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Partager Partager Temps de lecture estimé : 7minsNotre invité de la semaine, le photographe et tireur Guillaume Geneste, met en avant dans cette troisième carte blanche l’importance d’un ouvrage de Denis Roche, publié en 1984 et malheureusement passé totalement inaperçu dans l’Histoire de la photographie : 12 photographies publiées comme du texte, publié par 14X18cm dans la collection « FIGVRÆ ». Un livre manifeste qui avait pour but d’affirmer que la photographie est un art… comme les autres ! © Denis Roche, 21 juillet 1989, Waterville, Irlande, Butler Arms Hotel chambre 208 Quand Denis Roche, poète, écrivain, photographe et éditeur de profession décide en 1984 de donner pour titre à un de ses livres : 12 photographies publiées comme du texte, la photographie est loin d’être considérée comme un art à part entière dans les milieux intellectuels et littéraires qu’il fréquente ; nombreux sont celles et ceux qui dans son entourage se demandent ce qu’un homme de lettres comme lui peut bien aller faire là. Cette édition de 14 X 18 cm, le quatorzième de la collection « FIGVRÆ » dirigée par Emmanuel Hocquard, a été imprimée à 300 exemplaires sur couché job, plus 5 exemplaires hors commerce sur vélin d’arches, le tout constituant l’édition originale comme il est précisé en exergue de cette publication sortie au début du printemps de l’année 1984. Dixit ce qui est inscrit dans le colophon. Dans les faits ce livre est bien sorti des presses de la SMI en mars 1984, mais il n’existera qu’en cinq exemplaires, par suite d’un malentendu entre l’éditeur, l’imprimeur et Denis Roche. Les 12 photographies ne sont accompagnées d’aucune montée des circonstances, d’aucun texte pour les commenter. Les seules phrases d’inscrites sont les légendes que Roche voulait indissociables de ses photographies, attachant sa vie durant une très grande importance à ce qu’elles soient toujours mentionnées au plus prés de leurs reproductions dans les livres ou sur les cartels lors de ses expositions. Chaque légende reprend la date et le lieu de la prise de vue où cette formule de Mallarmé placée en épigraphe : « Rien n’aura eu lieu que le lieu prend ici tout son sens ». © Denis Roche, 20 avril 1979, Paris, Rue Henri Barbusse En 1984, ce livre qui vaut avant tout pour l’importance de son titre passe de fait quasi inaperçu, et les rares textes que j’ai pu trouver s’y rapportant sont des écrits plus récents qui mentionnent certes, que Denis Roche a publié plusieurs livres de photographies présentés comme des œuvres littéraires mais où les auteurs ne relèvent, pour ainsi dire jamais, la dimension manifeste d’un tel titre qu’il serait utile d’ajouter à la charte des États généraux de la Photographie. Quand un poète et écrivain de cette envergure titre sur la couverture d’un livre, répétons le ici haut et fort pour bien prendre conscience de l’importance d’un tel acte programmatique : 12 photographies publiées comme du texte, c’est pour affirmer purement et simplement que la photographie est un art, comme l’est celui d’écrire depuis plus de 5 000 ans. Roche nous dit que cet art qui est né il y a à peine 150 ans, n’en est qu’à ses débuts et qu’il est primordial d’affirmer comme Gustave Le Gray l’avait fait à son époque que la photographie est un art au même titre que la peinture qu’il pratiqua de concert toute sa vie : « J’émets le vœu que la photographie au lieu de tomber dans le domaine de l’industrie, du commerce, rentre dans celui de l’art. » Si à peine 150 ans plus tard nous passons du vœu de Le Gray à l’allégation de Roche, c’est toujours pour mieux nous inviter à réfléchir et à agir. Denis Roche avait cette particularité d’être un intellectuel et un photographe qui écrivait sur la photographie tout en la pratiquant, et sa très grande force fut d’avoir su l’aborder de l’intérieur, nous offrant un contrepoint unique dans l’histoire de la photographie au regard de théoriciens certes croyants, mais non-pratiquants. Il n’y avait guère à l’époque qu’Hervé Guibert et Roche comme poète, écrivain et photographe pour parler de ce qui les animait dans les actes et par la pensée. Denis Roche était animé par cette idée que la photographie pouvait être traitée comme du texte et vice-versa comme il aimait si bien le dire. Chez lui, étaient encadrées et accrochées sur les murs de son appartement deux œuvres emblématiques de l’importance qu’il accordait aux liens que la photographie et la littérature entretiennent. Elles représentaient deux pages de textes distinctes extraites de son livre de poème « Le mécrit »³ , qu’il m’avait demandé de reproduire et de tirer en 30 x 40 cm. Nous étions à l’époque de l’argentique, je les avais alors photographiées et tirées sur un papier baryté argentique, dans le même format, comme je le faisais pour toutes ses photographies. Les textes devenaient images et source de réflexion. Dans le livre La montée des circonstances ⁴, sous forme d’un chapitre ayant pour titre Des images et des mots un ensemble conséquent de ses photos-textes sont reproduites. Il est important de noter qu’historiquement, il fut le premier, en 1982 quand il travaillait au Seuil, à commander à Carole Naggar un dictionnaire des photographes. Quand Denis Roche proclame que toute photographie dit avant tout « J’y étais » j’aime à l’entendre comme une vérité qui nous exhorte à nous tourner vers ce que l’on regarde plus que vers le passé. Et pour finir je laisse bien volontiers les derniers mots à Roche quand il répond implicitement au « ça a été » de Barthes dans un entretien de 2006 réalisé par Pascale Mignon et Marina Stéphanoff qui lui posaient la question : « La photo évoque un temps perdu, quelque chose qui peut être relié à la perte, à l’absence… A-t-elle rapport à la nostalgie ? Avant tout, la photo est un art. Les premiers photographes, dès 1850, sont conscients qu’ils ont à leur portée un instrument de création nouveau. Et tout de suite il y a des grands artistes parmi les premiers photographes. La nostalgie arrive plus tard dans le circuit, avec la question de la mémoire… Quand on regarde des vieilles photos de famille, des photos d’endroits où l’on a vécu autrefois et qui ont disparu. Mais la nostalgie est un accessoire dans l’histoire de la photo. La nostalgie, c’est le fait de celui qui regarde les photos, pas de celui qui les prend. » Lien avec le site de Denis : https://www.denisroche-photographe.com/ Lien avec l’entretien cité : https://www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-adolescence-2006-2-page-85.htm Photographie de la page 132 du live Le mécrit sorti aux éditions du Seuil dans la collection « Tel quel » en 1972 ¹ La montées des circonstances est un dispositif intellectuel récurent chez Denis Roche qui affirme que le seul commentaire à une photographie possible est la narration des circonstances qui précèdent l’acte photographique. ² Initiés par Jack Lang en 1981, repris par les Filles de la photos et soutenus par divers acteurs du monde de la photographie. ³ Le mécrit sorti aux Éditions du Seuil dans la collection « Tel Quel » dirigée par Philippe Sollers en 1972 ⁴ Denis Roche La montée des circonstances sorti chez Delpire en 2018 A LIRE Transversalités. Collection Poursuites et ricochets. 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