L'Invité·e

Où est la photographie à la télévision française ?
Le Coup de gueule de Thierry Bigaignon

Temps de lecture estimé : 3mins

Chaque fois que j’allume la télévision sur une émission culturelle, un magazine hebdomadaire ou une quotidienne, je m’émeus de ne pas y voir de rubrique, d’interview ou de reportage traitant de photographie.

Si je salue volontiers le travail de la presse écrite consacrant de nombreux articles au medium, je ne parviens pas à comprendre pourquoi les médias, et plus particulièrement les médias de l’audiovisuel, ne parlent JAMAIS de photographie, n’invitent jamais de photographes sur leurs plateaux, ni même ne montrent de livres photo. La seule émission radio consacrée à la photographie, « Regardez voir », s’est vue amputer des trois-quarts de son temps d’antenne.

Lorsque l’on prend en considération le fait que, d’une part, le champs culturel dans son ensemble peut difficilement survivre sans vitrine médiatique, que d’autre part les médias se nourrissent abondamment de contenu culturel, comment concevoir que la photographie soit laissée pour compte ?

La photo est la forme artistique la plus répandue au monde. Chacun y a accès, nombreux sont ceux qui s’y adonnent, en dilettante ou bien dans l’espoir d’en vivre. Le paradoxe est flagrant et pourtant, les émissions de grand audience comme « On n’est pas couché » ou « C à vous » ou les JT n’invitent jamais de photographes alors que ces artistes couvrent des champs extrêmement variés. La photographie peut être facile à comprendre ou totalement hermétique, mais dans tous les cas, elle sait créer l’émotion et peut déchaîner les passions.

Pourquoi les artistes déjà ultra connus, hyper médiatisés – morts le plus souvent ! – font-ils seuls l’objet d’une chronique lorsqu’on leur consacre une exposition un peu hors du commun ou une rétrospective. On reçoit les romanciers, on invite les comédiens, on écoute en boucle les titres tendance, on met à l’honneur les rares expositions muséales qui font sensation, mais les photographes ne sont jamais au sommaire.

Il faudrait offrir un tour d’horizon des expositions en cours, en province comme à Paris, permettre aux artistes de s’exprimer. Il serait bon de promouvoir le travail des galeries dont l’une des vocations est de proposer des expositions gratuites, variées, de qualité muséale, et qui permet un accès facile à la culture. Les galeristes sont des passionnés, désireux de mettre en avant des artistes qu’ils ont choisis, et se donnent pour mission d’expliquer le travail exposé, de défendre l’oeuvre de l’artiste.

La France n’est pas la seule mauvaise élève. Aux Etats-Unis, au Japon ou en Italie, nations pourtant toutes réputées pour le nombre de leurs photographes talentueux, le scénario est le même. Pourquoi le cinéma, la musique, le théâtre et jamais la photographie alors que celle-ci passionne les foules ?
Si l’argument est de dire qu’un média grand public ne peut mettre en avant des « produits culturels » chers et qu’une photographie coûte généralement cher par rapport à un ticket de cinéma, un CD, une billet de concert ou une place de théâtre, quid des livres photo, des festivals, des expositions gratuites proposées en galerie 365 jours par an !

 

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