Temps de lecture estimé : 3mins

Karim Kal, Entourage A, 2017, coll. MAMC+. Photo Cyrille Cauvet. Copyright Adagp, Paris

Pour sa première carte blanche, notre invitée de la semaine, Aurélie Voltz – directrice du musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole, MAMC +, a choisi de nous parler du travail du photographe suisse, Karim Kal. Au printemps prochain, on retrouvera Karim Kal à l’occasion d’une exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson présentée dans le cadre du Prix HCB qu’il a remporté en 2023 avec sa série Haute Kabylie.

Je dédie mon coup de cœur photo à Karim Kal, dont je suis le travail depuis plusieurs années. Né en 1977 d’un père algérien et d’une mère française, Karim Kal a grandi à la campagne en Haute-Savoie, tout en rendant fréquemment visite à ses proches habitant en banlieue. Diplômé des Beaux-Arts d’Avignon puis de Grenoble, il a ensuite suivi l’enseignement de l’École de photographie de Vevey, en Suisse, jusqu’en 2003. Dans ses photographies, il dresse un inventaire de tout ce qui contraint le corps, instaure la domination, rappelle l’univers carcéral et conduit à transformer la banlieue en zone de ségrégation, confinant à une forme d’apartheid. Il montre ce que l’histoire ou la politique font à l’architecture et combien cela influe sur ceux qui l’habitent, jusqu’à renoncer à la figure humaine. Ses photographies urbaines, systématiquement effectuées de nuit, me touchent particulièrement.

Une série de « passages » entre les immeubles sont pris à hauteur de regard : ils débouchent sur un noir insondable et offrent un point de vue frontal sur le néant. Préférant une pose courte à l’aide d’un flash, l’éclairage violent des murs, sols et plafonds fait ressortir des indices d’utilisation transgressive de ces lieux. La série « Burns » retient quant à elle les traces de dérapages des motos sur les parkings, reliquats d’un ennui collectif. Les « lignes de désir », chemins ou raccourcis empruntés sur le talus en dehors des maigres trottoirs autorisés par les urbanistes, sont magnifiés par les images de Karim Kal, avec beaucoup de poésie du quotidien.

Quatre de ses photographies ont intégré la collection du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole, pour venir enrichir notre fonds de photographies urbaines (Thomas Ruff, Valérie Jouve, Rajak Ohanian…).

Karim Kal a reçu le Prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son travail sera exposé à la Fondation Henri Cartier Bresson à Paris au printemps 2025. Un ouvrage est publié à cette occasion.

INFORMATIONS PRATIQUES

mar28jan(jan 28)11 h 00 mindim13avr(avr 13)19 h 00 minKarim KalMons FerratusFondation Henri Cartier Bresson, 79, rue des Archives 75003 Paris

À LIRE
Karim Kal est le 13ème lauréat du Prix HCB

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

    You may also like

    En voir plus dans L'Invité·e