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Pour ces fêtes de fin d’année on a envie d’offrir et de s’offrir des livres qui parlent de liens et de sens, d’émotion et de beauté et garder ainsi la fenêtre ouverte sur la poésie et la résilience aux côtés des artistes tout comme nous vous l’avons proposé au fil de nos rencontres, entretiens, podcasts, coups de cœur… ici ou ailleurs.

Formes de Vie – LE BAL Eric Ming Cuong Castaing

« Forme(s) de vie », LE BAL
C’est une exposition bouleversante qui nous touche car elle va à l’essentiel : notre rapport au corps empêché, à la différence, à la maladie, à l’exclusion. C’est le chorégraphe Eric Minh Cuong qui mobilise la danse au service de patients en soins palliatifs à qui il redonne l’occasion de vivre une expérience unique dans une chambre d’hôpital ou en pleine nature. Des formes augmentées et une chorégraphie du fragment où chacun va au-delà de ses limites, en pleine conscience et maitrise. Le projet chorégraphique d’Eric, lauréat du Prix Le Bal/Adagp jeune création 2021, filmé par Victor Zébo a donné lieu à une publication par le Bal avec un texte de Florian Gaité qui permet de prolonger cet acte poétique et politique. A offrir à tous ceux qui croient que la fragilité est un obstacle à l’accomplissement de soi.
LE BAL/RVB Books 32 pages
Rassemblant des photogrammes issus des différents films composant le projet Forme(s) de vie, cette publication est la première d’ Éric Minh Cuong Castaing.
Disponible à la librairie du BAL
https://www.le-bal.fr/2021

Lina BERTUCCI Vandana, 2004. Crédit photo : Lina Bertucci Courtesy Fondazione Sandretto Re Rebaudengo

« L’épreuve des corps », MoCo Montpellier
Toujours sous ce prisme du corps, qu’il soit invisibilisé, sublimé, instrumentalisé, contraint selon l’angle choisi par Vincent Honoré commissaire de cet exceptionnel focus sur la collection italienne de Patrizia Sandretto Re Rebaudengo. Cette nouvelle exploration de collections privées par le MoCo Montpellier nous plonge après les Cosmogonies de l’Afrique dans une thématique, la chair et ses soubresauts qui a traversé toute l’histoire de l’art de Rodin à Bacon en passant par Soutine, Rubens… Le corps devient métaphore avec Zoe Leonard, Sarah Lucas ou Trisha Donelly pour déjouer les normes et les genres, les assignations. Le corps c’est aussi la performance et l’autoportrait avec Cindy Sherman ou Catherine Opie sous le règne du travestissement, de la mascarade, de la mutation.
Edition/Diffusion : Silvana Editoriale
Edition : bilingue français / anglais
184 pages, 35€ disponible à la boutique librairie de l’Hôtel des collections.
https://www.moco.art/fr

Tremblements, NMNM, Pauline Boudry / Renate Lorenz Collection NMNM courtesy Ellen de Bruijne Projects

« Tremblements », Nouveau Musée de Monaco, Villa Paloma
Lancement de la revue Mirà par le Nouveau Musée National de Monaco à l’occasion de l’exposition Tremblements curatée par Célia Bernasconi conservatrice, qui revient sur les récentes acquisitions du musée dans la lignée de la pensée du tout-monde d’Edouard Glissant. Un hommage en filigrane aux choix de Marie-Claude Beau qui a su rester en prise avec les problématiques de la société et revendiquer une approche décloisonnée des médiums et des récits. Le film confus et dérangeant de l’artiste afro-américain Arthur Jafa The White Album qui ouvre le parcours témoigne de cette nécessaire réécriture. Il est confronté à d’autres manifestes que ce soit avec Yinka Shonibare, Brice Dellsperger ou Latifa Echakhch autour du colonialisme, de la place des femmes ou de la mixité.
http://www.nmnm.mc

« Sève et pensée » BNF, Giuseppe Penone
L’homme qui parle aux arbres pourrait-on résumer pour ce maître de l’arte povera qui livre une exposition d’une grande précision autour d’une installation majeure réalisée à partir du frottage, sur fine toile de lin, d’un tronc d’acacia de trente mètres de long accompagnée d’un texte et placée au centre du parcours.
Une vision cyclique d’où part les ramifications de sa pensée fondée sur l’empreinte de l’homme sur la nature et la métamorphose, comme celle du règne du vivant. Le parcours s’organise en lien avec les riches collections de la BNF.
Catalogue, BNF éditions, 112 pages, 39 € (disponible à la librairie de la BNF)

