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Rencontre avec le chorégraphe Jonah Bokaer, le Mudam Luxembourg

Temps de lecture estimé : 5mins

C’est à l’occasion du festival Est Express co-organisé par le Centre Pompidou Metz et le Mudam Luxembourg que nous assistons à la performance du chorégraphe star américain Jonah Bokaer The Disappearance Portraits. Ayant collaboré avec des figures telles que Merce Cunningham, Tino Sehgal et Robert Wilson,Jonah Bokaer développe une oeuvre prolifique, à la croisée des formes artistiques : entre danse, vidéo, dessin, animation et installation interactive.

Centrale à toutes ces facettes, sa pratique de la danse est intimement liée à la question de l’espace. Accompagné d’une composition musicale de Soundwalk Collective, il interprète pour le Mudam sa seule création solo de l’année 2017 qui aborde notamment le thème de la migration des individus et des cultures autour de la mer Rouge.

Il a répondu à nos questions.

9 lives : En quoi l’espace du Grand Hall et l’œuvre Stone Collection de l’artiste Su-Mei Tse vous ont inspiré pour ce nouveau volet de « The Disappearance Portraits ? »

Jonah Bokaer : C’est la deuxième fois que je me produits au MUDAM | Luxembourg. J’étais déjà venu en 2012 avec un solo in-situ « Study for Occupant ». J’avais à l’époque exploité l’espace très différemment, avec un focus sur l’architecture de I.M Pei. Cette fois, les œuvres de Su-Mei Tse étaient d’une telle majesté, que j’ai décidé de tirer avantage du lieu ainsi que principalement des pièces installées dans le Grand Hall. J’ai été très ému par l’œuvre de cette jeune artiste. Et nous partageons une sensibilité et une vision commune. Avant tout, cela a été un honneur pour moi de collaborer avec une artiste de cette profondeur et de cette ampleur.

9 lives : L’univers des musées que vous investissez à l’occasion possède des caractéristiques particulières, en quoi est-ce un terrain d’expérimentation fertile ?

J. B. : En tant que chorégraphe je m’intéresse à deux éléments visuels : l’art et l’architecture. Une chorégraphie est avant tout un geste visuel, écrit. Le rapport corps/ habitat me fascine depuis toujours. Pour toutes mes performances, qu’elles soient traditionnellement présentées sur une scène de théâtre ou in-situ dans un espace ouvert et public, comme un musée par exemple, je collabore avec des artistes visuels pour la scénographie, comme c’est le cas avec Anthony McCall, Lee Ufan par exemple, ou pour rentrer en dialogue avec eux, comme cela a été récemment le cas avec Su-Mei Tse.

9 lives : Quels sont ces grands mythes qui traversent votre œuvre ?

J. B. : Je m’intéresse à la mythologie en général. Les mythes anciens me visitent. Selon mes projets et mes pièces je vais puiser dans certaines légendes du monde entier, et le plus souvent du pourtour méditerranéen. La recherche de mes racines me hante, et je suis en quête permanente. Je m’intéresse aussi aux mythes contemporains, ceux que nous fabriquons par le prisme de flot d’informations et d’images qui nous pénètrent au quotidien. Bien-sur le rapport au temps, à l’espace, sont des thèmes récurrents et que vous retrouverez en fil rouge dans l’ensemble de mon œuvre.

9 lives : Daniel Arsham actuellement exposé à la galerie Perrotin à Paris est un plasticien avec qui vous collaborez souvent, en quoi ces nouvelles technologies influencent-elles votre vocabulaire plastique ?

J. B. : A titre de chorégraphe je travaille souvent sur de nouvelles approches, et j’essai de repousser les frontières le plus possible. J’ai réalisé, créé et mis en œuvre plusieurs applications pour iPhone et tablettes en collaboration avec l’institut de Georgia Tech ou avec l’agence Pentagram par exemple. L’ensemble de ses applications sont téléchargeable sur Apple Store ou sur via mon site internet : http://jonahbokaer.net/apps/

Sur le plan artistique je n’intègre que rarement les nouvelles technologies dans mon travail. Daniel Arsham est un collaborateur de longue date et propose des instruments de design et scénique purement plastiques et nous avons développé un langage commun depuis maintenant dix ans de collaborations.

9 lives : Sur quels futurs projets travaillez-vous en ce moment ?

J. B. : Je travaille sur une nouvelle création, qui est l’opéra NEITHER, signé par Morton Feldman, et Samuel Beckett. Il s’agit d’un projet qui me tient fort à cœur. Cela fait plusieurs années que je travaille sur ce projet. Par ailleurs, je travaille sur d’autres pièces chorégraphiques mais pour le moment je préfère ne pas en dévoiler la teneur car ces projets ne verront le jour qu’en 2019. Bien-sur l’ensemble de mon répertoire continue de tourner aux Etats-Unis et à l’international, avec la participation de Julie George, bureau de diffusion à Paris.

INFORMATIONS PRATIQUES
The Disappearance Portraits
De Jonah Bokaer
11.11.2017, 20h00
50 min, Mudam Grand Hall
Danse solo et installation in situ
Accès libre sur présentation du billet couplé EST EXPRESS ou d’un billet d’entrée au musée
Chorégraphie et éléments de design par Jonah Bokaer (USArtists, Ford Foundation). Musique : The Bessarabia Ghost Tapes par Soundwalk Collective
(Evènement terminé)

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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