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Les Rencontres d’Arles ouvrent grand les portes d’un festival – presque – sans covid, où on retrouve enfin – presque – tous les visiteurs et professionnels internationaux qui font la richesse du rendez-vous arlésien. À l’ombre de la programmation du IN, qui propose de belles choses notamment avec entre autres Frida Orupabo ou encore la présence de photographes et d’éditeurs indiens, voici les quelques jalons que je vais recommande cette semaine. Bien évidemment, après avoir mené le projet Ukrainian Talks avec Ericka et la Deutsche Fotografie Akademie ce printemps, je ne peux que me réjouir de voir des sujets ukrainiens montrés et portés par des acteurs culturels et artistes ukrainiens. Nous parlons souvent de décolonisation, d’autonomie, de ponts culturels. Cela commence dans nos têtes à nous, avec nos choix : c’est à chacun de transposer les mots dans le réel.

« Archives as a menace, when family picture become a life threat »

Unknown photographer from family album 1944, private collection Kateryna Radchenko

Kateryna Radchenko, directrice du festival ukrainien Odesa Photo Days, parlera des photos de famille – et de fait, leur absence – comme menace dans une système politique répressif.

Jeudi 7 juillet 2022
17.30 – 18.30
Le boudoir2.0
2 bis rue de la Fontaine, Arles
https://www.instagram.com/leboudoir2.0/

(À noter, Annakarin Quinto, l’esprit derrière le boudoir2.0, organise également un atelier d’initiation au machine learning, sur réservation)

Les signatures de la librairie du Palais

Avec la librairie du Palais, Delphine Manjard a créé un irrésistible piège à livrophages, auxquels elle propose un choix de rencontres et signatures taillées pour séduire : Tito Gonzalez Garcia, Florencia Grisanti, Sergio Valenzuela-Escobedo pour « Ritual Inhabitual, Forêts géométriques. Luttes en territoires Mapuche », le jeudi 7 juillet de 11h à 12h, les signatures de David de Beyter, Thomas Mailander, Noémie Goudal pour RVB Books, Camilla de Maffei chez Anomalas, les livres de Classe Moyenne Editions, les éditions Delpire (brillamment reliftées depuis deux ans), Zoème, Amer Books…

La librairie du Palais
10 rue du Plan de la Cour
Les infos à venir sur :
https://www.instagram.com/librairiedupalais/

Affichage sauvage d’artistes italiens par Hugo Weber

Dans le coin en haut a gauche des affiches, l’inscription « Arles 2022 est transformée avec humour en « Inévitables 2022 », et donne le ton de cet accrochage sauvage ! Hugo Weber, photographe franco-italien qui a réalisé avec Denny Mollica il y a quelques années le très beau projet « 5341 », sur le quartier milanais de Boifava, annonce une proposition street et noir et blanc, avec des photographes à découvrir, dont « Le monde ou rien », de Angelo Leonardo, « Shine O » de Alessandro Zoboli.

Mercredi 6 juillet 2022, place du forum
https://www.instagram.com/hugo__weber/

« Citizens of Kyiv », par Alexander Chekmenev

Alexander Chekmenev – Citizens of Kyiv series – portrait of Kateryna Hryshchenko, 57

Alexander Chekmenev – Citizens of Kyiv series – portrait of Anna Malinina, 30

Alexander Chekmenev – Citizens of Kyiv series – double portrait of Maksym Pavliuk, 20 and Liubov Tymchenko, 17

Alexander Chekmenev – Citizens of Kyiv series – portrait of Natalia Dolinska, 35

Au sens propre, « Citizens of Kyiv » montre les icônes des premiers moments de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et a très vite dépassé le cadre de la commande du New York Times qui l’a déclenché. Les hommes, femmes et enfants qui se cachent des bombardements sont photographiés dans la continuité du projet précédent, « Deleted », portraits des sans-abris de Kyiv de 2018 à 2020 : après le 24 février, la majorité du pays devient sans-abri. D’après l’ONU, environ 7 millions d’ukrainiens ont été déplacés, et autant ont été forcés de quitter le pays : ce qui correspond à plus d’un tiers de la population. Chaque image repose sur le même procédé : pose frontale, couleurs aux teintes chaudes et dorées, clair-obscur dramatique, un effet utilisé lors de la réalisation de la couverture d’avril du Time, avec Volodymyr Zelensky. « L’éclairage pour les gens ordinaires et pour le président est le même, écrit le photographe, ça ne fait pas de différence à mes yeux ».

