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Membre du comité de sélection de Paris + par Art Basel, Florence Bonnefous présente à cette occasion une sélection en écho à l’actualité de la galerie : l’exposition de Lily van der Stokker et Eliza Douglas, la commande spéciale à Gaëlle Choisne par le Musée de l’immigration et mentorat avec Reiffers et la réunion de jeunes artistes internationaux rencontrés en Suisse et en France. Elle revient sur l’exposition-évènement de Dorothy Iannone au MuKHA d’Anvers dont elle est l’exécutrice testamentaire. A noter que la galerie vient d’annoncer la nomination de sa directrice Justine Do Espirito Santo.

Vous faites partie du comité de sélection de Paris + : qu’avez-vous remarqué cette année ?

Oui l’idée était d’accompagner Art Basel Paris jusqu’à l’arrivée dans le Grand Palais réouvert.
Le nombre de candidatures est plus important et la vraie différence se fait avec le retour d’un certain nombre de grosses galeries américaines même si les américains étaient déjà bien présents avant le Covid.
Le nombre d’enseignes françaises est toujours d’un tiers. Cela c’est fait assez naturellement.

Vue de l’exposition Parole : Eliza Douglas et Lily van der Stokker, Air de Paris

Que présentez-vous à cette occasion ?

Comme pour Art Basel l’autre foire pilier de l’année je procède toujours de la même manière avec beaucoup d’artistes (plus de 15 ). Je pars d’une pièce très présente ce qui me donne une construction, un emboitements un peu à la marabout-bout-de-ficelle-Une oeuvre qui fait penser à une autre et ainsi de suite. Une démarche assez intuitive et ludique. Je vais reprendre une partie de l’exposition actuelle avec un mur entier recouvert d’un papier peint de Lily van der Stokker sur lequel est accroché une oeuvre d’Eliza Douglas. L’ensemble est assorti de nouvelles céramiques de Mrzyk & Morceau présentées dans leur formidable exposition du MRAC Sérignan. Je montre des palmes mocassins et un gros ver de terre rose qui tient un téléphone (rires), le tout devant une peinture de Lily van der Stokker aux couleurs acidulées fluo avec écrit Thank you.

La pièce centrale est une sculpture dans l’espace à l’entrée du stand : un « workout » de Gaëlle Choisie, une machine d’exercice de gym construite avec des tubulures de chantier avec au milieu un elliptique et un écran vidéo plat posé au sol sur lequel passe très lentement un escargot.

C’est un stand avec beaucoup d’animaux et de fleurs.

Le workout avait été exposé au MAC VAL dans le cadre du projet Temple of Love. Il est augmenté de pièces nouvelles sur grillage de laiton, oeuvres appartenant à la série des Zantray, version créole du mot entrailles. Des oeuvres avec un côté un peu vaudou comme souvent dans son travail. De loin, cela ressemble à quelque chose de joli et très coloré et de près, cela ressemble plus à une sorte de magma rituel. A cela s’ajoute l’un des coquillages que l’on retrouve au musée de l’immigration dans un grand lustre réalisé avec l’aide d’étudiants en dinanderie auquel sont accrochés une centaine de gros coquillages Haïtiens, des conques, les chaînes évoquant la traite des esclaves. Le commerce des coquillages est interdit aujourd’hui, le commerce des humains aussi même s’il perdure dans certaines parties du monde. Il y a comme souvent chez elle un mélange entre une certaine joliesse : le rose du coquillage, le côté romantique et les cerclages et chaines qui nous rendent esclaves.

De plus, Gaëlle Choisie a une exposition chez Reiffers Art Initiatives avec Lorna Simpson dans le cadre du mentorat 2023. Elle est aussi en couverture du dernier Numéro Art.

Emile RUBINO Destinées 2023
(graphique de Roxanne Maillet pour Air de Paris) imprxession jet d’encre montée sur Dibond, cadre en noyer avec bords biseautés, verre
49,15 x 63,15 x 3,4 cm. Unique
© All rights reserved Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville

L’exposition des jeunes artistes Destiné.e.s

L’exposition est le fruit de rencontres et d’un faisceau de circonstances à commencer lors des Swiss Award pendant Art Basel. J’avais d’abord invité ces deux artistes Mona Filleul et Jeanne Jacob à exposer dans les bureaux de la galerie, ce que j’appelle l’Entrée des Artistes. Puis j’ai décidé de leur donner une salle entière; Aurélien Potier participait déjà à l’exposition Résistance des Fluides à Air de Paris, après la première occurrence aux Magasins Généraux. Il est de plus été sélectionné pour un solo dans la partie Emerging Gallery de Paris + avec la galerie Gianni Manhattan, jeune galerie autrichienne très prometteuse.

J’ai découvert Leila Vilmouth lors d’un jury aux beaux-arts de Paris.

