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Reconnu unanimement comme un auteur important de la scène photographique française, Bernard Descamps est né en 1947. Œuvre foisonnante, le photographe expose son travail et publie des ouvrages depuis les années 70. Personnage enjoué et pudique, aimant expérimenter le hasard et le vivant, sa photographie, sans faux-semblants, est à la fois insouciante et graphique, sensuelle, poétique, lumineuse et mystique. Intemporelle. L’œuvre photographique de Bernard Descamps est un voyage qui touche à l’essentiel… Et cette part d’éternité nous apaise.

Zoo de Bâle 1979 © Bernard Descamps

Tokyo 1994 © Bernard Descamps

La journaliste Armelle Canitrot écrivait en 2000 : Éclectique. Voici comment tous ceux qui suivent depuis des années Bernard Descamps du Sahara au Japon, des montagnes du Haut-Atlas aux pentes de l’Etna, chez les Pygmées puis chez les Peuls, et encore à Madagascar, sont parfois tentés de qualifier son œuvre. Tant la grande liberté, dans laquelle ses images chaque fois se meuvent, défie toute attente et déconcerte. Plus de 20 ans après cet article et après 50 ans de carrière, comment définiriez-vous votre travail personnel, Bernard Descamps ?

Pour ce qui est de la partie personnelle, c’est toujours en toute liberté que j’ai choisi mes sujets et bien souvent sans aucun débouché certain. Pour ma série sur les Pygmées, c’était au départ une commande d’un livre-jeunesse des Éditions Hatier, avec le texte d’un écrivain en accompagnement. Ce travail m’a donné l’envie de continuer. Le voyage m’avait beaucoup plu, j’y suis retourné quatre fois. J’ai choisi le format carré, noir et blanc, complètement anti-magazine.

Sur un sujet donné, je photographie comme je sens. Je ne me pose pas de question. Pour le peuple Pygmées par exemple, je n’ai rien lu avant, sur le sujet. J’ai lu après. Je ne voulais pas avoir d’idées préconçues. En même temps que je découvrais, je m’émerveillais devant certaines choses. J’avais la volonté d’aller à la découverte, aller à la rencontre de quelque chose. À la prise de vue, j’essaie de ne pas trop analyser. Si ça m’intéresse, je fais des photos. Le cadrage, c’est pareil. On me dit souvent que c’est très cadré, réfléchi… non, c’est instinctif. Je cadre comme je le sens par rapport au sujet. La photographie, c’est éliminer. À la prise de vue déjà, on élimine parce qu’on pourrait faire 1000 photos différentes au même endroit, et on choisit de n’en faire que 10 par exemple. On élimine aussi par le cadrage. J’ai fait des photos en Inde où mon cadrage était plutôt poétique mais si j’avais cadré plus large, ce n’aurait plus été poétique du tout ! On élimine dans le temps également. On choisit un instant, ni celui d’avant ni celui d’après. Sur la planche contact, dans l’éditing, on élimine encore. Contrairement à la peinture, où on part de zéro et où on ajoute, avec la photographie, c’est le contraire. On a tout, et on enlève pour ne garder que l’essentiel. Et moi, je vais jusqu’à enlever la couleur. Quand je photographie l’Afrique, la couleur amènerait de l’exotisme, et je ne veux que l’essentiel.

Alpes de Provence 1974 © Bernard Descamps

Vous êtes né en région parisienne, que faisaient vos parents ?

Ma mère ne travaillait pas, parce que mon père considérait que c’était à l’homme de travailler. On parle du siècle dernier… Mon père était journaliste sans avoir fait d’étude pour cela. C’était un pur produit de l’ascenseur social. Il était journaliste à l’Agence France-Presse mais il y est entré comme garçon d’ascenseur. Une sorte de groom, il était gamin. Ça devait être l’Agence Havas à l’époque. Il a gravi tous les échelons. Il a été journaliste sportif et en fin de carrière, on lui a proposé le poste de rédacteur en chef mais il a refusé, préférant, à 58 ans, partir en retraite anticipée. Il avait appris l’anglais par lui-même, à taper à la machine, et la sténo aussi. Je ne sais combien de jeux olympiques et de Tour de France, il a couvert. Le cyclisme était sa spécialité, il avait été coureur cycliste amateur.
Ma mère m’a appris beaucoup de choses sur la nature car elle était de la campagne. L’été, mon père travaillait très souvent. On partait en vacances, mon frère et moi avec ma mère dans les Vosges. On se baladait beaucoup, elle m’a fait découvrir ce qu’était la nature, les paysages, les animaux…

Madagascar 2013 © Bernard Descamps

Quel enfant étiez-vous ?

