C’est une ‘exposition de légende’ que nous propose de découvrir le MAC VAL jusqu’à la fin de l’été. « Lignes de Vie » rassemble plus de 80 artistes internationaux dans la lignée d’une programmation qui questionne les modalités et instances de construction de l’identité. Cette fois-ci, Frank Lamy, commissaire, a souhaité se tourner vers des territoires plus intimes et personnels et c’est avec notre critique Pascal Therme qu’il nous guide au sein de cette exposition.
Ce sont 80 artistes de générations et de pratiques différentes, allant de la photographie à la vidéo, en passant par la peinture, l’installation, la performance ou encore l’écriture qui se réunissent pour déconstruire, analyser, critiquer ou tout simplement interroger les phénomènes et les processus qui façonnent et légitiment l’identité ou les identités. Loin d’un geste narcissique ou autocentré, à travers elles les artistes reconstruisent et proposent, plus que de nouvelles identités, des identités choisies.
« Les oeuvres (au masculin comme au féminin) réuni-e-s dans l’exposition, font de l’autobiographie et de la biographie une matière première, plastique, générant une réflexion autour des identités, de la mise en scène et de la construction de soi. Il s’agit d’interroger les relations entre l’art et la vie, et à terme, de questionner l’effectivité de l’art, son inscription dans le réel, au travers de postures artistiques diverses qui, toutes, mettent en oeuvre (entre illustration et activation) la dissolution de cette supposée frontière. Considérant que l’identité est une fiction qui se performe, un récit multiple et fragmenté, se raconter, faire de sa biographie – de sa geste – une matière première est donc un acte de déconstruction, d’affirmation, d’ « empuissancement », de révolution moléculaire. Un geste politique de reprise en main de la narration de sa propre légende.
Le Sujet, le capitalisme, l’autoportrait se développent historiquement en parallèle et constituent autant d’éléments d’un système de domination et de contrôle global.
Déconstruire l’autoportrait, la représentation de soi, participe peut-être d’une entreprise de lutte généralisée. Écrire (quels que soient les moyens choisis de cette écriture) son autobiographie revient très certainement, et par essence, à écrire sa propre vie, à l’inventer. Autoportraits, journaux intimes, mémoires, cartographies émotionnelles, bio art et modifications corporelles, art d’attitude, autofictions, mise en scène de soi, infiltration des systèmes de représentation (T.V., cinéma, YouTube, Facebook, littérature…) et de légitimation (auteur, état civil…) autant de fictions multiples mises en actes par les artistes, autant d’outils. Cette réflexion s’inscrit dans une mise en perspective critique du narcissisme et de l’exhibitionnisme contemporain, mais également la promesse de réalisation de soi par la consommation exaltée par les forces
marketing. Il s’agit ici non pas tant de se représenter que de se construire, de s’inventer, de choisir, de refuser les assignations.
Quelle place laisser à la famille, à l’Histoire, à la transmission, à l’héritage ? Au nom propre ? Aux relations avec le vivant, avec le cosmos ? Qu’est-ce qu’une vie ? Un événement ? Quid de la destinée? Quels rôles performer ? Quels masques adopter ? Comment faire avec les autres, le genre, l’économie, le souvenir, le temps qui passe, les identités fluides, multiples, mouvantes, le morcellement, le travestissement, l’hybridation, la mise en scène, les masques, les personnages… ? » – Frank Lamy
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