L'Invité·e

Carte blanche Grégoire Eloy : Conversation avec Stéphanie Lacombe

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Toute la semaine, notre invité, le photographe Grégoire Eloy, a choisi de partager avec nous, des conversations vidéo avec des invité·es de son choix autour de projets photographiques. À l’occasion de sa dernière carte blanche, notre invité de la semaine, Grégoire Eloy s’est entretenu avec Stéphanie Lacombe pour parler de sa série « Somme toute » réalisée dans le cadre de la grande commande photographique de la Bibliothèque nationale de France. La photographe dresse le portrait des habitants de Flixecourt et de leur cité ouvrière.

”On naissait, on travaillait, et on mourait Saint-Frères”. L’industrie du textile a nourri durant près de 200 ans les ouvriers de la vallée de la Nièvre. Les usines de Flixecourt ont définitivement arrêté leur activité il y a une vingtaine d’années, laissant sur le carreau les habitants de cette région rurale. Depuis, la création d’une bretelle d’autoroute a permis de redynamiser la ville, avec l’implantation d’une nouvelle zone d’activité offrant des postes d’intérim dans le tertiaire. Des emplois ont donc bien été créés, mais il n’y en a pas pour tout le monde. Dans la Somme, le taux de chômage est au dessus de la moyenne nationale et une personne sur trois a moins de 25 ans. Les jeunes subissent particulièrement la ségrégation résidentielle et scolaire, ce qui produit un vrai fossé social qui reste à combler. Pour la BNF, j’ai rencontré des habitants qui se situent en marge du marché du travail, ceux qui en sont dépourvus et ceux qui parlent davantage de leur ”reste à vivre” que de leur pouvoir d’achat. En période de crise et d’inflation, je me suis demandée comment les familles gardent-elles la tête hors de l’eau pour se nourrir, se déplacer, accéder à l’emploi et continuer à se divertir ? Dans ces territoires qui cumulent les difficultés depuis des générations, je voulais montrer cette économie parallèle de la débrouille, de l’entraide, où les solidarités locales et intergénérationnelles sont particulièrement ancrées, mais où parfois aussi, le renoncement a pris le pas sur la résilience.

Kévin est couvreur en formation, il aime monter sur les toits. De là-haut, il regarde sa ville. Il l’adore. La passagère, c’est Lucy. Le petit voisin, à l’arrière, c’est un peu comme leur gosse. Pendant les vacances, ils le trimballent partout. Ils sont comme une famille, c’est rigolo. Pourtant Kévin ne se mariera jamais. « C’est beau juste un jour l’amour. » © Stéphanie Lacombe

En savoir plus :
https://lacombestephanie91e7.myportfolio.com/somme-toute-essai

La Rédaction
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