J’étais un enfant agité et curieux. Aujourd’hui on dirait, hyperactif ! À l’époque, mes parents me trouvaient nerveux. Je m’intéressais à plein de choses, des choses de la nature. J’ai collectionné les insectes et les papillons, par exemple. J’étais très observateur, actif. J’ai fait des photos d’insectes au début, quand j’avais 12, 13 ans, avec un appareil bricolé. On habitait Villeneuve-le-Roi, au pied des pistes d’Orly. Ça c’était intéressant ! J’adorais voir les avions décoller au-dessus de la maison. Les avions à hélices faisaient beaucoup de bruit et de vibrations et secouaient la vaisselle dans le buffet de la cuisine. Parfois, on allait au bout des pistes, il n’y avait pas de clôture. On s’asseyait dans l’herbe et les avions décollaient au-dessus de nos têtes. C’était génial !

Quelle est la toute 1ère photographie qui a marqué votre mémoire d’enfant ?

Ma mère et moi, 1949

Je crois que c’est la photo que j’ai mise en couverture de mon livre « Autoportrait ». C’est une photo de famille, faite par un très bon photographe. C’est ma maman et moi. J’avais deux ou trois ans.
Quand j’étais enfant, je collectionnais les images qu’on trouvait dans les tablettes de chocolat. Ces images m’ont marqué aussi. Elles étaient sépia et elles illustraient l’histoire de l’alpinisme avec des montagnes, des alpinistes célèbres. Et c’était des photos ! Christian Caujolle, quand il a créé l’agence VU, voulait remettre des séries de photos dans les tablettes de chocolat (rire). L’histoire de la photo dans les tablettes de chocolat. Je ne sais pas si ça marcherait aujourd’hui, on trouve tellement d’images partout. Je collectionnais vraiment beaucoup d’images, photos, dessins, j’avais des cahiers entiers remplis d’images. L’image était très importante pour moi, peut-être plus que les mots.
Gamin, je faisais un peu de photo. Un ami de mes parents m’avait offert un petit appareil « Lumière ». Une sorte de boîte carrée. Aujourd’hui, c’est un appareil de collection. Pas de diaphragme, pas de vitesse, et un viseur dit « sportif ». J’ai sauvé « une » image de mon enfance faite avec cet appareil quand j’avais 12 ans. C’est un singe au zoo de Vincennes qui s’est échappé et qui est passé devant moi. J’ai juste eu le temps de faire cette photo. Elle est mal fixée, elle a viré sépia. Je ne l’ai jamais exposé celle-là (rire).

Vous étiez scientifique, comment êtes-vous devenu photographe ?

J’ai toujours fait de la photo, même avant d’avoir mon poste à la Fac (chercheur en physiologie animale, NDLR). Les premières photos « sérieuses » que j’ai développées moi-même datent de 1969. J’ai eu un poste à la Fac en 1972 mais j’ai aussi rencontré Arnaud Claass (photographe et théoricien de la photographie, NDLR) la même année, et j’avais fait des petites expositions. Mes deux activités ont cohabité un moment et j’ai démissionné de mon poste en 1978. Mais en 75, j’avais déjà exposé à la BnF avec Bernard Plossu, Eddie Kuligowski et Bruno Réquillart… J’étais déjà bien inséré dans le milieu de la « jeune photographie ». Le problème était de gagner sa vie, et avec ce que je faisais comme photos… je n’étais pas près de la gagner. J’ai gardé un moment mon poste d’assistant, puis j’ai organisé des stages chez moi, à Chinon.

