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Rencontre avec Victoria Mann, fondatrice d’AKAA

Temps de lecture estimé : 6mins

Avec un marché africain en pleine effervescence et des initiatives nombreuses et de qualité à Paris en 2017, Victoria Mann peut être sereine à la veille de l’ouverture de la 2ème édition d’AKAA. Pari tenu pour cette franco-américaine au contact de l’Afrique dès son plus jeune âge dont la fraîcheur n’a d’égale que la détermination et la précision de ses objectifs.

9 lives : Quels sont les temps forts de cette 2ème édition ?

Victoria Mann : La foire a grandi et accueille cette année 38 galeries représentant 150 artistes qui viennent de 28 pays différents, soit 8 participants supplémentaires et une vingtaine d’artistes en plus par rapport à l’année dernière. Des galeries qui sont originaires à la fois du continent africain avec un bel équilibre entre est-ouest-nord et sud mais aussi d’Europe et des Etats Unis.
Je citerais 3 temps forts pour cette 2ème édition :

– Le 1er est cette installation monumentale dans la nef centrale du Carreau du Temple, une carte blanche offerte à un artiste avec cette année le camerounais Bili Bidjocka qui faisait notamment partie de la programmation de Documenta 14. Son installation in situ s’intitule « Enigma #55, je suis la seule femme de ma vie ».
Notre volonté est ce que cette intervention devienne une marque de fabrique de notre événement, étant donné son caractère tout à fait exceptionnel.

– Le 2ème temps fort de la foire est un hommage rendu à Ousmane Sow, le premier qui lui est marqué en France depuis son décès l’année dernière.
Réalisé grâce à notre partenaire Eiffage, il a été imaginé avec notre service culturel mais aussi les proches d’Ousmane Sow, Béatrice Soulé son agent, qui organise une exposition à la foire avec l’une de ses sculptures massives en terre cuite, plusieurs petits bronzes et des photos. Nous organisons aussi une table ronde avec des critiques littéraires et artistes proches d’Ousmane le vendredi 10, une projection de documentaires sur sa vie et son œuvre et enfin l’annonce à cette occasion que la Maison Ousmane Sow ouvrira ses portes à Dakar en mai 2018.

– Le 3ème temps est un tout nouvel espace que nous ouvrons « AKAA Underground », véritable laboratoire de pensées et pratiques artistiques.

9 lives : Portée par un fort engouement et de nombreuses manifestations parisiennes en faveur de l’art africain contemporain, Akaa surfe t-elle sur une tendance ou s’ancre t-elle dans une pensée africaine « autonome et originale » telle que revendiquée par Simon Njami, membre du comité de sélection AKAA et directeur artistique de la 12ème édition de la Biennale de Dakar ?

V. M. : Loin de nous de penser qu’il s’agit d’un effet de mode. Cela n’a pas de sens car notre vocation première est de contribuer à la construction d’un marché qui se veut stable et pérenne. Effectivement de nombreux évènements ont eu lieu en 2017 sur l’Afrique et nous en tirons tout le positif, ce qui ne veut pas dire que cela a commencé en 2017 et se termine en 2017. Cette scène contemporaine d’Afrique existe depuis longtemps, le marché lui est émergent mais je suis convaincue qu’il est en bonne voie de rester stable se développant à Paris mais aussi en Afrique aux Etats Unis, un peu partout dans le monde. Et c’est cette simultanéité qui en fait l’intérêt, sans tomber dans l’écueil de l’essentialisation en revendiquant le lien à ce continent et non sa spécificité géographique. Pour être artiste à la foire il ne faut pas obligatoirement être africain, et notre message là dessus est très clair dès le départ nous sommes une foire d’art contemporain et de design tournée vers l’Afrique. Nous fédérons autour d’une thématique. Cette année vous verrez des artistes tant d’Angola, du Mozambique et du Sénégal que des artistes français, iraniens, américains ou du Surinam. Notre but est de travailler à la pérennité.

9 lives : Qu’est ce que le AKAA Underground ?

V. M. : Situé au niveau -1, il résulte de l’idée de créer un espace de vie pour notre public qu’il puisse faire une pause, discuter avec une nouvelle rencontre ou une retrouvaille, prendre part à un échange et se sentir encore plus confortable dans la foire et enrichir son expérience. Certaines conférences et tables-rondes s’y tiendront également, en partage avec l’auditorium selon les formats. Nous l’imaginons comme un espace plus flexible où l’on peut aller et venir, sortir, revenir.
Nous y proposons des rencontres d’artistes sur un format plus intime, des ateliers, des performances, des signatures, tout en laissant cet espace café respirer. Nous y accueillerons également des plates-formes hybrides comme par exemple Maison Château Rouge qui propose un concept store avec des produits design et autres de sa sélection. Little Africa présente dans son corner son city Guide ainsi qu’une collection de papeterie. Partnership Editions qui travaille avec des artistes émergents et édite des multiples . Et enfin notre librairie AKAA.
Pour résumer AKAA Underground fonctionnera comme un laboratoire de pensées et de pratiques artistiques.

9 lives : Sur quels critères s’est opérée la sélection des 38 galeries provenant de 19 pays ?

V. M. : Nos critères sont portés par les membres de notre comité de sélection avec cette année : Azu Nwagbogu, fondateur, curateur et directeur du Lagos Photo Festival et de AAF Gallery, Dominique Fiat, galeriste à Paris, Elisabeth Lalouschek est directrice artistique et directrice des ventes d’October Gallery à Londres et Simon Njami, écrivain, commissaire d’exposition indépendant, critique d’art, essayiste et maitre de conférence.
Ils s’appuient d’une part sur la pertinence de la proposition en regard de ce lien avec l’Afrique ;
la pertinence du projet curatorial avec un équilibre entre artistes établis et émergents.
et enfin des critères d’éthique même si on ne peut pas tout cerner, la manière dont le galeriste travaille avec ses artistes, la façon dont il les soutient à plus long terme,
On travaille vraiment sur le cas par cas à partir d’une soixantaine de dossiers reçus cette année, contre 40 l’année dernière.

9 lives : Quels objectifs de développement avez vous ?

V. M. : On réfléchit toujours à un développement à l’étranger. Nous allons démarrer plus concrètement des recherches de nouveaux terrains d’investigation. Nous espérons pouvoir annoncer prochainement une nouvelle foire à l’étranger.

Infos Pratiques :
AKAA
Art & design fair
Du 10 au 12 novembre 2017
Carreau du Temple
4 Rue Eugène Spuller
75003 Paris
Horaires :
Vendredi et samedi : 11h-20h
Dimanche : 11h-18h
Tarifs :
16 € (plein), 8 € (réduit)
http://akaafair.com/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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