Ensuite je suis tombée par hasard sur un article d’un certain Emile Rubino sur l’exposition Edouard Merino chez Jan Mot à Bruxelles. C’étaient des œuvres de Philippe Thomas signées du nom du collectionneur qui les achète. Ce jeune artiste est à la fois photographe, critique d’art et organisateur d’expos. Je lui propose donc à la fois de faire une commission sous la forme d’un portait des artistes de l’exposition et d’écrire le texte d’accompagnement. Etant donné qu’il a une exposition personnelle au KIOSK en Belgique, il accepte seulement le portrait de groupe. Les artistes sont tous venus de Suisse, de Belgique, de Marseille.. pour cette prise de vue.

Jeanne Jacob
Stumbling across my own sentences
2023
huile sur toile
160 x 130 cm
Unique
Photo Marc Domage
Courtesy the artist and Air de Paris, Romainville

Avec ce genre d’expositions de groupe propice à l’aventure des idées autour de très jeunes artistes, l’idée est de vivre avec son temps.

Plusieurs évènements sont prévus autour de cette exposition collective très stimulante comme le lancement d’un livre publié par Burn~Août et édité par Vincent Romagny « Politiser l’enfance » qui sera suivi par une performance d’Aurélien. Un moment intense et incantatoire entre la musique et le récital de poésie.

Les expositions en préparation

Je prépare trois expositions deux solos et un autre group show. En novembre Stéphane Dafflon qui spatialise sa peinture. Il avait fait une belle exposition au Frac Le Plateau.

En décembre j’organise une kermesse Guy de Cointet pour la création de l’association des Amis Guy de Cointet avec le lancement de sérigraphies en édition limitée avec l’Atelier Arcay.

Chacun pourra imprimer sa propre sérigraphie entre l’atelier et l’appel à soutien.

Mi janvier 2024, nous proposons un Group show plus politique intitulé Le Présent avec Bruno Serralongue, François Curlet, Mégane Brauer, Susanne Husky et Burn~ Aout, maison d’édition indépendante. Bruno Serralongue fait d’ailleurs partie de l’exposition des 40 ans du Frac Ile de France avec un tableau de genre, une grande photographie de la série Les Jardins des Vertus, autour de la lutte contre la construction de la piscine Olympique à Aubervilliers. Dans l’exposition de janvier il y aura d’autres luttes, notamment contre les grandes bassines à Sainte Soline.

En mars 2024 il y aura un solo show de Pierre Joseph avec des fleurs puis un Group show curaté par Xavier Franceschi pour avril.

L’exposition de Dorothy Iannone au MuHKA d’Anvers

Dorothy IANNONE Jewel 1967
Huile sur toile
97 x 130 cm
Unique
© Photo Hans-Georg Gaul
Courtesy The Estate Of Dorothy Iannone and Air de Paris, Romainville

C’est la dernière exposition à la préparation de laquelle elle a activement participé de son vivant. Elle est morte avant son ouverture. J’ai pris sur moi de maintenir l’exposition car je suis son exécutrice testamentaire. La curatrice Joanna Zielinska a été très ouverte à une proche collaboration. Je la connaissais quand elle travaillait au musée de Varsovie car nous avions organisé un grand projet autour de Guy de Cointet. Du fait que j’ai toutes les archives, Joanna a pu consacrer des vitrines à la correspondance. Pour le catalogue nous avons invité Anna Mendoza ancienne collaboratrice qui travaille à présent au Crédac, à écrire un texte spécifique sur une petite partie de la vie de Dorothy : une histoire d’amour qu’elle a vécu avec une femme, Mary Harding, avec qui elle a créé une maison d’édition intitulée The Passion Press. Dorothy est toujours associée à Dieter Roth alors qu’elle a connu d’autres histoires d’amours singulières. Je vais d’ailleurs aussi montrer des oeuvres à Paris + qui ne seront pas encore à vendre.

Quelle est votre définition du métier de galeriste ?

Des hauts et des bas ! J’ai commencé ce travail à une époque où l’écart entre la vie et l’art était très ténu. J’ai vécu la proximité entre la vie et l’art comme galeriste. J’essaie de vieillir en restant jeune.

INFOS PRATIQUES
Paris + par Art Basel
Du 20 au 22 octobre 2023
Billet
Tarif plein 40 €, réduit 27 €
Grand Palais Éphémère
https://www.artbasel.com/

Destiné.e.s
avec : Mona Filleul, Jeanne Jacob, Aurélien Potier, Émile Rubino, Leïla Vilmouth
15 octobre au 15 novembre 2023
Air de Paris
43 rue de la Commune de Paris
93063 Romainville

Komunuma
Mentorat Gaëlle Choisne / Lorna Simpson
Du 18 octobre au 18 novembre 2023
Reiffers Art Initiative
Acacias Art Center
30, rue des Acacias
75017 Paris

Dorothy Iannone
Love Is Forever, Isn’t It ?
jusqu’au 21 janvier 20214
https://www.muhka.be/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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