Paris 1994 © Bernard Descamps

Islande 2019 © Bernard Descamps

Comme tout acte artistique, l’acte photographique se nourrit de références. Références littéraires, picturales, scientifiques,… Quelles ont été vos inspirations ?

Il y a des inspirations directes comme par exemple, aller voir une exposition d’André Kertész qui va beaucoup m’inspirer, mon univers est proche du sien. Mais j’ai beaucoup été influencé par d’autres artistes comme Bob Dylan ou François Morellet. On est alors dans des univers très différents mais ils m’ont beaucoup influencé indirectement. Ce ne sont pas leurs œuvres qui ont inspiré mon œuvre, ce sont les personnes et leur art de vivre. Il y a eu François Truffaut aussi, parce que son approche est simple, directe. Claude Chabrol aussi, pour le déséquilibre, le pas de côté. Oui, ils m’ont beaucoup inspiré.

Durant toute votre carrière, vous avez photographié en noir et blanc plutôt qu’en couleur. Pourquoi ce choix ?

Peuple Pygmée Aka 1996 © Bernard Descamps

La couleur, c’est rajouter quelque chose qui n’est pas nécessaire pour moi, pour ce que je souhaite raconter. Ce pourrait même être néfaste. Le Sahara par exemple, en noir et blanc, on voit plutôt les lignes, les formes, les ombres et les lumières… en couleur, on voit essentiellement du jaune et du bleu. Les couleurs peuvent varier mais ça reste du jaune et du bleu et c’est réducteur. En noir et blanc, je vais plus vers l’essentiel et vers une possible abstraction. Dans la série des Pygmées par exemple, je n’ai pas voulu montrer « les peaux cuivrées » ou « la forêt d’émeraude ». Tous ces clichés, c’est ce que je veux éviter absolument.

Comment êtes-vous arrivé au format carré ?

Pour les mêmes raisons, je crois. J’ai remarqué que tout ce que nous voyons est rectangulaire, un écran de télé, un écran de téléphone, le cinéma, les magazines, même un pare-brise de voiture, c’est rectangulaire. On voit la réalité, à travers le rectangle. Le fait de le ramener au carré, ça rend la vision plus abstraite. Le roi des grands espaces, c’est Sergio Leone dans « Il était une fois dans l’Ouest » et les espaces sont en panoramiques, rectangulaires superbes, mais c’est une façon de voir l’espace. Ramener l’espace dans un carré, c’est une autre règle du jeu, une différence et cette différence me plait beaucoup.

Vous êtes un photographe de l’argentique. Êtes-vous un photographe qui photographie beaucoup ou au contraire plutôt peu ?

Entre les deux. Je connais des photographes qui photographient dix fois plus que moi. D’autres en font très peu, car ils savent exactement ce qu’ils veulent photographier alors que moi, pas du tout. Je ne sais pas à l’avance ce que je vais photographier. Il me faut une « rencontre ».
Et je photographie en 6X6, toutes les 12 vues, il faut changer de film, c’est plus long. Il y a des règles du jeu, là encore. Le format 6×6 a beaucoup d’avantages, mais aussi quelques inconvénients. Les appareils photo sont comme les instruments de musique, on ne joue pas la même musique selon l’instrument qu’on a choisi.

Y a-t-il une thématique récurrente dans votre travail ? La nature peut être ?

Une thématique ? Non, je ne crois pas. J’aime bien tout photographier et j’aime me donner des challenges. Il y a la nature, oui c’est vrai. Je m’intéresse d’avantage aux gens qui ont un rapport avec la nature. Je photographie très peu les villes. Je photographie les paysans, les pêcheurs, les chasseurs, des gens qui ont ce lien. En Afrique, j’ai fait une trilogie. J’ai commencé par les Pygmées qui sont des chasseurs cueilleurs, puis les agriculteurs au Maroc (le livre « Berbère » Vallées du Haut Atlas Marocain, paru en 1999 aux Éditions Filigranes, NDLR) et les éleveurs avec le peuple Peul (le livre « Le don du fleuve » Poèmes Peuls, paru en 1998 aux Éditions Filigranes, NDLR). J’ai photographié les trois directions du monde paysan. Dans d’autres pays, j’ai photographié les pêcheurs, que ce soit à Madagascar, au Vietnam… Le rapport à la nature à travers l’Humain.

