NewsPhoto

Une édition du Prix Levallois 100% féminin !
Sara Imloul & Karina Bikbulatova récompensées

Temps de lecture estimé : 5mins

Le Prix Levallois a été remis hier soir à l’ENSP Arles, sous une chaleur écrasante. Sous la direction de Catherine Derioz et Jacques Damez de la galerie Le Réverbère à Lyon et sous la présidence du photographe britannique Rip Hopkins, l’édition 2019 a été remportée par la jeune française, Sara Imloul, pour sa série « Passages, de l’Ombre aux Images » réalisée entre 2015 et 2017. La mention spéciale a été décernée à la photographe russe Karina Bikbulatova. Une édition 100% féminine !

Le jury a été sensible à cette diversité de regards et a choisi à l’unanimité les deux photographes lauréates : « Sara Imloul tutoie de près l’esthétique des avant-gardes modernes. Ce qui pouvait devenir un piège est, grâce à une belle maîtrise, une invitation à découvrir un imaginaire sombre d’une étrange beauté. Karina Bikbulatova nous transporte dans son univers symbolique et romanesque qui, par le noir et blanc assumé, associé à des ambiances cinématographiques, font écho aux films de la Nouvelle Vague« .

Depuis mai, le public pouvait voter pour le sujet de son choix, parmi les 15 finalistes. C’est le photographe indien Zishaan A. Latif qui remporte le Prix du Public. « Dans son travail, il tresse, par la superposition et des diptyques en couleur, une vision onirique de la noyade de son monde et plus largement du monde … ! »

Prix Levallois 2019 :
Passages, de l’Ombre aux Images
Sara Imloul

Selon Edmond Jabès : « Il y a une mémoire plus ancienne que les souvenirs (…) : une mémoire qu’un geste, une parole, un cri, une douleur ou une joie, une image, un événement peut réveiller. Mémoire de tous les temps qui sommeille en nous et qui est au coeur de la création. »
Avec ma chambre photographique, j’ai procédé à des fouilles pour constituer un reliquaire intime. Une archéologie intérieure. Là où les frontières se distordent, où l’au-delà rôde pour faire le cadre sur un monde entre deux eaux.
J’ai plongé au dedans, dans un monde souterrain, dans un songe enfoui où se mêlent racines et souvenirs rêvés. Et c’est à nouveau de frontières et de perceptions dont il est question. J’ai fait émerger objets symboliques et bribes de corps pour recréer,
dans la crypte de l’atelier, fragments de rites, bestiaire, inventaire de vestiges.
Images mentales.
Passages c’est aussi photographier pour passer de l’image-mentale à l’image-objet.
Et par cet acte laisser une trace, la preuve tangible de nos passages et de nos franchissements d’un monde à l’autre, de l’Ombre aux Images.

Mention spéciale – Prix Levallois 2019 :
The two parallel
Karina Bikbulatova

Cette série de photographies en noir et blanc est à propos de deux soeurs abandonnées par leur père, et dont la réunion est impossible. La chose la plus importante est qu’elles ne connaissent pas leur lien de parenté. Elles se rencontrent une fois par an, dans un petit village, — elles communiquent, jouent, tissent des tresses l’une à l’autre, mais ne savent pas qu’elles sont soeurs. Gulshat vit dans une famille pauvre, dans un petit village. Alina vit dans la ville, étudie dans une école prestigieuse et pratique le ballet classique. Deux vies parallèles qui ne devraient jamais se croiser, selon le postulat iv d’Euclide. Et pourtant cela se produit, comme dans la géométrie hyperbolique de Nikolai Ivanovich Lobačevskij. Dans un village russe, deux lignes parallèles se rencontrent une fois par an.

Prix du public :
Withering
Zishaan A Latif

Withering est une tentative de documenter «l’état de noyade» de la plus grande île fluviale au monde : Majuli, dans l’Assam, en Inde. C’est une catastrophe provoquée par l’agressif fleuve Brahmapoutre, augmentée par les actions de l’homme, la négligence et l’irresponsabilité. Le but est de réfléchir aux conséquences plus importantes du changement climatique et aux conséquences de ce déplacement.
Une des étapes de ce projet est la documentation d’un environnement en voie de disparition, mystique et riche en culture; une communauté organique qui se présente comme un exemple alarmant de la question de la durabilité que le monde doit prendre en compte.
Majuli est engloutie dans son silence, le silence de la solitude et la résilience qu’il renferme, une masse terrestre oubliée, avec un avenir incertain et délabré. Alors que la rivière se brise, se lie et se lie encore et encore, tout comme les insulaires.

Le Prix Levallois recevra une dotation de 10 000 euros et la Mention Spéciale un boîtier numérique Olympus. Les photographies des trois auteurs récompensés seront présentées dans le cadre d’une exposition à la Galerie l’Escale de Levallois, du 4 octobre au 23 novembre 2019.

INFORMATIONS PRATIQUES
Retrouvez les oeuvres de la lauréate Sara Imloul jusque dimanche 7 juillet dans le cadre de l’exposition Prix Levallois, 10 ans !
l’ENSP (galerie du haut, 4e étage)
16 rue des arènes
13200 Arles
Parcours Voies-off (#122)
http://prix-levallois.com/

A LIRE
Découvrez les 15 finalistes du Prix Levallois et participez au vote du public !
Lancement du Prix Levallois 2019 Rip Hopkins à l’honneur
10ème édition du Prix Levallois Jeune Création photographique internationale Des expositions et des lectures de portfolios
Les Lauréats de la 10ème édition du Prix Levallois 2018 dévoilés Rencontre avec les directeurs artistiques Catherine Derioz et Jacques Damez
Bieke Depoorter, lauréat du Prix Levallois 2017

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

You may also like

En voir plus dans News