« Chaque vie est une histoire », 13 artistes internationaux pour lever le voile au Musée national de l’histoire de l’immigration 4 jours ago
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« Chaque vie est une histoire », 13 artistes internationaux pour lever le voile au Musée national de l’histoire de l’immigration 4 jours ago
Partager Partager Temps de lecture estimé : 12minsÀ l’occasion de l’inauguration de son exposition de rentrée « 1970s, années chromatiques » autour de deux photographes américaines Jo Ann Callis et Jan Groover, nous avons rencontré la directrice de la galerie, Miranda Salt, pour nous présenter les travaux de ces deux artistes avant-gardistes. L’occasion également de revenir sur la longue période de crise sanitaire qui a fragilisé le marché des galeries et sur les prises de conscience nécessaires face à l’urgence écologique. Jan Groover sera également mise à l’honneur en novembre prochain, dans le cadre d’une rétrospective à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Portrait Miranda Salt, 2021 © Laura Stevens Ericka Weidmann : Jusqu’au 13 novembre, vous présentez « 1970s, années chromatiques ». Vous mettez en regard le travail de deux femmes photographes : Jo Ann Callis et Jan Groover, pouvez-vous nous expliquer votre choix? Miranda Salt : Il y a plusieurs raisons à cela. Commençons par la plus simple et la plus honnête : j’adore leur travail. J’ai ouvert la galerie en 2018, c’est une petite structure et c’est un projet de cœur donc je choisis des travaux qui me touchent personnellement. Je ne suis pas dans un calcul de marché, je suis dans un projet de partage et d’amour pour ce medium. Pour moi, ce sont deux artistes qui m’ont marquée, leurs signatures sont très originales mais elles restent encore un peu confidentielles en France, j’ai donc à cœur de les présenter aux collectionneurs français. JO ANN CALLISUntitled, from Early Color portfolio, c. 1976Tirage pigmentaire d’archive 16×20 inch / 40,6×50,8 cm© Jo Ann Callis / Galerie Miranda J’avais exposé le travail de Jo Ann Callis lors de l’inauguration de la galerie. J’avais alors axé mon choix sur des images dites « érotiques ». C’est un travail très singulier, un peu dérangeant et c’est là où l’on retrouve toute sa puissance ! L’exposition a rencontré beaucoup de succès, mais les visiteurs étaient un peu distraits par l’érotisme et n’étaient donc pas capables de voir ce qu’il se passait au-delà de ça… J’avais donc très envie de présenter à nouveau ses images mais avec un angle un peu différent, en le contextualisant dans son époque et en abordant l’utilisation de la couleur. Je voulais, cette fois-ci, mettre l’accent sur son travail de plasticienne, sur son avant-gardisme et son audace ! JAN GROOVERUntitled, 1979. KSL 69.3Tirage chromogénique d’époque16×20 inch / 40,6×50,8 cm Ed. 3/3© Jan Groover / Galerie Miranda Pour Jan Groover, c’est une histoire plus personnelle. À l’âge de 17 ans, j’ai acheté son livre édité par le MoMA. À l’époque je n’étais pas très intéressée par les arts visuels, plutôt par le littéraire, mais ce travail m’avait particulièrement marquée. Et cet ouvrage est resté plus de 30 ans dans un carton, de grenier en sous sol et je l’ai retrouvé par pur hasard au moment de l’ouverture de la galerie il y a quatre ans ! Ce livre est épuisé depuis longtemps et ce travail est passionnant. Et tout comme Callis, son œuvre est très innovatrice, elle a marqué un terrain très fort et très tôt dans l’histoire de la photographie couleur et qui n’est pas assez connue en France, malgré une rétrospective au Musée de l’Elysée de Lausanne en 2019. EW : Le rôle de la photographie couleur comme axe de l’exposition. JO ANN CALLISUntitled, from Early Color portfolio, c. 1976Tirages pigmentaire d’archive -16×20 inch / 40,6×50,8 cm© Jo Ann Callis / Galerie Miranda JAN GROOVERUntitled, 1987. 