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Dis moi ce que tu portes, je te dirai qui tu es…
Anatomie d’une collection, suite et prolongation

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Le titre « Anatomie d’une collection » choisi par le Palais Galliera nous rappelle que le riche fonds du musée provient avant tout de personnalités privées. Dès lors comment choisir et n’en retenir qu’une centaine de pièces ? C’est là tout le défi que s’est lancé Olivier Saillard, directeur du Palais et commissaire.

Mêler la grande histoire de la mode à la petite, de celles qui la portent et des liens entretenus entre les clientes et leurs couturiers, est l’angle choisi de cet élégant parcours qui se fond harmonieusement avec les salles restaurées du lieu depuis sa réouverture.

Des personnalités mais aussi des anonymes pour qui le vêtement a une valeur de relique ou de refuge. Les costumes de Louis XVII alors emprisonné ou le corset de Marie-Antoinette suscitent l’émotion tandis que le tailleur d’Audrey, le corsage de la Castiglione ou le chapeau-chaussure signé Schiaparelli de Gala répondent plus aux lois du désir voir d’un certain fétichisme. De riches élégantes, muses et mécènes qui jouent les it-girls avant l’heure (à l’image des Youtubeuses d’aujourd’hui) et lancent les tendances. L’on songe à la Duchesse de Windsor, Lilian de Réthy, Daisy Fellowes, Anna Gould mais aussi Inès de la Fressange ou Catherine Deneuve.

Dans la salle Carrée un vibrant hommage est rendu à Sonia Rykiel depuis son décès à travers 40 pièces qu’elle a elle-même portées. Cette créatrice avant-gardiste a inspiré de nombreux artistes et créateurs.

Dès lors c’est toute la question du corps et de sa disparition qui est au cœur du processus d’un musée de la mode. Comment montrer ces témoins chargés d’affect et de fantasmes sans trahir celui ou celle qui les incarnaient ? Comment leur redonner une âme, selon le concept de croyance développé par la sociologue Nathalie Heinich ? Olivier Saillard y répond en refusant tout simulacre ou idéalisation et en montrant le vêtement vide, tel qu’il est, assumant la radicalité de son changement de statut à son entrée au musée.

Egalement pour tenter de répondre à ces enjeux une commande exceptionnelle a été faite au photographe Eric Poitevin, peu habitué à l’univers de la mode qui a relevé le défi d’insuffler la vie à de tels habits souvent relégués aux réserves. Une relecture inédite et pertinente au delà des apparences.

EXPOSITION
Anatomie d’une collection, 2è partie
Jusqu’au 12 février 2017
Palais Galliera
Musée de la Mode de la Ville de Paris
10 av. Pierre Ier de Serbie, Paris 16e http://www.palaisgalliera.paris.fr/fr

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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