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Partager Partager Temps de lecture estimé : 5minsJ’ai eu la chance de rencontrer en 2019 le photographe ukrainien Boris Mikhaïlov à la galerie Suzanne Tarasiève et il m’avait dédicacé le catalogue de l’exposition d’une écriture dorée comme pour conjurer le sort et la déroute de sa nation figée dans un bleu cobalt crépusculaire (série At Dusk, 1993). Vision prémonitoire d’une histoire qui se répète et nous percute avec cette guerre qui s’enlise et la mort récente de Gorbatchev, artisan du dégel privé de funérailles nationales. Mikhaïlov fait l’objet à présent d’une exposition majeure à la MEP à l’invitation de Simon Baker autour de plus de 20 séries emblématiques d’une mémoire devenue irréversible. Ingénieur de formation, l’artiste aborde la photographie en autodidacte et de manière radicale et subversive. Membre fondateur du collectif dissident Vremya à l’origine de l’Ecole de Photographie de Kharkiv en réponse à l’idéologie du réalisme soviétique. Si le groupe se dissout il aura une influence forte sur les générations à venir avec cet état d’esprit d’insurrection insufflé par Boris Mikhaïlov qui, régulièrement traqué par le KGB et suspecté d’être un espion, voit ses appareils confisqués. De la série « Red », 1968-75Tirage chromogène, 45,5 x 30,5cm© Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn.Tate: Acquis avec l’aide du Art Fund (avec la contribution de laWolfson Foundation) et Konstantin Grigorishin 2011. De la série « Yesterday’s Sandwich », 1966-68. Tirage chromogène, 30 x 45 cm© Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn. Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève, Paris. De la série « Dance », 1978. Tirage gélatino-argentique, 16,2 x 24,5 cm© Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn. Courtesy GalerieSuzanne Tarasiève, Paris. Le parcours met volontairement en avant les nombreuses expérimentations et innovations techniques et conceptuelles de l’artiste plutôt que de s’enfermer dans un prisme chronologique et documentaire. L’accident, le hasard, les imperfections, guident Mikhaïlov tout comme l’image pauvre à rebours d’une vision lisse et glorieuse dominante. L’artiste commence dans les années 1960 par retoucher ou rehausser de peintures des photographies de commande pour arrondir ses fins de mois. Une colorisation qui va bientôt devenir l’une de ses marques de fabrique comme dans les séries Luriki (1071-1985) et Sots art (1975-1986). Détourner les codes et symboles de l’idéologie soviétique avec Red, ce rouge omniprésent, célébrer les anti-héros (série Dance), parader en uniforme (National Hero) et capter cette délinquance programmée au lendemain de la Chute du Mur, ce rêve qui tourne court comme avec les 400 portraits poignants de Case History, ces spectres du capitalisme en plein dérive qui n’hésitent pas à brader à la sauvette du cappuccino ou des enfants dans les rues de Kharkiv. De la série « Salt Lake », 1986Tirage chromogène, ton sépia, 75,5 x 104,5 cm© Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn.Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève, Paris Mais plutôt que de tomber dans une vision sombre et désespérée, l’artiste sait faire jaillir humour et tendresse de ces tragédies comme avec ces baigneurs du lac pollué de Sloviansk (Salt Lake), autrefois réputé pour ses eaux aux vertus thérapeutiques qui restent insouciants et regardent du côté de Robert Doisneau. Il y a aussi ces bourgeois singés par l’artiste lui-même et sa compagne Vita dans Crimean Snobbism. Un groupe d’amis passent l’été dans la station balnéaire de Gurzuf comme le faisaient les intellectuels russes au 19ème siècle et reprennent les codes oisifs et poseurs des dandys. C’est par cette distanciation et cette mise en scène que l’artiste dévoile son talent de performeur, une facette de son œuvre jusqu’ici peu révélée. Avec I Am Not, il se mesure aux stéréotypes liés à la masculinité triomphante du régime soviétique, largement véhiculée également par la culture occidentale. Avec If I Were a German il revisite les tabous liés à l’invasion allemande et l’idéologie nazie par le truchement de jeux de rôles ambigus auxquels participe également Vita dans le cadre du groupe dissident « Fast Reaction » qu’ils fondent au début des années 1990. De la série « Case History », 1997-98Tirage chromogène, 172 x 119 cm© Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, BonnCourtesy Galerie Suzanne Tarasiève,Paris Si l’artiste aborde frontalement le théâtre de la guerre, il en suggère l’impact avec ce temps qui ronge les ruines de l’histoire par l’évocation très graphique du naufrage du bassin minier du Donbass (Promzona) ou des séries aux couleurs sépia comme By the Ground, scènes de rues rehaussées de brun ou nostalgie figée d’un temps devenu « visqueux » avec l’emblématique Viscidity sorte de poème visuel entre le mot et l’image sur de simples feuilles de papier. Un désenchantement qui flirte avec la mort dans Temptation of Death autour de ce crématorium à Kiev qui ne verra jamais le jour. De la série « At Dusk », 1993. Tirage chromogène, 66 x 132,9 cm© Boris Mikhaïlov, VG Bild-Kunst, Bonn. Courtesy Galerie Suzanne Tarasiève, Paris Alors que reste-il de nos idéaux, de nos luttes, de nos atermoiements, de nos compromissions ? De simples albums dont les grains et les textures, les tâches et les déchirures n’en finissent pas