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Rencontre avec Béatrice Andrieux, commissaire, semaine de Paris Photo

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Nous avions rencontré Béatrice Andrieux en juillet cette année au CRP/Hauts de France à l’occasion de l’exposition « Inédits dans la collections » dont elle assurait le commissariat (notre interview @9Lives). Nous la retrouvons en cette semaine Paris Photo avec deux projets autour des artistes photographes : Miguel Rothschild (Parcours Saint Germain/ Maison de l’Amérique Latine) et Corinne Mercadier (le salon H). Elle nous livre aussi ses coups de coeur et rendez-vous incontournables d’un agenda qui promet d’être intense !

Commissaire d’exposition indépendante, spécialisée en photographie et en art contemporain, Béatrice Andrieux a été directrice artistique de photo basel en 2016 et a dirigé le festival Alt+1000 en Suisse en 2015.
Elle a collaboré à Paris Photo au Grand Palais et à Los Angeles de 2011 à 2014 et a été directrice artistique de Photography Show-Aipad New York en 2018. Elle a assuré différents commissariats dont Silent Significance en 2011 ; Waterland en 2009 et est co-auteure de l’ouvrage Lucien Hervé/Le Corbusier : Contact (Seuil, 2011).

Miguel Rothschild le Spectre Maison de l’Amérique latine (en collaboration avec la galerie Bendana Pinel) comment la sensation de désastre et de danger imminents sont ils traduits par l’artiste ?

Si les œuvres de la série le Spectre partent d’une fumée blanchâtre, provoquée par un feu dans une forêt du côté de Grenade, elles évoquent plus l’idée de spiritualité que de désastre et de danger imminent. Pour Miguel Rothschild, c’est la question de la représentation, de la double lecture qui l’intéresse. Lorsqu’on regarde ces grands formats, on peut aussi bien y voir une brume matinale qu’une forme spectrale. Toutes les interprétations sont possibles. Ce qu’il tente de restituer, est de l’ordre de la métaphore de l’esprit de la forêt. C’est un paysage dans lequel on suit une forme spectrale blanche dans une forêt qui devient onirique par l’utilisation des brûlures. Toute la surface du tirage photographique est parsemée de brûlures de taille différentes créant un espace tridimensionnel où apparaissent des touches de couleurs évoquant une peinture. Par son action, extrêmement minutieuse, il compose une autre perception de la réalité. L’histoire de l’art et particulièrement le romantisme allemand, très présent dans l’œuvre de Miguel, depuis son installation à Berlin il y a plus de vingt ans, demeure une source d’inspiration constante.

Corinne Mercadier le salon H : genèse et parti pris de l’exposition

J’ai toujours suivi le travail interdisciplinaire de Corinne Mercadier dont j’apprécie énormément l’approche du médium photographique et le discours qu’elle porte sur lui. Corinne m’a fait découvrir son atelier parisien que je ne connaissais pas pour me présenter ses dernières séries mais aussi ses dessins et Polaroids originaux qui sont peu connus. J’ai adoré ses travaux qui traduisent son univers singulier dans lesquels ses rêves et ses carnets ont une place déterminante. Ces anciens travaux permettent de mieux appréhender l’œuvre globale de Corinne dont les photographies récentes seront exposées sur le stand de la galerie des Filles du Calvaire à Paris Photo.  Suite à de nombreuses conversations, Corinne m’a demandé de l’aider à exposer les dessins et polaroids.  Peu de temps après, Yael Haberthal, qui a ouvert le salon H en 2013 avec Philippe Zagouri, souhaitait que nous collaborions ensemble. Je lui ai présenté les œuvres de Corinne qu’elle aussi a immédiatement aimées.  Dans le très joli espace parisien qu’est le Salon H, 27 Polaroids SX70 originaux réalisés entre 1987 et 2002 et 18 dessins de 2008 à 2014 sont exposés. Le parti pris de l’exposition consiste à mettre en évidence la pratique du dessin dans l’œuvre de Corinne.