Full House One Space, Two Shows, 307 Artists and 400 Pieces from the Frédéric de Goldschmidt Collection
A l’occasion de l’ouverture de son nouveau lieu « could seven » dans le quartier des quais de Bruxelles, le producteur et collectionneur français Frédéric de Goldsmith dévoile son ambitieux projet, à la fois espaces de vie, d’exposition et de co-working. L’exposition inaugurale intitulée Inaspettatamente (Inattendu) est fidèle à la ligne conceptuelle rigoureuse de cet amateur passionné qui se place sous le prisme d’Alighiero Boetti. On y retrouve de grandes figures comme François Morellet, Lucio Fontana, Sol LeWitt, Jannis Kounellis, Marcel Broodthaers mais aussi des représentants de la scène émergente belge notamment : Ariane Loze, Nicolás Lamas, Benoit Platéus, ou Fabrice Samyn.
Mercatorfonds Editions, 304 pages, 59,95 €
Cloud Seven
Giuseppe Penone, sève et pensée | BnF – Site institutionnel

« Les Voies de la modernité » Musées Royaux des Beaux-arts de Belgique, Bruxelles
Ceux qui m’aiment prendront le train, adage populaire emprunté au film de Patrice Chéreau désigne ce potentiel imaginaire du voyage, de la locomotive, des paysages traversés. Une vision onirique dont s’inspirent les artistes dès son invention qui coïncide avec celle du cinéma des frères Lumière comme le souligne la fascinante exposition du MRBAB rassemblant plus de 120 œuvres de provenances internationales. Les impressionnistes s’emparent de la Gare Saint-Lazare sur le chemin de la Normandie, leur nouveau terrain de jeu, les futuristes soulignent la vitesse du train, les surréalistes son étrangeté et impact psychologique, tandis que le compartiment est souvent associé par les cinéastes à des scènes de séduction ou de menace.

« One Hundred Ghost Stories » Anastasia Bay, Sorry We Are Closed
Première publication de l’artiste française basée à Bruxelles par Sébastien Janssen à l’occasion de son exposition dans le nouvel espace de Sorry We Are Closed au Sablon. Formée à l’atelier du peintre François Boisrond aux Beaux-Arts de Paris, je l’avais d’abord repérée à la galerie Derouillon (Haut Marais). Elle mêle influences historiques et académiques de l’Egypte ancienne à Matisse, Kippenberger, Philip Guston à des emprunts plus vernaculaires. Son savant emploi des couleurs et son jeu d’arrière-plan en transparences donne une impression d’instantané et d’inachèvement tout à fait unique à ces silhouettes dansantes.
Livre disponible à la galerie Sorry We Are Closed
Triangle Books, 80 pages, 35 € english
TRIANGLE BOOKS | Anastasia Bay | One Hundred Ghost Stories

« Nina Childress 1081 peintures »
A l’occasion de la rétrospective de Nina Childress BODY BODY le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA co-édite un ouvrage avec les Beaux-Arts de Paris et la Galerie Bernard Jordan retraçant 40 ans de carrière de cette artiste franco-américaine vivant à Paris.
L’ouvrage comporte deux volumes. Le premier, sous forme de catalogue raisonné, est une monographie qui recense la totalité des œuvres de Nina Childress, artiste peintre et cheffe d’atelier aux Beaux-Arts de Paris – depuis son premier tableau peint en 1980 jusqu’à ceux de 2020. Le second est une biographie de Nina Childress écrite par Fabienne Radi. Sa couverture phosphorescente rappelle les œuvres récentes de l’artiste.
750 pages en 2 volumes, 49 €
Co-édition : Beaux-Arts de Paris, Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA et Galerie Bernard Jordan.
https://fracnouvelleaquitaine-meca.fr/

« Paris Silence »
Le photographe Stéphane Gizard a eu la belle idée de capturer Paris comme jamais pendant le confinement. Il nous livre 450 images à la fois inattendues et nostalgiques. Comme les images d’un film qui se serait arrêté brutalement avant une catastrophe. Une sorte de Pompéi à la française assez troublante.
Ce livre vient d’être récompensé au Prix Haussmann 2021 décerné par la La FNAIM du Grand Paris.
Eivissa Productions 368 pages, 39,90 €
Paris Silence | Stéphane Gizard

« Botticelli, artiste et designer », musée Jacquemart-André
Le génie du Quattrocento apparait comme un véritable entrepreneur à la tête d’un florissant atelier où les assistants exécutaient de nombreuses œuvres. Un aspect nouveau sur lequel se construit la formidable exposition du musée Jacquemart-André signée d’une grande spécialiste Ana Debenedetti qui s’est appuyée sur des prêts d’institutions majeures. Des commandes religieuses aux portraits des puissants c’est la figure de la Venus qui se dégage, dans ce mouvement a contra posto, inspirée par la célèbre Simonetta Vespucci morte dans la fleur de sa jeunesse à 23 ans. S’il finit ruiné loin des ors et des palais, sous l’emprise de la secte de Savonarole, le destin de Sandro Botticellli reste fulgurant et plein de paradoxes.
Editions Fonds Mercator, 240 pages, 35 €
Disponible à la librairie du musée Jacquemart-André
Catalogue officiel de l’exposition (boutique-culturespaces.com)

Joyeuses Fêtes !

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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