Le projet initial consistait à photographier ceux qui sont restés à Kyiv durant le premier mois de l’invasion. Ce sont aujourd’hui plus d’une centaine d’images qui racontent les histoires de celles et ceux restés dans les villes et villages de Kyiv et des régions de Chernihiv. La ville était si vide que le photographe a dû faire appel à son entourage : le premier portrait de la série est ainsi celui de Svitlana Petrovska—la mère de Katja Petrovska, écrivaine de prose et journaliste allemande, née à Kyiv.

Une exposition portée par Dmitry Ermakov, photographe correspondant du New York Times à Paris, et coréalisée avec Kultur Aktiv (Allemagne) en collaboration avec le centre Ta(r)dino 6 Art Platform (Azerbaijan) ainsi qu’IZOLYATSIA Platform for Cultural Initiatives (Ukraine),

« Citizens of Kyiv », par Alexander Chekmenev
Du 5 au 17 Juillet 2022
Galerie Omnius
1 Rue Vauban, 13200, Arles
t: +33 (0)6 70 59 47 23
@: galerieomnius@gmail.com
Lundi – samedi de 11 à 19h et sur rendez-vous

Rencontre «Résidence A4 : enjeux d’une résidence curatoriale croisée »

Joao Gil & Violette Maillard, Résidence A4 © Carine Dolek

Et bien sûr, #autopromo et surtout #autofierte, j’animerai vendredi la table ronde de présentation du process de la résidence A4, dans le cadre de la programmation Dress Code.

A4 est une résidence collaborative curatoriale franco-portugaise créée par le collectif Fetart, dont je fais partie, et la structure portugaise Ci.CLO. Les deux artistes, Violette Maillard et João Gil, et Virgílio Ferreira et moi, les deux commissaires, présenteront les enjeux de cette résidence croisée que nous avons créée, sur le thème de l’Oasis, et menée au printemps à São Miguel, dans les Açores. Du 18 avril au 8 mai 2022, les lauréats y ont mené à bien leurs projets respectifs : «Musa Paradisiaca», de Violette Maillard (FR) est une investigation sur la présence du bananier sur l’île de São Miguel qui a pris la forme d’une série argentique et d’un album vinyle, et « (In)visible », par João Gil (PT), est un travail multimédia explorant les parallélismes entre les stratégies médiatiques touristiques et militaires. La mise en regard des deux pratiques et des deux projets, via les deux perspectives curatoriales de Virgilio et moi, a donné une matière riche et contrastée, qui fera l’objet d’une publication – pour la partie process- et d’une exposition web – pour le résultat.

«Résidence A4 : enjeux d’une résidence curatoriale croisée »
Vendredi 8 juillet 2022
18.00 – 19.30
Fondation Manuel Rivera-Ortiz
https://mrofoundation.org

Et bonne semaine d’ouverture à tous!

A LIRE
Rencontres d’Arles 2022 : Arts vivants et Performance

Carine Dolek
Carine Dolek est journaliste, critique et commissaire indépendante. Directrice artistique de la galerie Le petit espace, Co-fondatrice du festival Circulation(s) et membre de l’association Fetart, elle préfère les questions aux réponses, et a exposé, entre autres, the Dwarf Empire, de Sanne de Wilde, The Curse - La malédiction, de Marianne Rosenstiehl, The Poems, de Boris Eldagsen. Elle est également lauréate du Young Curator Award de la Biennale de Photographie Photolux (Italie).

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