181.2Tirage chromogénique d’époque16×20 inch / 40,6×50,8 cm. Ed. 3/5© Jan Groover / Galerie Miranda M. S. :Le rôle de Jo Ann Callis et Jan Groover dans la pratique de la photographie couleur a été particulièrement important. Elles ont été pionnières, même si je n’aime pas trop ce mot-là. C’était les débuts de la couleur. Je rappelle d’ailleurs comment la photo couleur a fait son entrée dans les musées depuis les années 30, mais c’est surtout l’évolution de la pratique dans les années 60 par l’industrie avec des firmes telles que Kodak qui a permis sa démocratisation. Callis et Groover ont utilisé la photographie couleur mais elles ont développé les mises en scène. Ill y a des marqueurs historiques qui m’ont réellement frappés : on dit souvent que c’est grâce à William Eggleston que la photo couleur est entrée dans l’Histoire. Or, elles étaient très actives, elles ont été quelque peu oubliées ! C’est donc aussi l’occasion de rectifier les faits sur cette histoire de la photographie qui a trop souvent oublié l’existence des femmes. La mise en scène est aussi un axe important de cette exposition, leur travaux ont prédaté beaucoup d’autres artistes qui ont eu une grande renommée par la suite. Cindy Sherman par exemple, ou encore Gregory Crewdson et bien d’autres… Ces deux femmes n’ont pas eu, à mes yeux, la reconnaissance qu’elles méritaient. E.W. : Bien que ce soit deux artistes qui ne se soient jamais revendiquées comme féministes, est-ce une exposition féministe ? JO ANN CALLISUntitled, from Early Color portfolio, c. 1976Tirage pigmentaire d’archive – 16×20 inch / 40,6×50,8 cm© Jo Ann Callis / Galerie Miranda M. S. : Pour moi, c’est une expo féministe sur des artistes féministes. Dans ma définition du féminisme, ce n’est pas uniquement proclamer des discours, c’est de faire. À mes yeux, ces deux femmes ont poussé beaucoup de portes à une époque où il était difficile de les pousser. Elles ont foncé sans demander la permission de la société. Jo Ann Callis et Jan Groover ont choisi d’être artistes, elles ont choisi la photo qui était à l’époque et reste encore un secteur très masculin. Et puis cela passe aussi par la sphère domestique. Toute les deux n’ont pas travaillé que sur cette thématique, notamment Groover qui avait déjà fait des séries très intéressantes en extérieur… Donc elle n’a pas toujours été cantonnée aux scènes domestiques, mais c’est sa série « Kitchen Still Lifes » qui est la plus connue. Dans le cas de Jo Ann Callis, c’était différent car elle était réellement limitée sur sa pratique car elle avait des enfants, elle était divorcée avec des contraintes réelles d’une femme et mère au foyer. Finalement c’est cette sphère domestique qui l’a inspirée pour créer. C’est pour toutes ces raisons qu’elles sont pour moi féministes, parce qu’elles ont agit de manière forte et libre et parce qu’elles ont crée leur œuvre dans une sphère intérieure au moment où les hommes pouvaient parcourir librement le territoire américain. JAN GROOVERUntitled, 1979. KSL 073.3Tirage chromogénique d’époque16×20 inch / 40,6×50,8 cm. Ed. 2/3© Jan Groover / Galerie Miranda E.W. : On remarque d’ailleurs que les femmes photographes sont très présentes dans votre programmation. M. S. : Chacun a sa vision des choses, mais pour moi c’est très important de leur donner de la visibilité. Je suis de nationalité australienne et dans ma carrière, en France, j’ai toujours eu ce rôle de « passeuse » dans les entreprises françaises pour lesquelles je travaillais, j’étais l’anglo-saxonne qui naviguait librement entre la culture française et la culture anglo-saxonne et celle qui ramenait un peu « les nouvelles du front ». Donc ce rôle me plaît, le fait de découvrir, de