L'Invité·e

Carte blanche à Julien Mignot : Le Studio

Temps de lecture estimé : 10mins

Pour sa première carte blanche, notre invité de la semaine, le photographe français Julien Mignot, nous dévoile les coulisses de J’adore ce que vous faites! Studio situé passage Dubail dans le 10ème arrondissement de Paris et qui fêtera ses 10 ans en 2022. L’occasion de revenir sur les travaux collectifs réalisés pour le festival We Love et la Philharmonie de Paris et découvrir des séries inédites des jeunes photographes de talent qui collaborent avec le studio !

On ne parle pas souvent des arcanes de notre métier. Ce n’est pas très sexy, les explications contrecarrent le mythe. Ce sera pourtant le fil rouge de cette carte blanche. Aujourd’hui nous allons parler de mon Studio et de l’écosystème qu’il a fabriqué.

Lorsque nous décidons, en 2012, avec Vincent Lappartient, d’ouvrir le Studio J’adore ce que vous faites! nous n’avons clairement pas les moyens de commencer les travaux et outre le fait que la lumière tombe bien pour des portraits, nous ne présageons pas ce que nous allons bien pouvoir y faire. L’un de mes collectionneurs me prête les fonds nécessaires et l’aventure commence. Sans le savoir, décider de construire cet endroit m’a sauvé la vie.

Nous avons fabriqué un outil à notre main. D’abord l’architecture ultra simple et hyper fonctionnelle qui agrandit un plateau qui n’est pas si grand. Ensuite, il y a l’outil de production et le statut. Nous étions passés d’indépendants à une entreprise. De jeunes photographes, notamment issus de Louis Lumière, nous ont rejoints. Le deal n’a pas seulement été d’organiser nos shootings ou de nous assister, ni de fonder un collectif ou une agence.

Nous avons proposé à des clients institutionnels historiques (La Philharmonie de Paris, l’Opéra, We Love, …) de non plus travailler avec nous, photographes confirmés en direct, mais avec le studio. Cela a immédiatement permis aux jeunes qui travaillaient avec nous de se former, d’être payés à un tarif décent et d’engager de l’autre côté une relation sur le long terme, garantissant une récurrence avec un vrai niveau d’exigence dont nous nous portions garants. Notre dernière recrue aujourd’hui se charge d’éditer des ouvrages en petits tirages pour revenir à l’objet.

Comme 9 Lives n’est pas les Échos, je vais arrêter là la description de ce système qui fonctionne à merveille. Je vous propose d’abord deux extraits de nos commandes collectives, We Love et la Philharmonie de Paris, puis ensuite vous faire découvrir des séries inédites et très fraîches, encore fragiles parfois, de ces jeunes photographes de talent, plus ou moins confirmés, avec qui le studio a la chance de travailler. En tout cas ils sont à suivre.

Philharmonie de Paris

J’ai commencé à travailler pour la salle Pleyel en 2011. L’équipe allait ensuite investir la Philharmonie de Paris qui émergeait porte de Pantin. Depuis 10 ans, j’ai assisté à d’innombrables concerts, rencontré des chefs et des solistes internationaux. Désormais, nous suivons une vingtaine de concerts par an pour l’institution. Tout en mélangeant les écritures, nous avons gardé le même cap et continué de nous renouveler en assistant à des concerts incroyables.

We Love

L’histoire est un peu la même avec WeLove Green, le festival en plein air des beaux jours à Paris, puisqu’aujourd’hui tout le studio intervient sur chaque édition pour couvrir tous les besoins en image d’un tel événement qui, non content de produire des artistes pointus et des spectacles inédits sur le territoire, promeut aussi, à travers ses engagements, ses conférences et ses partenariats, la question écologique à laquelle nous sommes sensibles chez J’Adore.

Ava du Parc – Les Mosses

Domaine Mosse © Ava du Parc

En 2018, nous avons envoyé des couples photographe et auteur chez des vignerons pendant les vendanges pour créer la première revue littéraire millésimée. Le projet n’est pas encore publié, mais 2018 reste une année exceptionnelle, Ava est partie en Anjou au Domaine Mosse accompagnée de Céline Minard.

Domaine Mosse © Ava du Parc

Domaine Mosse © Ava du Parc

D’abord attirée par le cinéma, les écoles et stages par lesquels elle découvre la photographie lui donnent goût à ce médium de solitaire, qui correspond mieux à son caractère indépendant. Après un parcours scolaire technique, elle commence sa vie professionnelle par l’assistanat. D’abord pendant 2 ans à l’ENS Louis Lumière et puis entre le studio J’Adore ce que vous faîtes ! et des photographes indépendants. Au quotidien, elle collabore avec Julien Mignot au studio J’Adore ce que vous faites. Suivi de production, d’édition, régisseur, assistant de prises de vue, retouche, mais également photographe. Elle opère désormais une transition entre assistant et photographe à part entière, en développant ses clients personnels, dont les demandes sont hétéroclites : portrait, nature morte, reportage, architecture, décoration d’intérieur…
Elle mène ces travaux de commandes en respectant ces convictions écologiques. Dans ses images, cela se traduit par un intérêt particulier pour l’environnement, la végétation, la nature, la trace de l’humain. Et une recherche d’esthétisation de notre environnement.

Domaine Mosse © Ava du Parc

Enfin, elle essaie de développer son travail personnel afin d’expérimenter des genres et ainsi comprendre ce qui lui plait. C’est aussi une manière de trouver son style.

