EvénementsL'ActuPhoto

Zone I : Un labyrinthe fondateur

Temps de lecture estimé : 6mins

A bien regarder le film de Mat Jacob sur l’édification du labyrinthe de Jean Philippe Mauchien, et le générique, on s’aperçoit que ce projet devenu oeuvre, Land Art, est avant tout une oeuvre collective parce qu’elle est issue de la participation d’un collectivité soudée, organisée, qui a su mobiliser les énergies des territoires et convaincre pour exister, essaimer, produire un retour du collectif en Art comme un processus créatif sociétal, galvanisant les participations, les différentes couches de cette société, à commencer par le tissu des bénévoles, les politiques, les instances administratives et bien sur, toute la communauté des amis, artistes, peintres, photographes, éditeurs, et structures, du festival les Promenades Photographiques de Vendôme, au collectif de photographes Tendance Floue, La Souris sur le Gâteau, la Région Centre-Val de Loire, la Mairie, la SAIF.

Ceci n’est en rien anecdotique, une même volonté a animé les différents contributeurs assemblés ici autour de la réalisation d’un projet conséquent, construire un labyrinthe à partir de portes et fenêtres récupérées (800) dans ce territoire qui fait de nouveau sens autour d’un centre un peu magique, ayant agrégé énergies et travail. C’est une oeuvre encore une fois collective qui assemble, non seulement cette matière pauvre des rebuts, mais tout un processus social convergent vers l’établissement d’un lien citoyen autour d’un projet artistique. Il est singulier de fait qu’un centre symbolique contigu en soit né, formalisant un emblématique partage, et sans doute si on va un peu plus loin une forme de recomposition du tissu social faisant converger vers ce centre hypothétique les énergies positives de la Terre et du Ciel, du temps intérieur, du centre, dont l’énigmatique puits où reposent les morceaux d’un miroir brisé, symbole de nos fragmentations intimes. C’est un premier effet créatif du projet. À noter, réalisation architecturée qui assemble sur plusieurs niveaux des éléments de re-composition de soi et de l’autre, du Nous comme du Je, tu, ils…

Le film de Mat Jacob est fait de plusieurs moments, dont celle de la construction en Timelaps de ces trois mois de construction, des soleils percalisants et des fatigues musculaires, assis sur une belle photographie documentaire habitée , en noir et blanc, ce qui donne à cet évènement, cette création un statut voyageur . Le film s’envole au dessus du moulin comme un peu de cet esprit d’un Jacques Demy, léger, euphorisant, chantant, enchanteur, égrainant dans son orbe, les preuves d’une foi a vouloir construire, à travers ce projet un peu fou, un peu plus de la communauté humaine réconciliée …

Jean Philippe Mauchien a su par ce labyrinthe restituer une part de l’acte magique qui fonde toute communauté pour la dé-cliver de ces temps politiques insatisfaisants, nauséeux, où les idéologies sont assez ostracisantes et génératrices de peurs, de replis paranoïaques pour l’ouvrir au sens d’un acte poétique, ( même fait de bric et de broc, en apparence pas sérieux, ) et générer des liens fondamentalement positifs et contributifs, le sens du don de soi et les échanges qui en découlent…afin qu’une forme de vie sociale puisse enrichir chacun dans un retour heureux à une communauté plus pacifiée, plus harmonieuse, loin des idéologies. La part secrète et magique du labyrinthe est cette souris sur le gâteau donnée en plus des gestes qui l’ont permise.

Jean Philippe Machine s’explique de cette création dans l’interview et Mat complète par la sienne, les tenants et aboutissements de cette pièce de Land Art, d’Arte Povera aussi, de rêves partagés et nourriciers. La part du roi donc si l’on en croit l’étymologie….

INFORMATIONS PRATIQUES
Le labyrinthe de Zone I
Jean Philippe Mauchien
Moulin de la Fontaine
41100 Thoré-La-Rochette
Ouvert tous les week-ends de 14h à 18 du 21 septembre au 27 octobre et du 21 au 27 octobre ouvert tous les jours !
https://www.zone-i.org

A LIRE
Inauguration de Zone I, Rencontre avec Monica Santos et Mat Jacob
Mónica Santos et Mat Jacob, co-fondateurs de la Zone I, sont nos invités

Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

    You may also like

    En voir plus dans Evénements