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Une 3ème édition test à Bruxelles qui tient ses promesses autour d’une liste de galeries très internationale avec comme nouveauté 2023 d’autres mediums présents en lien avec la démarche vidéo, les chambres de l’hôtel étant plus spacieuses. Cela rassure les galeries comme le précise Haily Grenet, directrice de la foire, qui se félicite de cette étape franchie dans une ville si dynamique. Cinq cartes blanches sont offertes à des artistes sans galeries (Bisou magique, Mayura Torii, Lina Laraki…) selon l’ADN de tête chercheuse de la foire. A noter que le Total Museum of Contemporary Art de Séoul présentera en novembre une sélection de vidéos primées lors d’éditions précédentes dans le cadre d’un partenariat.

Un large programme d’évènements complétait l’offre du Week-end dans le cadre du parcours VIP, comme l’espace d’exposition Cloud Seven de Frédéric de Goldsmith, les 40 ans de la galerie Albert Baronian à la CAB Fondation ou le solo show de Francis Alÿs au WIELS. Collectionneurs et amateurs français venus en nombre !

Incontournables :

Galeria Valeria Cetraro (Paris) Carla Adra
« Sonde »

Filmées dans le décor de l’ancien siège du Parti Communiste d’Oscar Niemeyer à Paris, les femmes qui prennent la parole sont toutes âgées de 60 ans et plus. Elles disent leur trajectoire faite de ruptures, de choix décisifs, d’ambivalences, entre passé et futur. A rebours du jeunisme ambiant, la caméra se penche sur l’épiderme qui vieillit, les rides, le corps caché. Des témoignages impactants dans un cadre institutionnel selon la démarche engagée par l’artiste.

Luis Adelantado (Valencia) Alex Reynolds – en collaboration avec Alma Soderberg (chorégraphe)
« La main qui chante »

De l’extraction du chêne-liège lors de la récolte annuelle en Estrémadure, au battement d’ailes d’un oiseau dans le ciel, à la bouche d’un interprète et aux mouvements de la main, l’artiste tisse un faisceau de correspondances narratives et sensorielles. Du haut d’une terrasse, des mots sont prononcés en espagnol et en anglais alors que se détache en toile de fond le Palais de Justice de Bruxelles. La cinéaste espagnole a rencontré la chorégraphe Alma Soderberg à Bruxelles en 2016 et bien que venant d’horizons différents, leur travail se rejoint dans une même obsession autour de la tension entre l’oralité et la vision et comment l’écoute peut être une étape pour aller vers l’acte de voir en profondeur.

Nadja Vilenne (Liège) Valérie Sonnier

Si Victor Hugo développe une passion proche de l’addiction pour le spiritisme, espérant entrer en communication avec sa fille Léopoldine tragiquement disparue, et poursuivant la conversation avec de nombreux esprits, Valérie Sonnier est partie à la rencontre de ces lieux hantés entre la place des Vosges et Hauteville House à Guernesey. Sa caméra se fige sur les objets, les décors, les détails à la recherche de l’insaisissable, de l’invisible, jouant avec les codes de la photographie spirite très en vogue au début du siècle. La figure du spectre fascine et se dissout dans le grain des images.

22,48m² (Paris) Jonathan Monaghan

22.48 M² X JONATHAN MONAGHAN (2020) © The artist

Den of Wolves (la tanière des loups) est une fable contemporaine, une dystopie où le Capitole Etatsunien après être déboulonné par des fous furieux est le pivot central d’un capitalisme décomplexé et désincarné, d’une blancheur extrême où les marques ont remplacé les humains. Il flotte comme un parfum de catastrophe malgré cet univers très aseptisé. Des loups, aux allures de policiers richement parés, s’emparent de symboles princiers (la cape, le sceptre) dans les allées vides de supermarchés. Leurs yeux brillent d’une lueur suspecte. Des cyber-chiens d’un voyage sans retour. Entre esthétique du jeu vidéo et architecture baroque, l’artiste convoque de multiples références autour des notions de pouvoir d’autorité et de surveillance.

