-t’elle légitimité à l’initier sur ses fonds ? ● Pourquoi le projet, au regard de son ambition nationale et européenne, ne se fait-il pas en lien étroit avec les structures de conservation du patrimoine national, dans l’esprit de la Loi Patrimoine, et avec le soutien de l’Etat? ● Comment a été arbitré ce choix d’investir tant d’argent public dans une nouvelle structure, plutôt que coordonner et conforter le réseau des structures et musées existants ? ● Pourquoi ne pas avoir consulté et associé à la réflexion les acteurs reconnus de la Photographie en France, au-delà du seul directeur actuel des Rencontres d’Arles, et ne pas avoir rendues transparentes les conclusions de cette analyse ? Peut-on connaître l’avis des conservateurs du patrimoine, des directeurs de musées nationaux, des commissaires d’exposition, des artistes, des propriétaires de fonds ? ● Pourquoi écarter tous les acteurs régionaux des réflexions, du Conseil d’Administration et de l’équipe de l’Institut ? Pourquoi ne pas avoir présenté le projet et dialogué en amont avec les acteurs du territoire, dans notre territoire, plutôt qu’à Arles ? ● Quelle place est réservée dans le projet pour les artistes et photographes régionaux ? Pourquoi ne pas entendre les idées exprimées par la Maison de la Photographie, qui depuis plus de deux ans, propose une véritable valorisation des artistes issus des Hauts-de-France, en envoyant chaque année à Arles une sélection de photographes, comme la Région le fait pour le théâtre en soutenant les compagnies régionales à Avignon. ● Pourquoi promettre de soutenir l’existant et de le conforter, alors qu’il n’en est rien en réalité pour la pérennité de la Maison de la Photographie? Aussi la Maison de la Photographie s’interroge sur le fond comme sur la méthode, qui conduisent à dépenser autant d’argent public pour un projet situé totalement en dehors du réseau national de la conservation, et en dehors de tout ancrage artistique régional. Elle demande à la Région de suspendre le projet de l’Institut, pour prendre le temps d’élargir l’expertise à des commissaires, artistes, directeurs de collections et de fonds, au niveau régional, national et international. L’organisation d’une consultation transparente permettra de nourrir le projet des contributions de chacun. Ce travail permettrait également d’étudier les complémentarités et la place de chaque structure existante dans un réseau d’acteurs dédiés à la photographie en France et en Région et de rendre l’ensemble de ces choix culturels lisibles, cohérents, et respectueux de la dépense publique. La Maison de la Photographie a déjà contacté plusieurs experts régionaux, nationaux et internationaux de la Photographie, qui seraient intéressés et honorés de contribuer à cette démarche participative, et seraient d’accord pour intégrer le comité d’experts. Il semble à la Maison Photo qu’il est de sa responsabilité d’acteur œuvrant depuis plus de 20 ans sur le territoire comme de son rôle d’expert, de poser toutes ces questions, et de ne pas laisser l’arbitraire et le politique guider les choix culturels pour les citoyens. La Maison de la Photographie, et ceux qui la soutiennent, défendent la culture, l’accès à la culture pour tous, l’éducation à l’image : une culture populaire et accessible. Ils travaillent ensemble pour la promotion de la photographie régionale, nationale, européenne et internationale, et contre la précarisation culturelle des quartiers, comme des artistes. http://maisonphoto.com A LIRE : L’Institut pour la Photographie lance son premier événement cet automne Favori1
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