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Cet automne, les révélations des lauréats de différents prix consacrés à la photographie se succèdent. La semaine dernière nous partagions le palmarès 2022 du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre, l’Académie des Beaux-Arts annonçait qu’Olivier Jobard était l’heureux lauréat de la 14ème édition du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière avec son projet « Souvenirs d’une vie envolée, ma famille afghane », et ce soir c’est au tour de la revue 6 MOIS de récompenser le photographe iranien, Farshid Tighehsaz à l’occasion de son 3ème prix consacré au photojournalisme.

Olivier Jobard, 14ème lauréat du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière

Sima, la cadette a fait son entrée en classe FLE (Français Langue Etrangère). Lycée Les Etablières, La Roche-sur-Yon, mars 2022. © Olivier Jobard / MYOP

Aziza (21 ans), Mehrab (19 ans), Sorhab (18 ans) et Sima (17 ans) sont accueillis dans un centre de vacances. Ils appellent quotidiennement leur mère Massouma restée seule en Afghanistan. Piriac-sur-Mer, septembre 2021. © Olivier Jobard / MYOP

Tous les deux ans, l’Académie des Beaux-Arts réunit un jury de professionnels pour sélectionner le ou la lauréate du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière doté de 30.000€. Pour cette 14ème édition, le jury a choisi le projet d’Olivier Jobard parmi 24 candidatures présélectionnées et et les dossiers de William Daniels, Claude Iverné et Pierre de Vallombreuse en sont les heureux finalistes. Cette dotation permet au photographe lauréat de mener à bien un projet photographique qui sera présenté dans deux ans à l’occasion d’une grande exposition à l’Institut de France. On pourra d’ailleurs découvrir le travail du lauréat précédent, Pascal Maitre, à partir du 20 octobre prochain dans le cadre du festival PhotoSaintGermain.

« Hier, Sima, Aziza, Merhab et Sorhab ont dû tout quitter en une journée. C’était à l’été 2021, au retour des Talibans. Alors que se mettait en place un pont aérien depuis Kaboul, les quatre frères et soeurs ont fui Hérat sans rien emporter avec eux. Ils ont rejoint la capitale et ont fendu la foule pour atteindre l’aéroport. En France, ils ont retrouvé leur frère aîné Ghorban, dont j’ai suivi le parcours pendant dix ans, de son arrivée jusqu’à son entrée dans l’âge adulte. Depuis le 25 août dernier, Sima, Aziza, Merhab et Sorhab vivent à La Roche-sur-Yon où ils ont été accueillis. […] À travers l’histoire de la fratrie Jafari, je veux mettre en images les sentiments de perte et de déracinement qui accompagnent cet exil. […] Je m’attacherai à retrouver les traces de leur passé dans ce nouvel Afghanistan des Talibans. Cet album de souvenirs altérés sera confronté à ce qui peuple leur nouveau quotidien français. »

Farshid Tighehsaz, lauréat du 3ème prix 6 Mois du Photojournalisme

Labyrinth © Farshid Tighehsaz

Labyrinth © Farshid Tighehsaz

Il y a 3 ans, la revue du photojournalisme 6 MOIS, lançait son premier prix photo. Ce soir, le nom du lauréat Farshid Tighehsaz a été dévoilé. Le photographe iranien remporte la dotation de 10.000€ pour sa série « Labyrinth », un récit visuel sur la jeunesse d’Iran. Dans ce sujet, le photographe iranien raconte la vie à l’ombre d’un régime théocratique. Quarante ans après la révolution iranienne, le photographe dévoile l’intimité d’une société qui se débat entre pauvreté et dépression, qui étouffe sous les interdits. Prises pendant près d’une décennie jusqu’en juin 2022, ces images semblent annoncer le vent de colère qui traverse aujourd’hui son pays.

Dix dossiers finalistes ont été sélectionnés parmi 145 candidatures venues de plus de 30 pays : Caimi&Piccinni (Ukraine 2013-2023), Pablo E. Piovano (Mapuches, The awakening of ancient voices), Ta Mwe (Revolution in Myanmar), Alfredo Bosco (Son’s shadow), Anastasia Taylor-Lind et Alisa Sopova (5k from the Frontline), Tiina Itkonen (Piniartoq, hunter), Nicoló Filippo Rosso (Exodus), Camille Lenain (Djinn) et Fabiola Cedillo (Human).

Cette rentrée, dans le secteur du photojournalisme et du documentaire, les femmes photographes peinent à gagner en visibilité. Sur les trois prix que nous venons de citer plus haut, les résultats se conjuguent essentiellement au masculin pluriel…

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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