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L’exposition “Homéostasie” inaugure la première édition de PhotoClimat, Biennale sociale et environnementale. Elle rassemble les travaux de trois lauréates du programme de mentorat, initié par Les Filles de la Photo, qui accompagne 15 mois durant des femmes photographes dans la réalisation de leur projets et le développement de leur parcours. Parmi les 5 lauréates de cette édition, Amélie Chassary, Elsa Leydier et Juliette-Andréa Elie sont réunies dans une exposition au MAC de Créteil intégrée au parcours de PhotoClimat qui débute le 18 septembre. À cette occasion, nous avons rencontré Julie Champin et Lié Mafouta, co-curatrices de cette magnifique exposition.

Cette première édition de PhotoClimat est née sous l’impulsion du photographe Nicolas Henry, souhaitant proposer un parcours d’exposition dans l’espace urbain, pour sensibiliser le public aux problématiques liées à l’environnement et l’écologie. Et c’est à Créteil, à quelques kilomètres seulement de Paris, que le coup d’envoi est lancé avec l’exposition “Homéostasie” ! Une formidable métaphore sur la santé préoccupante de notre planète.

Le lieu est atypique, le MAC est un lieu de spectacle offrant comme seuls espaces d’exposition, des coursives sur plusieurs niveaux en béton brut. Face à la difficulté d’investir un tel lieu, Julie Champin et Lié Mafouta ont usé d’ingéniosité pour proposer un parcours aux visiteur·euses. Homéostasie débute avec la série d’Amélie Chassary « Flore d’Automne » qui initie à la guérison, suivie de « Fire)(scapes » de Juliette-Andréa Elie, dans une constellation d’objets, vidéos, sons et photographies en relief pour le diagnostic, pour finir avec le remède dans “Les désobéissances d’Elsa Leydier.
Ces trois femmes photographes sont issues du programme de Mentorat des Filles de la Photo conçu par Véronique Prugnaud, Corinna Schack et Julie Champin, dont la première édition a été lancée il y a un an, et dont la restitution aura lieu dans le cadre de PhotoSaintGermain en novembre prochain.

De gauche à droite : Lié Mafouta, Julie Champin et Nicolas Henry

C’est au moment de l’inauguration de l’exposition que j’ai rencontré Julie Champin, directrice artistique et coordinatrice de projets culturels, et Lié Mafouta, accompagnatrice artistique qui nous présente cette expérience photographique.

9 Lives : Julie Champin, vous avez curaté cette exposition dans le cadre de PhotoClimat, pouvez-vous nous raconter la genèse du projet ?

Julie Champin : J’ai rencontré Nicolas Henry en octobre dernier, il avait besoin d’aide pour le lancement de PhotoClimat, j’ai ainsi commencé à travailler avec lui. Parallèlement à cela, au sein des Filles de la Photo j’ai, avec Véronique Prugnaud et Corinna Schack, mis sur pied le Mentorat. Je lui ai donc spontanément proposé trois lauréates de ce mentorat qui avaient des sujets en lien avec le Climat : Amélie avec l’exploration des forêts et l’évolution de la nature dans les saisons, Juliette avec son travail sur les méga-feux, et Elsa qui est dans des œuvres fertiles dans un axe eco-féministe, où la place de la femme dans notre société serait une sorte de remède aux bouleversements climatiques, elle parle notamment des semences paysannes interdites, de la fast fashion, de la destruction de l’environnement par l’industrie textile. Ces trois axes qui rentraient vraiment dans la thématique de la biennale

Vue de l’exposition, Amélie Chassary

Vue de l’exposition, Amélie Chassary

9 Lives : Comment s’est déroulée l’installation de l’exposition dans ce lieu atypique ?

J. C. : Quand j’ai visité le lieu, je l’ai trouvé superbe, mais je me suis dit que ce serait difficile à habiter. Il nous fallait un texte pour rapprocher les différents travaux. Rapidement, l’idée du parcours s’est imposé à nous. Il faut qu’il y ait un cheminement. Lié a construit son texte sur la recherche des causes, l’observation pour voir d’où viennent les problèmes et tenter de trouver un remède. Amélie Chassary s’est chargée de l’observation, Juliette-Elie du diagnostic, des recherches scientifiques et Elsa du remède. Ça a donné beaucoup d’ampleur à l’exposition et les photographes se sont très vite reconnues chacune avec ce texte.
Concernant la scénographie, nous avons beaucoup travaillé en collaboration, les photographes avaient des idées assez précises.

Vue de l’exposition, Juliette-Andréa Elie

Vue de l’exposition, Juliette-Andréa Elie

Vue de l’exposition, Juliette-Andréa Elie

Portrait Lié Mafouta

9 Lives : Lié Mafouta, vous avez rédigé un magnifique texte qui a finalement défini le parcours de l’exposition, pouvez-vous nous expliquer pourquoi avoir centré ces sujets autour de l’Homéostasie ?

Lié Mafouta : Julie avait le désir de connecter ces trois artistes au-delà du simple champs environnemental et écologique.
J’ai rencontré chacune des artistes, nous avons beaucoup échangé et lorsque Juliette m’a parlé de son projet sur les méga-feux, ça a été le point de départ de tout ce processus autour du parcours médical, et c’est cette idée de feu, d’inflammation qui m’est resté en tête. Ensuite de manière empirique, c’est en découvrant une plante médicinale qui permet de soigner les inflammations que j’y ai relié le travail d’Elsa qui travaille sur les graines et les plantes.
Finalement, le projet de PhotoClimat est d’offrir des solutions concrètes, des pistes de sortie de crise, et de redonner de l’espoir qu’un futur est possible. Les choses se sont misent en place naturellement, j’aime le principe de sérendipité.
Cela répond également à ce que les artistes vivent aussi. En discutant avec les photographes, j’ai eu l’impression qu’elles étaient dans une phase de passage personnel, humain, et que ces travaux les aidaient d’un point de vue thérapeutique.
Quand j’ai proposé ce parcours, elles ont adhéré à cette vision. L’aspect thérapeutique par la nature et par la reconnexion au vivant, c’est quelque chose auquel elles croient vraiment.

Vue de l’exposition, Elsa Leydier

Vue de l’exposition, Elsa Leydier

9 Lives : Chaque série est associée à une musique originale, pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

L. M. : C’est mon univers, je viens de la musique, j’étais directrice artistique chez Sony Music. C’est mon moyen de communication et mon instrument de travail naturel. La musique ne peut pas être pensée sans image, ce sont pour moi, deux univers indissociables. Lorsque j’ai vu les travaux des artistes, la décision d’y associer de la musique s’est faite naturellement. Et d’ailleurs, Juliette-Andréa explore des pistes sonores, ça n’a été qu’un simple prolongement.
J’ai ressenti le besoin de projeter cette expérience en musique. Pour toucher sa part intérieure, il faut impliquer tous ses sens. Et l’idée était de recréer ce sentiment d’une promenade dans un monde multi-dimensionnel.

A LIRE :
Premier mentorat des Filles de la Photo lancé !
Rencontre avec Véronique Prugnaud. Première édition d’un mentorat pour les femmes photographes

INFORMATIONS PRATIQUES

lun20sep(sep 20)13 h 00 minjeu09déc(déc 9)18 h 30 minHoméostasieWaterlifeMAC - Maison des Arts de Créteil, 1 Place Salvador Allende, 94000 Créteil

sam18sep(sep 18)10 h 00 mindim17oct(oct 17)19 h 00 minPhotoclimat, biennale sociale et environnementale OrganisateurPhotoclimat, biennale sociale et environnementale


https://photoclimat.com/

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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