Place du dessin dans le processus de création de Corinne Mercadier et comment cela se traduit-il dans le parcours ?

Drawing © Corinne Mercadier

Je dirai qu’il est omniprésent dans le processus de création de Corinne Mercadier qui a commencé par dessiner avant d’approcher la photographie. Elle a toujours continué sa pratique du dessin d’une part pour construire ses séries photographiques sous forme de carnets de travail et dans le même temps en rêvant des images comme je le mentionnais tout à l’heure « le crayon à la main » comme aime à le dire Corinne. Ces dessins très oniriques de la série Black Screen Drawing font réellement écho aux Polaroids que nous exposons. L’importance du dessin et de la peinture est visible particulièrement dans les Polaroids de la série Glasstypes, qui sont des photographies de peintures sur verre. On peut voir dans l’exposition l’évolution entre les Glasstypes de 1987 et ceux de 1998, d’abord des architectures liées à son amour pour Giotto, et plus tard des objets étranges…Les dessins de Black Screen Drawings résonnent aussi avec les Polaroids de la série Une fois et pas plus, dans laquelle Corinne travaille les lancers d’objets pour la première fois dès les années 2000.

Quels temps forts attendez-vous pour cette semaine de la photographie à paris ?

Paris Photo demeure un moment important pour moi depuis sa création parce que tous les acteurs du monde de la photographie s’y retrouvent. Entre plusieurs rendez-vous, j’irai voir l’exposition de la Fondation A Stichting que je visite régulièrement lorsque je vais à Bruxelles présente dans le Salon d’Honneur à Paris Photo avec des œuvres de Lewis Baltz, de Mitch Epstein et de Paolo Gasparini. L’exposition « Collective Identity » de la J.P Morgan avec le travail de Ayana V. Jackson sera aussi un grand moment. Je suis aussi très curieuse de découvrir le stand de Hauser & Wirth présent pour la première fois à Paris Photo avec des tirages d’August Sander. J’ai noté la conférence Architecture et Photographie avec David Campany.
Evidemment pour moi, les temps forts consistent à rencontrer de nombreux directeurs d’institutions afin de leur présenter mes projets curatoriaux et éditoriaux dont celui que j’entame avec Anthony Haughey sur sa série « Home ». Enfin échanger avec mes amis galeristes Frish Brandt, Howard Greenberg, Tim Jefferies, Yossi Milo, Françoise Paviot, Timothy Persons, Renos Xippas et Thomas Zander reste toujours un moment important.

À quand remonte votre 1er contact avec le medium ?

À la petite enfance. J’ai vécu au Sénégal, à Dakar, de 4 à 6 ans. Mon père avait réalisé un très bel album photo en noir et blanc où se mêlaient nos souvenirs familiaux au quotidien et nos rencontres avec la population locale lors de nos voyages dont un fabuleux en Casamance, dans une Renault 4L ! Après ces deux années solaires, le retour en France avec l’installation à Malakoff fut un choc. Quel contraste ! Je passais du temps à parcourir l’album pour y retrouver des moments joyeux dans ce pays qui m’a profondément marqué. Bien plus tard, mon mémoire de DEA qui portait sur le Land Art m’a permis de découvrir le document et la photographie d’archive, la photographie comme restitution et comme œuvre d’art avec le travail de Georges Rousse notamment.

INFORMATIONS PRATIQUES

mar15oct(oct 15)15 h 20 min2020ven10jan(jan 10)15 h 20 minThe SpectreMiguel RothschildMaison de l’Amérique latine, 217 Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris

mer06nov(nov 6)14 h 30 minven20déc(déc 20)19 h 00 minCorinne MercadierPolaroids et dessins Le salon H, 6/8 rue de Savoie, 75006 Paris

jeu07nov(nov 7)10 h 00 mindim10(nov 10)19 h 00 minParis Photo 2019Le Grand Palais, 3, avenue du Général Eisenhower 75008 Paris OrganisateurParis Photo - Reed Expositions

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Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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