partager… J’ai ouvert ma galerie il y a quatre ans, j’avais presque 50 ans, je n’avais donc pas le « temps » malheureusement de défendre des jeunes talents. Je n’ai pas trois décennies devant moi pour investir et pour les soutenir. Donc c’est un parti pris très réfléchi de défendre des artistes établis sur lesquels je pouvais convaincre sur leur valeur de collection. En terme de photographes établis, avec de beaux parcours mais qui manquent de visibilité, ce sont généralement des artistes femmes. Cumulé à cela, un parcours personnel assez clairement marqué par le féminisme, cela a été évident de favoriser les artistes femmes. Cela étant, je ne suis pas dans une sorte de « ghetto de femmes ». Dans ma vision du féminisme, il est important d’inclure les artistes hommes également. Ils sont nombreux à avoir du talent, je ne vois pas l’intérêt de s’en priver. J’ai tenté d’inverser l’équilibre actuel qu’on retrouve en galerie où il y a en moyenne 70 % d’hommes et 30% de femmes, c’est un chemin assez juste à prendre. C’est très personnel, mais c’est vraiment ma vision des choses, je ne cherche pas toujours un discours féministe dans le contenu, parfois oui, mais pas essentiellement. E.W. : Vous en parliez donc, vous avez ouvert votre galerie en 2018, c’est une « jeune » galerie. Votre activité a été fortement impactée par la crise sanitaire. Comment avez-vous vécu cette période ? Et comment le secteur aujourd’hui évolue-t’il ? M. S. : Sincèrement, ça a été très compliqué et ce n’est pas fini. On a passé deux ans particulièrement pénibles avec une baisse du chiffre d’affaire très violente. Pour être transparente, j’ai dû, comme beaucoup d’autres, contracter un prêt garanti par l’Etat. J’étais contrainte à cela, sinon je ne pouvais pas tenir. Je n’ai pas un mari banquier ou un père aristocrate. Voilà, je suis une « one woman show », je fais tout toute seule avec mes propres moyens. Et donc le nerf de la guerre, c’est la trésorerie, et comment tenir lorsqu’on n’a plus de vente ? Là, on sort de la crise, il faut donc investir avec un niveau encore plus élevé d’endettement, donc c’est très difficile. Mais je suis une optimiste invétérée et je crois sincèrement que dans ce contexte, avoir une petite structure est un avantage car mes frais fixes sont plutôt tirés vers le bas, je n’ai pas un grand espace avec de nombreux salariés. Autre chose importante, c’est que je n’ai pas une économie de galerie qui dépend des foires, j’en fais lorsque j’ai un sujet apte, des moyens, et si je pense que c’est vraiment judicieux. J’oriente plutôt l’investissement de la galerie sur des expositions de qualité, sur des petites foires, boutiques avec des lignes très fortes et sur des collaborations… Et surtout je me concentre sur l’activité parisienne et franco-européenne. Donc je pense que les petites structures comme la mienne ont toutes les chances de s’en sortir. En revanche, je pense que c’est plus compliqué pour les structures intermédiaires. Cette crise a eu un effet d’accélération de changement de génération de modèles, que j’ai vu passer sur le marché américain, c’est à dire pour un certain nombre de galeries bien établies depuis 25/30 ans, qui étaient à quelques années de la retraite, cette crise a été l’occasion de prendre la décision d’arrêter plus tôt. Soit il fallait se réinventer, soit il fallait s’arrêter. On remarque donc qu’il y a une sorte de changement de garde en accéléré qui a forcé la fermeture de galeries de taille moyenne, ce qui est en train de s’établir c’est une sorte de polarisation de marché qui se fait un peu partout. On aura des galeries très petites face aux très grandes. Ces dernières vont continuer à être très puissantes et à monopoliser le marché, et j’y inclus également les maisons de ventes qui