Mali 1991 © Bernard Descamps

Vous avez beaucoup photographié à l’étranger (Centrafrique, Mali, Égypte, Japon, Vietnam, Islande, Inde,… ) pourtant ce que vous choisissez de photographier n’est jamais caricatural, l’essentiel est ailleurs. Qu’allez-vous chercher dans vos voyages ?

… ce que je vais chercher dans la photographie. C’est le titre de mon dernier livre, c’est photographier « Au-delà des apparences ». Dépasser la première vision des choses. Christine à une très bonne expression (sa compagne, la photographe Christine Lefebvre, NDLR). Quand on voyage ensemble, elle me dit : « avant de faire des photos, il faut tuer le touriste qui est en toi ». Et elle a raison. Devenir photographe c’est ça ! Quand tu arrives dans un pays comme l’Inde par exemple, tu peux être submergé par toutes les visions exotiques, et il faut éviter cela à tout prix. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il y a de commun entre nous. Les gens ont l’air très différents comme ça, mais finalement on a tous les mêmes soucis, les mêmes préoccupations, à peu de chose près. Dans les rapports Hommes-Femmes chez les Pygmées, par exemple, les femmes parlent très librement. Elles se plaignent des comportements masculins parfois… et on s’aperçoit qu’on est tous dans les mêmes problématiques. On veut que nos enfants réussissent au moins aussi bien que nous, voire mieux. Tous les parents espèrent ça. Résoudre les problèmes matériels. Les désirs des gens sont au fond un peu tous les mêmes. Espérer ne pas être malades, espérer vivre assez longtemps pour voir ses petits-enfants.

Comment préparez-vous votre travail, vos prises de vue ?

Sur le plan photo, je ne prépare rien. J’ai hâte d’y être ! J’aime photographier en découvrant. Techniquement, oui, on prépare toujours. Le nombre de films, avoir un matériel en bon état pour ne pas avoir de panne mais sinon non. Non… juste être en immersion et regarder en acceptant de ne rien voir pendant un ou deux jours. Photographier « au-delà des apparences » demande du temps, de rester avec les gens, d’approfondir, de laisser passer le banal pour arriver à quelque chose de plus profond, de plus essentiel.

Indémodable, inclassable… votre photographie ne s’attache en rien aux modes et autres postures. Vous êtes plutôt un solitaire et pourtant… Quels ont été vos engagements les plus importants durant votre carrière ?

Les Rencontres de Bamako (le plus grand festival de la photographie africaine, NDLR). Ça a été un engagement pour la photographie et la découverte de photographes africains comme Samuel Fosso (Bernard Descamps a rencontré Samuel Fosso en 1994, NDLR) ou Malick Sidibé et Pierrot Men, le malgache.
La mise en œuvre du festival, par Françoise Huguier et moi-même, ne fut pas simple. Nous voulions absolument éviter que cela soit un de ces nombreux « parachutage » d’une opération culturelle occidentale en Afrique. Nous avons tout fait pour que ce festival ait une identité africaine. Malheureusement, aujourd’hui, le Mali a d’autres soucis, très inquiétants. J’en suis très triste. Avant Bamako, la photographie africaine était absente des grandes manifestations, même dans de grandes expositions de portraits. À la suite de Bamako, il y eut un vrai et grand enthousiasme pour la photographie africaine, il suffit de voir la presse de l’époque pour s’en rendre compte. Et certains photographes comme Samuel Fosso, ont aujourd’hui une renommée internationale (Rencontres d’Arles, Walther Collection New York, National Portrait Gallery à Londres, Maison Européenne de la Photographie à Paris,… ). D’autres, plutôt reporters, ont des commandes de la presse occidentale. Ce fut le cas du journal Libération avec certains photographes sénégalais.

J’ai enseigné aussi et la galerie du théâtre « La Passerelle » à Gap, a été également une part importante de cet engagement pour la photographie. À la suite d’une résidence, le directeur, Pierre André Reiso m’a proposé la direction artistique de cette toute nouvelle galerie. Nous avons eu une programmation « généraliste » allant du reportage à la photographie plasticienne et avons exposé une soixantaine de photographes à la seule condition que nous soyons d’accord sur la qualité du travail proposé. Cela a duré 18 ans !

