L'Invité·e

Carte blanche à Anne de Mondenard : Histoire de clichés

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Pour sa quatrième et dernière carte blanche, notre invitée de la semaine, la conservatrice en chef du patrimoine, responsable des collections photographiques et images numériques du Musée Carnavalet, Anne de Mondenard, partage avec nous ses questionnements sur la ou les personnes qui se cachent derrière les portraits de Picasso dans ses mises en scène du début du XXème siècle…

Je réfléchissais à ce que je pouvais encore partager avec vous et ma fille m’a demandé quel artiste j’aurai aimé interroger afin de résoudre des énigmes soulevées par mes recherches ? Il y a en effet une question que j’aurai aimé poser à Pablo Picasso (tant qu’à faire…) : qui était derrière l’appareil photo à chaque fois qu’il se mettait en scène, au début du 20e siècle, quels complices avait-il donc choisis pour déclencher ?

Il y a quelques années, à l’invitation de Laurent Le Bon, président du musée Picasso à Paris, je me suis en effet lancée, avec la complicité de Violette Andrés, dans l’exploration du fonds de photographies de ce musée : les tirages figurant dans les archives du peintre et des acquisitions. J’ai tout de suite été intriguée par les portraits du début du 20e siècle, tous identifiés comme des autoportraits. Cette affirmation ne va pourtant pas de soi. Il faudrait imaginer Picasso actionner à distance un appareil qui n’avait pas l’air d’être équipé d’un déclencheur souple ou alors qu’il utilise un retardateur sans rien déranger entre deux poses. Rien qu’en observant le désordre à ses pieds on ne peut envisager une telle gymnastique. La variété des formats des images suppose aussi l’utilisation de plusieurs appareils – en possédait-il autant ? Je suis au contraire persuadée que Picasso a fait appel à des proches pour ces séances de poses. Il était d’ailleurs admis que Braque et le peintre espagnol s’étaient mutuellement photographiés au cours d’une rencontre. Mais aucun nom n’est envisagé pour des images prises dans un cadre plus intime. Est-ce vraiment incongru d’imaginer que ses compagnes et modèles aient pu déclencher, à savoir Fernande Olivier et Olga Khokhlova, alors même que cette dernière possédait un appareil photo avant sa rencontre avec Picasso ? Les clichés ont la vie dure.

La Rédaction
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