tapent très fort sur le système économique de la photo. Mais les « petits » ont une autre valeur ajoutée : le sur mesure, l’accueil personnalisé, le conseil, la passion… E.W. : Comment envisagez-vous le futur ? Quelles leçons devons-nous tirer de cette crise ? M.S. : À mes yeux, alors ce n’est pas spécialement fondé comme avis, c’est plus une intuition, mais comme je le disais il va y avoir un marché réparti entre les petites et les très grosses structures. Il va y avoir forcément de plus en plus de vente en ligne, mais les petites structures ne peuvent pas s’adapter, c’est techniquement infaisable. Je ne peux pas investir 10 000 € par mois dans des équipes qui vont gérer cela. Je pense que même si la vente en ligne se généralise, on va assister à ce qui se passe actuellement dans le secteur du livre : une sorte de retour en arrière. On l’a vu avec Amazon qui a irrigué le marché des années durant, depuis quelques temps, il y a un vrai retour aux librairies parce qu’ils ont su démontrer leur valeur ajoutée et je pense que ça peut faire la même chose dans le monde de l’art. Après, il y a tout de même un très gros sujet qui est le problème de l’environnement. Un sujet qui n’a pas beaucoup été pris en considération par notre secteur. C’est absolument aberrant qu’il y ait 150 foires d’art par an ! Où chacun transporte des containers remplis pour un retour cinq jours après avec des invendus. C’est une folie totale économiquement mais aussi pour l’environnement. Il y a une réflexion à mener sur tout le secteur à ce propos et ça devient plus qu’urgent. Cela va pousser dans un premier temps à une régionalisation accrue du marché, c’est aussi lié au Covid évidemment. C’est à dire que les Européens vont se concentrer sur l’Europe, les américains, sur les Etats-Unis, et les asiatiques sur l’Asie…. Cela me semble logique et inévitable vu les enjeux d’aujourd’hui. On ne peut pas continuer ainsi, ce n’est pas possible, il faut que l’on s’organise différemment. Par exemple, moi je vois un très beau potentiel de collaboration entre les galeries. Il pourrait être très intéressant par exemple, que les Américains participent à des salons à Paris, mais en collaboration avec les galeries françaises pour que l’on évite que toutes les productions traversent l’Atlantique. Il y a des pistes à creuser pour que ce soit un vrai déclic ! A LIRE La galeriste Miranda Salt est notre invitée de la semaine INFORMATIONS PRATIQUES Galerie Miranda21 rue du Château d’Eau 75010 Paris jeu01sep12 h 00 mindim13nov(nov 13)19 h 00 min1970s, années chromatiquesJo Ann Callis & Jan GrooverGalerie Miranda, 21 rue du Château d’Eau 75010 Paris Détail de l'événementA l’automne 2022 la Galerie Miranda présente une double exposition avec les artistes américaines Jo Ann Callis (née 1940) et Jan Groover (1943-2012), toutes deux précurseures de la vague ‘new Détail de l'événement A l’automne 2022 la Galerie Miranda présente une double exposition avec les artistes américaines Jo Ann Callis (née 1940) et Jan Groover (1943-2012), toutes deux précurseures de la vague ‘new color’ de la photographie américaine des années 70. L’exposition présentera des tirages d’époque rares ainsi que des tirages contemporains, des séries ‘Early Color’ (1976) de Callis et ‘Kitchen Still Lifes’ (1979) de Groover. Lorsque ces séries ont été réalisées, la lutte féministe battait son plein aux États Unis et certaines artistes ont placé cette lutte au coeur de leur pratique, comme Martha Rosler avec son oeuvre ‘Semiotics of the Kitchen, 1975, ou Judy Chicago, créatrice du célèbre ‘Dinner Party’, 1974-9, pour n’en citer quelques-unes. Les séries réalisées par Callis et Groover se situent en plein champ domestique, effectuant une sublimation trouble de la vie quotidienne de la femme; pourtant