Aline Vidal (Paris) Elika Hedayat

Jeux d’enfant est le récit puissant de l’expérience traumatique de la guerre Iran-Irak à partir de témoignages recueillis par l’artiste, diplômée du Fresnoy. Des scénettes où de jeunes iraniens racontent comment un objet les rattache à leurs souvenirs du conflit. Une histoire collective et individuelle de l’exil et de la perte qu’elle met en scène à partir de la vidéo mais aussi du dessin, de la performance ou de l’installation.

Galerie C (Neuchâtel, Paris) Jean-Christophe Norman

« Je vais d’un livre à un autre, d’un fragment à un autre fragment. De la même façon, je traverse les villes de par le monde. Et d’une façon identique, je traverse la vie, en tentant de laisser quelques traces. Ce qui, somme toute, est déjà bien assez. » déclare l’artiste pour qui les livres sont des compagnons de route. Brouhaha est le nom d’une performance filmée où l’artiste parcourt Marseille avec une édition d’Ulysse de James Joyce qu’il frotte, lacère, déchire contre les murs. L’épilogue d’un long compagnonnage au cœur de nombreuses villes traversées. Des paysages dessinés sur les pages et éditions du livre complètent le dispositif vidéo comme autant de lignes invisibles qui se rejoignent.

Dorothée Nisson Gallery (Berlin) Julia Peirone

DOROTHÉE NILSSON GALLERY (BERLIN) X JULIA PEIRONE, I AM NOT BLONDE. (2022) – © The artist

L’artiste argentine, basée à Stockholm, poursuit un travail sur le genre et les injonctions de la beauté autour des jeunes filles à travers la photographie et la vidéo. Avec I am not a blonde, elle a demandé à des femmes de se maquiller à la façon de Marilyn Monroe mais sans miroir. Les bavures du maquillage deviennent alors des résistances aux canons en rigueur. Entre fragilité et force, chacune tente de trouver sa tonalité.

Bombon Projects (Barcelona) Joana Escoval

Le dispositif vidéo faisait partie de l’ensemble d’une exposition présentée en 2020 au musée Berardo de Lisbonne. L’artiste avait transformé l’espace du musée en un labyrinthe où le visiteur devait suivre une forme de dérive, de chemin tortueux, entre ombre et lumière. Au final de l’exploration sous terraine deux moniteurs vidéo en face à face surgissaient. Le regard d’un félin affronte celui d’un humain, sauf que les pairs d’yeux bordés de noir finissent par se confondre dans une lente chorégraphie immobile. Lequel va-t-il l’emporter ? Le titre All the food they shared with each other come from the forest, and the nearby rivers and streams insiste sur une dimension fusionnelle perdue avec la nature comme dans tout le travail de l’artiste.

THE GALLERY APART (ROME) X BERTILLE BAK, TU REDEVIENDRAS POUSSIÈRE. (2017), PRODUCED BY ARTCONNEXION, LILLE

– Prix Around the Video décernés par les membres du Jury
Rafaela Lopez x Gilles Drouault (Paris), Showtime (2023)
Bertille Bak x The Gallery Apart (Rome), Tu redeviendras poussière (2017) Produit par Artconnexion, Lille
Julia Peirone x Galerie Dorothée Nilsson (Berlin), Je ne suis pas blonde (2022)
– Prix Ici/Maintenant : acquisition par le fondateur
Regina José Galindo x ADN Galeria (Barcelone), No te creo (2022)
Ariane Loze x Michel Rein (Bruxelles / Paris), Si vous n’avez pas choisi A, vous choisirez probablement B (2022)
– Mention spéciale
Rebecca Allen x Arcade (Londres), Rebecca Allen (1982-1992)

ADN Galeria (Barcelone) x Regina José Galindo, No te creo. (2022) – © The artist

Around video – Art Fair
https://www.around-video.com/

Organiser votre visite :
https://www.visit.brussels/fr

A LIRE
AROUND VIDEO 2023, cap à Bruxelles : Interview Renato, Catherine Casciani et Haily Grenet

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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