Ce sont les tous derniers jours pour visiter l’exposition de la photographe polonaise Weronika Gęsicka. Si vous êtes près de Strasbourg, vous avez jusqu’au 8 juin pour découvrir « Méfiez-vous des apparences » sur les murs de la Chambre. Une exposition qui rassemble trois séries photographiques.
Son travail a été révélé au public dès 2016, lorsqu’elle remporte la même année le Prix du Krakow Photomonth Festival, le LensCulture Emerging Talent Awards et qu’elle figure parmi les finalistes du Prix Levallois. En 2017, c’est la consécration, sa série « Traces » est exposée au Festival Circulation(s), au FOAM et à Paris Photo… Ainsi, le public fait connaissance avec un travail hors norme. Avec ses projets artistiques, elle questionne la mémoire et ses mécanismes. Elle s’intéresse aux théories scientifiques à la mnémonique ainsi qu’aux troubles de la mémoire.
Son médium de prédilection est la photographie mais elle accompagne souvent ses clichés d’objets et artefacts. Une très grande partie de son travail consiste à rechercher des images d’archives dans les banques d’images, les tréfonds d’Internet ou les pages de vieux magazine sur la photographie. Une fois son image sélectionnée, l’artiste travaille soigneusement à créer des photomontages à la fois drôles et surprenants.
À première vue, ses œuvres sont des créations familières, elles font appelle à une iconographie occidentale rassurante. C’est en y regardant de plus près, que l’on se rend compte d’un déséquilibre parfaitement maîtrisant provoquant une gêne visuelle. C’est avec un travail minutieux et précis, qu’elle transforme les images vintage préalablement collecté pour y introduire des failles dans la réalité, des incohérences béantes qui suscitent doute et questionnements. Les plans sont distordus par la fusion des personnages avec le décor. De dangereux accidents menacent et fragmentent les corps, et les visages en particulier ont tendance à disparaître. L’artiste rentre sous la peau des apparences, et ce faisant, évoque les non-dits de cette société idéalisée : le patriarcat, la non-représentation des minorités, le poids des injonctions morales, la normativité de la sexualité. Elle nous amène à réfléchir sur la valeur des conceptions dominantes avec un humour grinçant.
INFORMATIONS PRATIQUES