ni l’une ni l’autre ne se soit déclarées artiste féministe militante. On pourrait dire qu’au lieu d’attendre la liberté, elles l’ont pratiquée. A Los Angeles, Jo Ann Callis jonglait avec deux jeunes enfants, de nombreux déménagements, des études de beaux-arts le soir et un divorce imminent. Elle s’accroche, et sa série ‘Early Color’ a été complétée en 1976. On y décèle l’influence de ceux qui l’ont inspirée – notamment Paul Outerbridge mais aussi Hans Bellmer, Pierre Molinier. Ses mises en scène cinématographiques suintent les angoisses d’un environnement domestique claustrophobe où la liberté, le plaisir et la curiosité sont bridés. Hitchcockiens par leur composition rigoureuse, les décors ont été tous été fabriqués par Callis, pour la plupart dans son garage à Los Angeles, converti en atelier. L’artiste a fait appel aux amis pour poser dans un décor étrange rassemblant différents objets et accessoires domestiques: du mobilier de sa maison – chaises, tables, plantes – mais aussi de la ficelle, du scotch, des draps satinés, des lampes, du sable, du miel. Au même moment, sur la côte ouest des États Unis, Jan Groover photographiait des gros plans de son évier de cuisine où s’entremêlaient des moules à gâteau en inox, des fourchettes, des lames de couteau et des feuilles de plantes d’intérieur, tous luisant comme dans un rêve mais rendus surréels, mystérieux, par leur échelle inhabituelle. En 1979, une image de cette série fait la couverture de la très prestigieuse revue ArtForum: signe, selon le critique Andy Grundberg, que la photographie était désormais prise au sérieux par le monde de l’art. Jusqu’alors, la photographie en couleur avait surtout été considérée comme une pratique commerciale, adaptée à la mode et à la publicité. Malgré les inventions en couleur dès la fin du 19ème, la photographie en noir et blanc revient au premier plan pendant les périodes de guerre et la dépression . En 1937, le MoMA de New York présente une première grande exposition de photographie dont un volet dédié à la couleur avec des oeuvres des frères Lumière, d’Edward Steichen et de László Moholy-Nagy; en 1950 Edward Steichen assurait le commissariat d’une autre grande exposition du MoMA Color Photography, la première rétrospective américaine de la photographie en couleur rassemblant des oeuvres de plus de 85 photographes. Cela n’empêche pas, Walker Evans de déclarer en 1961 que « la photographie en couleur est vulgaire » et Robert Frank en 1969 que “le noir et le blanc sont les couleurs de la photographie ». A partir des années 70, et avec la commercialisation de pellicules photo en couleur, l’intérêt pour la photographie en couleur grandit, et avec lui le débat quant à sa valeur artistique. En 1976, la grande exposition au MoMA de William Eggleston (né 1939), orchestrée par John Szarkowski (1925-2007), fait basculer le débat. Le style innovateur d’Eggleston – informel, intimiste ou ‘snapshot’ – et ses tirages couleurs à la technique du dye transfer, ont fait couler beaucoup d’encre et l’exposition fut même baptisée «l’exposition la plus détestée de l’année. » L’exposition fait cependant bouger les lignes notamment en actant une validation institutionnelle de la photographie en couleur, à la fois comme processus et comme langage. Pendant qu’Eggleston expose au MoMA, les talentueuses Callis et Groover réalisent les séries en couleur qui sont présentées aujourd’hui à Galerie Miranda. La liberté des extérieurs d’Eggleston, qui a pu quadriller le paysage américain, contraste avec la densité des intérieurs de deux artistes femmes. Toutes deux diplômées en beaux-arts et dotées d’une grande culture de la peinture, elles avaient chacune exploré différentes formes artistiques et Groover avait déjà consacré la première partie de sa