Vous dites que les photographes sont en quête d’une image idéale, une sorte d’image parfaite, comme un graal qu’on n’atteindrait jamais. Quelle est l’image que vous avez faite et qui se rapprocherait le plus de cette image idéale ?

Madagascar 2009 © Bernard Descamps

Je crois savoir ce qu’il faudrait dans cette image. Ce n’est pas forcément des choses concrètes, mais j’aimerais qu’il y ait de la sensualité, une certaine lumière, une certaine poésie, un mystère aussi. Il y a des images où l’on sent tous ces ingrédients, mais les réunir dans la même image… c’est un graal qu’on n’atteint pas. Il y a plusieurs images que j’aime beaucoup. Celle choisie pour la communication de l’exposition de Tours, par exemple. C’est une image que j’ai faite à Madagascar. Il y a une composition forte et du mystère. Elle représente trois personnages qui rentrent chez eux, dans leur petit village en franchissant une dune. Au premier plan, il y a des pirogues de pêcheurs. C’est une image très construite. Il y a beaucoup de lignes et un bel équilibre. Les personnages sont au bon endroit. C’est une image que j’aime beaucoup. Certaines images faites en Afrique aussi. On en retrouve dans le livre « Quelques Afriques » (paru en 2011 aux Éditions Filigranes, NDLR).

Votre ouvrage « Lady Land » paru en 2009 était un conte d’hiver (et un hommage aux femmes). Votre livre « Le Singe qui regardait l’étoile » est un conte philosophique (paru en juin dernier aux Éditions Le Bec en l’air). C’est un livre totalement différent des autres. Les photos sont en couleur, c’est un petit format, vous avez écrit le texte, c’est un livre très cinématographique. Dans quel état d’esprit l’avez-vous construit, racontez-nous sa genèse ?

Sa genèse ? C’est le 1er confinement ! On avait le temps. J’ai fouillé dans mes archives couleur, c’est un peu comme les portraits. Un jour, je me suis dit que j’avais fait beaucoup de portraits pour l’Agence VU’ et j’ai repris toutes ces photographies pour le livre « Autoportrait », ça été pareil pour cet ouvrage. J’ai fait des milliers de photos couleur. J’en ai jeté beaucoup et gardé 1000 ! J’ai remis le nez dedans. Dans ce livre, il y a des diapos couleur 24X36 et 6X6, des négatifs couleur 24X36 et 6X6, des photos faites avec mon téléphone, et même avec un petit numérique. Il y a aussi une photo colorisée ! C’est un petit livre sans prétention, images et texte qui racontent une même histoire. C’est presque un livre jeunesse. C’est une parenthèse dans mon travail, et ça ouvre une porte vers une autre photographie que je fais. Ce qui est drôle, c’est que ces photos n’ont rien à voir les unes avec les autres mais elles permettent de raconter une histoire. Je me suis beaucoup amusé à le faire.

Votre dernier livre, paru en octobre dernier chez Patrick Le Bescont aux Éditions Filigranes, et dont le texte est écrit par l’historienne de l’art Héloïse Conésa, s’intitule « Au-delà des apparences ». C’est un livre qui accompagne la grande exposition rétrospective qui vous est consacrée au Château de Tours et qui se tient jusqu’au 16 avril 2023. Que trouve-t-on dans cette nouvelle grande exposition et dans ce livre ?

C’est une rétrospective qui va de 1969 jusqu’à 2021. C’est un choix de 140 images. Ça sera assez chronologique, plutôt regroupé par pays. Il est difficile de faire différemment. Il n’y a pas de thème, juste des images. L’unité de l’ensemble est le regard porté sur la réalité, sur ce que la photographie peut en dévoiler… Dans le livre, il y a 210 photos, c’est également un livre rétrospectif.

Pas facile d’être photographe professionnel aujourd’hui, quels conseils donneriez-vous aux jeunes photographes ?

