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Festival June Events : Weaver–Quintet d’Alexandre Roccoli

© Jérémy Perrin
Temps de lecture estimé : 3mins

Marjory Duprès, notre trender en danse contemporaine, continue son exploration de la onzième édition du Festival June Events qui s’est déroulé à Paris. Elle a sélectionné avec soin 4 spectacles pour les partager avec nous. Aujourd’hui, focus sur « Weaver–Quintet » d’Alexandre Roccoli.

Dans l’espace du Théâtre de l’aquarium, projetées sur un écran, entre deux escaliers, des images se succèdent. Des maîtres à tisser aux doigts noueux de deux anciennes ouvrières textiles, atteintes toutes deux de la maladie d’Alzheimer, à l’interview d’un universitaire italien sur l’histoire et la portée anthropologique du tarentulisme, le chorégraphe Alexandre Roccoli tisse les histoires personnelles et collectives de ces maux d’hier et d’aujourd’hui.

Pour exorciser le mal.

C’est bien de tissage dont il s’agit.

On devine comme une intention de donner accès au réseau de sens généré par la création.

Le médium audiovisuel et sonore laisse la place au plateau avec une création pour trois interprètes, une compositrice électro-acoustique et une créatrice lumière. Live. Là, il donne la parole aux corps agités de femmes. Les danseuses – araignées donnent à voir un maillage de langages basé sur la répétitivité du geste artisan, l’état pathologique et/ou rituel, c’est selon.

Leur regard exorbité rappelle les drogues que l’on prenait pour agrandir sa conscience et se relier au monde. En s’inspirant du tarantulisme, cette maladie propre au sud italien que l’on croyait donnée par la morsure d’une araignée et qui a donné son nom à une danse rituelle : la tarantelle, la création tend des fils métaphoriques, « des cordes de clocher à clocher; des guirlandes de fenêtre à fenêtre; des chaines d’or d’étoile à étoile… »

Les pistes de son enquête nous mettent sur les traces de gestes anciens, répétés, invoqués, déjà perdus, ou toujours résistants. On saisit toute la complexité des savoirs qui ont nourri l’imaginaire du chorégraphe, même si les formes multiples de leur apparition ne permettent sans doute pas d’en saisir toutes les facettes en un seul mouvement.

Mais la tentative est audacieuse, sensible aussi le regard qui se met en scène.

Pour parler d’un lieu d’homme de la place des femmes, de l’oubli et du coeur à l’ouvrage.

http://www.alexandreroccoli.com

A LIRE :
L’art de la fugue, Mié Coquempot
May he rise and smell the fragrance, Ali Chahrour
Weaver–Quintet, Alexandre Roccoli
> Mix, Herman Diephuis
Interview d’Anne Sauvage

INFORMATIONS PRATIQUES
Festival June Events
http://www.atelierdeparis.org/fr/june-events-est-une-fete

Marjory Duprés
Marjory Duprés est chorégraphe, rédactrice et directrice artistique de la Cie Jours dansants qu'elle fonde après un cursus transdisciplinaire en sciences humaines (sciences politiques, anthropologie, ethnoscénologie). Elle se forme en danse contemporaine à Lyon puis intègre l'Institut des RIDC de Françoise et Dominique Dupuy à Paris. Son parcours est jalonné par des rencontres avec de nombreux chorégraphes dont Susan Buirge, Christine Gérard, Nathalie Pernette, Ambra Senatore, Loic Touzé, Lia Rodriguez.... Elle séjourne à plusieurs reprises en Inde du Sud où elle effectue une recherche sur les arts et les formes de réinvention de la tradition, la danse classique tamoule, le Bharatanatyam et lʼart martial kéralais, le Kalarippayyat. En parallèle, elle collabore avec des revues d'art, avec le site Mowwgli.com et coordonne des projets en lien avec les nouvelles écritures transmédia (scène, mondes sonores, film de fiction ou documentaire, web, radio, installations et autres techniques mixtes).

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