carrière à la peinture abstraite. Toutes deux citent, par exemple, les à plat et les mises en scènes calmes du peintre italien Giorgio Morandi (1890-1964) à titre d’influence majeure. Callis peignait mais s’intéressait également à la lithographie, à la céramique et au textile; les deux photographiaient aussi en noir et blanc et avec un Polaroid. Chacune préparait minutieusement ses mises en scène : John Szarkowski du MoMA, explique dans sa préface à la monographie qui lui est dédiée en 1992, que la formation de peintre de Jan Groover « lui aurait appris qu’une image est quelque chose qui est fabriquée, pas découverte. » De même, Judith Keller, Senior Photography Curator du J. Paul Getty Museum, cite Callis : “La photographie (…d’une chambre) est extrêmement structurée pour qu’elle évoque plus qu’une simple chambre; elle évoque quelque chose, comme une chambre de votre esprit » (dans sa préface à la publication Jo Ann Callis: Woman Twirling (2009, Getty). A New York, dans sa capacité d’Adjunct Faculty Professor à l’université de SUNY, Purchase (1979-1991), Jan Groover formé et influence une nouvelle génération d’artistes tels Gregory Crewdson et Philip-Lorca diCorcia; à Los Angeles, Jo Ann Callis enseigne à CalArts (1976-présent), au coeur de la nouvelle vague de coloristes composée de ses mentors, de ses collègues et de ses élèves. Une nouvelle exposition du MoMA en 1989 intitulé “California Photography: Remaking Make-Believe” présentait des oeuvres de Callis à côté d’oeuvres de son ancien professeur et mentor Robert Heinecken, collègues John Baldessari et John Divola, ainsi que Larry Sultan, pour en citer quelques-uns. Les oeuvres de Callis et de Groover ont figuré dans une exposition importante de 1991 orchestrée par Peter Galassi, “Pleasures and terrors of domestic comfort”, avec des oeuvres de Tina Barney, Judith Black, Philip-Lorca diCorcia, Nan Goldin, Nicholas Nixon, Sally Mann, Cindy Sherman, Laurie Simmons, Joel Sternfeld, Carrie Mae Weems. Biographies JO ANN CALLIS Née 1940, Cincinnati, Ohio, États-Unis Jo Ann Callis vit et travaille à Los Angeles. Apres des études de beaux-arts à UCLA, elle commence à enseigner à CalArts où elle contribue toujours au cursus ‘Photography and Media’. Lauréate du Prix Guggenheim en 1990, et de trois NEA Fellowship, son travail sera exposé plus de 100 fois aux États-Unis et figure aujourd’hui dans les collections permanentes de musées américains tels le MoMA (NY), le J. Paul Getty Museum (LA), le Corcoran (Washington DC), George Eastman House (Rochester), LACMA (LA), SFMOMA (San Francisco), pour n’en citer que quelques-uns. En mars 2018, la Galerie Miranda a présenté sa première exposition personnelle en Europe. Les oeuvres de Jo Ann Callis sont présentés par la Galerie Miranda en collaboration amicale avec la ROSEGALLERY de Santa Monica. JAN GROOVER Née 1943, Plainfield, New Jersey, USA – décès 2012, Montpon-Ménésterol, France Jan Groover a étudié la peinture et le dessin à la Pratt Institute de New York et l’Ohio State University, avant de se consacrer vers la fin des années 60 à la photographie. En 1978 une bourse de la NEA lui a permis d’acheter un appareil photo à la chambre; en 1979, elle est Lauréate du Prix Guggenheim. Son oeuvre a fait l’objet de plus de 50 expositions personnelles dont une rétrospective mi-carrière en 1987 au MoMA et une grande rétrospective en 2017 au Musée de l’Élysée de Lausanne, Suisse. Ses tirages figurent dans de nombreuses collections prestigieuses. En 1991, avec son mari peintre Bruce Boice, Groover s’est installée en France où elle a poursuivi ses expérimentations avec différentes techniques de tirage, notamment le platine palladium. Elle est décédée en 2012 à l’âge de 69 ans, à Montpon-Ménestérol, France, Galerie Miranda présentera