de nous hanter : Diary, 1973-2016. INFORMATIONS PRATIQUES La Maison Européenne de la Photographie5/7 Rue de Fourcy 75004 Paris mer07sep(sep 7)11 h 00 min2023dim15jan(jan 15)20 h 00 minBoris MikhaïlovJournal ukrainienLa Maison Européenne de la Photographie, 5/7 Rue de Fourcy 75004 Paris Détail de l'événementLa MEP est fière de présenter la plus importante rétrospective consacrée à l’artiste ukrainien Boris Mikhaïlov (né en 1938 à Kharkiv). Aujourd’hui considéré comme l’un des artistes contemporains les plus Détail de l'événement La MEP est fière de présenter la plus importante rétrospective consacrée à l’artiste ukrainien Boris Mikhaïlov (né en 1938 à Kharkiv). Aujourd’hui considéré comme l’un des artistes contemporains les plus influents d’Europe de l’Est, il développe depuis plus de 50 ans une oeuvre photographique expérimentale autour de sujets sociaux et politiques. La pratique pionnière de Boris Mikhaïlov est aux frontières de la photographie documentaire, du travail conceptuel, de la peinture et de la performance. Il mène depuis les années 60 une réflexion sur les bouleversements qui ont accompagné l’effondrement de l’Union soviétique et les conséquences, en Ukraine, de sa dissolution. Conçue en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition rassemble plus de 800 oeuvres et présente une vingtaine de ses séries les plus importantes, jusqu’aux plus récentes. Mikhaïlov a élaboré son propre langage artistique au fil de différentes séries bien distinctes et très variées en termes de technique, de format et d’approche. Dans une oeuvre foisonnante qui se révèle impossible à classer, il bouscule les codes, utilisant la photographie documentaire à des fins conceptuelles. Croisant les procédés, il fait dialoguer photographies et textes, mais aussi les images entre elles dans des surimpression et diptyques, il utilise également le flou, le cadrage ou la colorisation pour ajouter une lecture tantôt ironique, poétique ou nostalgique à certains tirages. Les séries produites à l’époque où l’Ukraine faisait partie de l’Union soviétique déconstruisent les images de propagande, interrogent la mémoire collective, et reflètent les contradictions sociétales qui existent alors. Dans « Yesterday’s Sandwich » (à partir de 1965), l’artiste montre une réalité double, ambiguë et poétique, juxtaposant beauté et laideur. Dans « Red » (1968-75), il souligne l’omniprésence de la couleur rouge, évoquant le régime communiste et la façon dont celui-ci s’immisce dans les consciences individuelles et les représentations sociales. « Luriki » (1971-1985) et « Sots Art » (1975-1986) sont une réflexion cynique sur la manière dont les images de propagande idéalisent artificiellement la réalité. Les dessous de l’utopie prosélyte sont également dévoilés dans « Salt Lake » (1986), images de baigneurs prises clandestinement au bord d’un lac pollué, dans sud de l’Ukraine. Boris Mikhaïlov utilise l’humour comme une arme de résistance à l’oppression et un moyen d’émancipation potentielle. À une critique frontale de la société, il préfère l’autodérision et l’ironie et réalise des autoportraits provocateurs, présentés dans « Crimean Snobbism » (1982), « I am not I » (1992), « National Hero » (1992) ou encore « If I were German » (1994). D’autres séries réalisées pendant et après l’effondrement de l’URSS – telles que « By the ground » (1991), « At Dusk » (1993), « Case History » (1997- 1998), « Tea, Coffee, Cappuccino » (2000-2010) ou « The Theater of War, Second Act, Time Out » (2013) – se veulent un témoignage de l’échec du communisme et du capitalisme en Ukraine et mettent en lumière les origines de la guerre actuelle. La série emblématique « Case History » dresse un tableau dévastateur des personnes privées de leurs droits à Kharkiv, laissées sans abri par la nouvelle société capitaliste. « The Theater of War » documente avec force l’occupation de Maidan Nezalezhnosti, la place centrale de Kiev, lors de violentes manifestations inextricablement liées au conflit actuel. Par son traitement sans concession de sujets controversés, Boris Mikhaïlov démontre le pouvoir subversif de l’art. Depuis plus d’un demi-siècle, il témoigne de l’emprise du système soviétique sur son pays, construisant un récit photographique complexe et puissant de l’histoire contemporaine de l’Ukraine qui, à la lumière des événements actuels, est d’autant plus poignant et éclairant. L’exposition rassemble plus de vingt séries, la plupart jamais vues en France, provenant toutes d’institutions prestigieuses ou de la collection personnelle de Mikhaïlov. Projections et installations monumentales, petits tirages d’époque, livres d’artiste, épreuves peintes à la main, tableaux mis en scène… L’accrochage dévoile la richesse d’une oeuvre radicale croisant les techniques et les genres à mesure qu’elle scrute le visage changeant de l’Ukraine. DatesSeptembre 7 (Mercredi) 22 h 00 min - Janvier 15 (Dimanche) 7 h 00 min(GMT-11:00) LieuLa Maison Européenne de la Photographie5/7 Rue de Fourcy 75004 Paris La Maison Européenne de la Photographie5/7 Rue de Fourcy 75004 ParisMardi, mercredi et vendredi de 11h à 20h , le Jeudi de 11h à 22h et le week-end de 10h à 20h. Fermeture des caisses 30 minutes avant Fermeture. Entrée : Plein Tarif : 10 € / Tarif Réduit : 6 € Get Directions CalendrierGoogleCal Voir programmation de la MEP Favori1
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