Ça n’a jamais été simple d’être un jeune photographe, ou un jeune comédien ou un jeune musicien. Déjà, il y a une forte concurrence. Il faut se détacher de l’ensemble. Économiquement, je ne sais pas comment on gagne sa vie aujourd’hui en tant que photographe. À l’époque par exemple, j’ai rencontré Christian Caujolle qui m’a fait travailler pour Libé. Les rencontres sont bien sûr, très importantes.
Ce qui est important chez un photographe, c’est sa propre vision du monde. Ce n’est pas qu’il « réussisse » quelques bonnes images, mais qu’il ait un regard original et sincère sur le monde. Et là, il s’agit d’une œuvre. Alors, les conseils ? C’est surtout d’être le plus personnel possible. Oui, être très personnel et très persévérant. Que les gens aiment ou n’aiment pas d’ailleurs. Faire les choses comme on les sent, propre à soi, en étant sincère.

En 2015, pour la préface de votre livre « Où sont passés nos rêves ? » paru aux Éditions Filigranes, Dominique A écrit sur votre photographie : Tout moment vaut peut-être un poème, mais peu sont, comme Bernard Descamps, aptes à le lui offrir. Il est aussi possible que ce soit le regard qui crée le moment, le définit en l’extrayant du temps continu, lui donne sa densité. Pour donner à voir, il faut avoir beaucoup regardé, et aimé ce que l’on a regardé. Avez-vous aimé ce que vous avez regardé ?

J’ai beaucoup regardé, beaucoup observé et beaucoup photographié. Parfois sans rien obtenir. Parfois en obtenant plus que ce que j’avais vu. Pour résumer, il faut que j’aime ce que je photographie, et j’ai beaucoup aimé…

Propos recueillis par Christine Bréchemier et réalisés chez Bernard Descamps à Chinon.

ACTUALITÉS – EXPOSITIONS BERNARD DESCAMPS

sam22oct(oct 22)15 h 00 mindim04déc(déc 4)18 h 00 minBernard DescampsChinon 1975 - 2022... quelques imagesGalerie de l’Hôtel de Ville Chinon, Place du Général de Gaulle, Chinon

sam22oct(oct 22)14 h 00 mindim18déc(déc 18)18 h 00 minBernard DescampsLes temps modernesMaison Max Ernst et Dorothea Tanning, 12 rue de la Chancellerie 37420 Huismes

jeu27oct(oct 27)14 h 00 min2023dim16avr(avr 16)18 h 00 minBernard DescampsAu-delà des apparencesChâteau de Tours, 25 Av. André Malraux, 37000 Tours

sam29oct(oct 29)10 h 00 min2023dim15jan(jan 15)18 h 00 minMétamorphose. La photographie en France, 1968-1989Exposition collectivePavillon Populaire // Espace d'art photographique de la Ville de Montpellier, Esplanade Charles de Gaulle, 34000 Montpellier

sam05nov(nov 5)14 h 00 minsam24déc(déc 24)19 h 00 minBernard DescampsItinéraire bisbox galerie, 102 chaussée de Vleurgat 1050 Bruxelles

ACTUALITÉS – LIVRES BERNARD DESCAMPS
> Le singe qui regardait l’étoile paru en juin 2022 aux Éditions Le bec en l’air
https://www.becair.com/produit/le-singe-qui-regardait-letoile/
> Au-delà des apparences préface de Héloïse Conésa paru en octobre 2022 aux Éditions Filigranes
https://www.filigranes.com/livre/au-dela-des-apparences/

A LIRE
Le photographe Bernard Descamps, est notre invité de la semaine
Planche(s) Contact : Interview de Bernard Descamps

Christine Bréchemier
Après avoir débuté sa carrière professionnelle au service commercial et communication de l’Agence France-Presse (AFP), Christine Bréchemier intègre en 1998, l’école photo expérimentale et le collectif de l’Atelier Réflexe à Montreuil. Photographe pendant plus de 10 ans, elle rejoint en 2012 le comité artistique du festival Circulation(s) dédié à la photographie émergente en Europe. Elle devient attachée de presse indépendante et cofonde IZO Photographie. Responsable de communication, elle collabore depuis avec différents acteurs du monde de la photographie.

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