une sélection de magnifique et rares tirages chromogéniques d’époque de sa célèbre série ‘Kitchen Still Lifes’ (1978-1979) ainsi que deux tirages d’époques chromogéniques de sa série de natures mortes, ‘Untitled’ (1987). DatesSeptembre 1 (Jeudi) 23 h 00 min - Novembre 13 (Dimanche) 6 h 00 min(GMT-11:00) LieuGalerie Miranda21 rue du Château d’Eau 75010 Paris Galerie Miranda21 rue du Château d’Eau 75010 ParisOuvert du mardi au samedi de 12h à 19h ou sur rendez-vous Get Directions CalendrierGoogleCal Fondation Henri Cartier Bresson79, rue des Archives 75003 Paris mar08nov(nov 8)11 h 00 min2023dim12fev(fev 12)19 h 00 minJan GrooverLaboratoire des formesFondation Henri Cartier Bresson, 79, rue des Archives 75003 Paris Détail de l'événementArtiste singulière, Jan Groover (1943-2012), d’origine américaine, a eu un impact considérable sur la reconnaissance de la photographie couleur. Cette exposition, première rétrospective à lui être consacrée depuis sa mort Détail de l'événement Artiste singulière, Jan Groover (1943-2012), d’origine américaine, a eu un impact considérable sur la reconnaissance de la photographie couleur. Cette exposition, première rétrospective à lui être consacrée depuis sa mort en 2012, donne à voir l’évolution de son oeuvre, de ses polyptyques originels aux natures mortes qu’elle réalisera toute sa vie. Grâce à la donation des archives de Jan Groover à Photo Elysée (Lausanne) en 2017, cette exposition, présentée en 2019 à Lausanne, rend hommage à une artiste qui s’est en permanence renouvelée, s’inscrivant ainsi dans l’histoire de la photographie. Jan Groover a commencé la photographie comme par défi. Constatant que « la photographie n’était pas prise au sérieux » aux États-Unis dans les années 1960, elle s’éloigne de la peinture abstraite, qu’elle a étudiée. En 1967, Jan Groover achète son premier appareil photo, ce qu’elle qualifie comme étant son « premier acte d’adulte ». Son goût pour l’abstraction et la picturalité se retrouve cependant dès ses premières séries de polyptiques dont le sujet est démultiplié, fractionné ou caché derrière des formes opaques, jusqu’à être nié. À partir de la fin des années 1970, Jan Groover se tourne vers la nature morte, genre classique des arts picturaux, qu’elle explore jusqu’à la fin de sa vie par une diversité exceptionnelle de sujets, de formats et de procédés. Alors que la photographie documentaire est à l’honneur dans des magazines tels que LIFE, Jan Groover met à profit ses connaissances en peinture dans son travail photographique et contribue ainsi à donner à la photographie abstraite ses lettres de noblesse, produisant des clichés pour le plaisir des formes, loin de tout sens ou revendications. En plus des natures mortes, le travail de Jan Groover intègre également des séries sur le thème des autoroutes, du portrait et des fragments de corps (Body Parts). Actrice de la mutation du médium photographique vers plus de polyvalence, qualité jusqu’alors attribuée à la peinture ou au dessin, Jan Groover expérimente différentes techniques de création. Par exemple, l’usage du tirage au platine et au palladium pour ses séries de clichés urbains ou les portraits de ses proches, comme John Coplans ou Janet Borden avec qui elle est en constant dialogue intellectuel. DatesNovembre 8 (Mardi) 22 h 00 min - Février 12 (Dimanche) 6 h 00 min(GMT-11:00) LieuFondation Henri Cartier Bresson79, rue des Archives 75003 Paris Fondation Henri Cartier Bresson79, rue des Archives 75003 ParisLa Fondation est ouverte du mardi au dimanche de 11h à 19h. Plein tarif 10 € / Tarif réduit 5 € (sur justificatif) Get Directions CalendrierGoogleCal Voir Fiche Galerie Miranda Voir Fiche Fondation Henri Cartier Bresson Marque-page1
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