Martin Varret – Aveyron(s)

Aveyron(s), 2021 © Martin Varret

Aveyron(s), janvier 2021, une autorésidence photographique. Martin Varret
En janvier 2021 pendant un mois je pars à la rencontre des hommes et femmes du territoire aveyronnais. Avec cette série j’essaie d’écrire au pluriel cette région et de révéler son dynamise. Riches de savoirs et d’idées, les Aveyronnais transmettent leurs passions à une nouvelle génération force de proposition. Des anciens aux plus jeunes, ma volonté est d’aller à la rencontre de ceux qui ont écrit son histoire et de ceux qui écriront son avenir.
Partez à la rencontre de Franck, dans son atelier à Cureland où il répare machine agricole, voitures et autres engins pour leur donner une nouvelle vie. De Marcel Mezy, paysan chercheur autodidacte qui invente le Bactériosol, un engrais naturel qui est en train de révolutionner l’agriculture biologique et qui s’exporte aujourd’hui dans le monde entier. L’Aveyron c’est aussi Daniel Crozes, écrivain qui conte l’histoire de ce territoire.

Aveyron(s), 2021 © Martin Varret

Aveyron(s), 2021 © Martin Varret

En 2021, je suis diplômé de l’ENS Louis-Lumière que j’ai intégrée après un BTS photographie obtenu en 2017. Mes grands-parents gèrent un laboratoire photographique pendant plusieurs dizaines d’années, la photographie est donc pour moi d’abord une histoire familiale. En parallèle de mes études, j’assiste régulièrement des photographes portraitistes. Aujourd’hui je cherche à développer un travail d’auteur tout en développant mon travail de commandes de reportages et de portraits.

Lucille Casanova – « Mais délivre-nous du mal »

« Mais délivre-nous du mal » © Lucille Casanova

« Mais délivre-nous du mal » est une série qui s’inscrit dans un projet plus général que je mène depuis plusieurs années sur les terres limousines où j’ai passé mon enfance. Elle s’intéresse aux croyances mystiques qui circulent aujourd’hui encore dans cette région. Quand on se promène dans les Monts de la Marche, on rencontre des vestiges sacrés cachés dans les tréfonds de ses massifs forestiers. Alors soudain, les légendes font écho à ces traces du passé, et l’étrangeté les envahit.

« Mais délivre-nous du mal » © Lucille Casanova

Née en 1993, j’intègre une formation de BTS photographie avant d’entrer à l’ENS Louis-Lumière dont je sors diplômée en 2016 avec un travail sur le portrait politique.
Ma pratique photographique s’organise autour du documentaire et du portrait, en m’intéressant aux idées de souvenir, d’enfance et d’usage.

Elise Lebaindre – Mon frère, ma mère & Robert

Mon frère, ma mère & Robert © Elise Lebaindre

Mon frère, ma mère & Robert, est un récit familial photographié.
Cette série conte leurs goûts et les couleurs qui infusent entre la forêt et la mer, comme une nouvelle photographiée à Noirmoutier.

Mon frère, ma mère & Robert © Elise Lebaindre

Grâce à une famille pleine de curiosité, je touche très tôt à tout. Peinture, sculpture, dessin et couture. Je commence mes études commencent par le cinéma et le théâtre en Bretagne puis bifurque vers la décoration à Paris, pour finalement synthétiser le tout dans la photographie, à laquelle je me forme dans les Vosges.

Mon frère, ma mère & Robert © Elise Lebaindre

Une fois ma formation en poche, j’ai intégré le Studio j’Adore où j’officie de temps en temps, tout en peaufinant mes séries personnelles focalisées sur l’humain et l’environnement.

Mon frère, ma mère & Robert © Elise Lebaindre

Aliocha Wallon – Carambolage

Carambolage © Aliocha Wallon

Carambolage © Aliocha Wallon

Carambolage © Aliocha Wallon

Chaque photo devient une rencontre hasardeuse et furtive mue par une forme de connivence avec mes semblables. Comme une voiture fonçant dans un ravin à pleine vitesse, il semblerait que tout mène à cet instant qui, en quelques secondes, immortalisera pour une éternité relative une situation pourtant banale. Cet amour profond pour l’humain confronté à la peur de l’inconnu me pousse à vouloir rentrer en force dans l’intimité de ce dernier, à l’éclairer pleins phares, à lui faire remplir une image complètement. À force de regarder l’autre, j’aurais peut-être une chance qu’on puisse se comprendre.

Aliocha, 25 ans, est né et vit à Paris. Intrigué par l’ultra-intimité des inconnus, il cherche – le temps d’un flash- à saisir son sujet pour dévoiler une fragilité singulière dissimulée derrière des premières apparences dures.

Josselin Apertet – Jura, octobre 2020

Jura, octobre 2020 © Josselin Apertet

Josselin est notre plus jeune « recrue », il est encore étudiant à Louis Lumière. On retrouve dans cette série récente ses premiers amours pour le film que nous avions découvert avec ses images du Red Star, club de foot légendaire de la banlieue parisienne, traitée alors en noir et blanc, à la manière d’un jeune Claude Dityvon.

Jura, octobre 2020 © Josselin Apertet

Jura, octobre 2020 est l’histoire d’une fuite en marchant pour traverser le jura depuis la Suisse. Comme si cette jeunesse savait déjà que les occasions d’arpenter les alpages et de respirer à pleins poumons allaient se limiter, se répéter et massacrer une année déjà bien entamée.

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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