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Notre invitée de la semaine, l’agent de photographes et co-Présidente de l’Association Les Filles de la Photo, Sabrina Ponti partage avec nous son coup de cœur pour le travail de la photographe française, Florence Chevallier. Dans les années 80, elle participe à la création du mouvement Noir Limite et expérimente des sujets tels que l’intimité, l’interdit ou le sacré. Sa première création collégiale « Corps à corps » jugée scandaleuse sera censurée en 1987. À l’occasion de cette carte blanche, Sabrina Ponti partage avec nous une sélection de trois séries réalisées par Florence Chevallier.

L’expérience personnelle et universelle est au cœur du travail de Florence Chevallier. Co-fondatrice du mouvement Noir Limite à la fin des années 80 avec Yves Trémorin et Jean-Claude Bélégou, elle développe son expérimentation en repoussant les limites du photographiable (la sensation, l’intimité, l’interdit, le sacré…) et les modalités de restitution de son travail. La première création collective scandaleuse « Corps à corps » fut immédiatement censurée en 1987. C’est grâce au soutien de Bernard Lamarche Vadel que le collectif peut montrer le fruit de son travail en 1989 et à celui de Jean-Claude Lemagny, au travers d’un texte fort, qu’il emprunte le chemin de la reconnaissance.

Florence Chevallier présente son travail Le Bonheur après la dissolution de Noir Limite en 1993. Elle réalise des tableaux mettant en scène un couple dans des postures figurant le bonheur conjugal. La lumière magnifique, les postures très posées, le décor presque théâtral nous emportent dans une ambiance cinématographique. Ce faux paradis est le lieu de la confrontation ou de la cohabitation ironique de deux solitudes. On se demande s’il reste encore quelque chose à sauver dans ce couple et pourtant, on est ébloui par chacune des compositions de Florence Chevallier.

Le deuxième volet de la série Enchantement II est le travail de Florence Chevallier qui m’a le plus émue. Ses images, enfermées dans des cadres noirs tels des fenêtres, montrent le souhait de la photographe de sortir du champ et de proposer une vision composite de son sujet. Elle pose un couple sur la surface verte d’une nature luxuriante qui contraste avec les aplats noirs des cadres. Elle met en récit deux êtres qui déambulent, occupent l’espace et fortuitement peuvent se croiser. Le couple, reconnecté au vivant, n’est plus enfermé dans une posture mais laisse apparaître un possible compagnonnage même si celui-ci peut être éphémère. Elle expose Enchantements en 1998 au Musée Niepce lorsqu’elle gagne le prix éponyme.

Et plus récemment, Eblouissement, les cueillettes photographiques de Florence Chevallier nous embarquent dans un herbier enchanteur, presque surnaturel. Ce ne sont ni des natures mortes ni un inventaire d’herbes folles mais une collection personnelle de petits bijoux merveilleux que l’on aimerait avoir sur son mur, comme un rappel de la magie qui s’offre à nous pour autant que l’on prenne le temps d’observer et de se laisser éblouir.

LIENS UTILES
https://www.florencechevallier.org/lebonheur1993
https://www.florencechevallier.org/enchantement2
https://www.florencechevallier.org/eblouissement2020
https://www.florencechevallier.org/eblouissementvolume2

La Rédaction
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