L'InterviewPhoto

Les 40 ans du Centre Pompidou en Grand Paris (3) : Le CPIF
Rencontre avec Nathalie Giraudeau

Temps de lecture estimé : 4mins

Trois lieux emblématiques de l’art contemporain en Seine-et-Marne (77) apportent une réponse à la fois commune et singulière face à une relecture potentielle de cette date anniversaire de la création du Centre Pompidou. Rencontre avec Nathalie Giraudeau, Directrice du Centre Photographique d’Ile-de-France.

9 lives : Comment avez vous décliné SOIXANTEDIXSEPT au CPIF ?

Nathalie Giraudeau : Nous avons choisi d’explorer, en jouant d’une sélection contrainte par le chiffre 77, les fonds nouveaux média et films des collections du MNAM, ainsi que le fonds identitaire Harry Shunk-Janos Kender de la Bibliothèque Kandinsky. En tant que centre d’art contemporain dédié à la création, nous souhaitions mettre en perspective l’esprit dégagé par cette sélection en invitant des artistes et commissaires qui ont « grandi » et se sont formés à l’aune de la culture offerte par le Centre Pompidou. Marcelline Delbecq, Ellie Ga, Marina Gadonneix et Aurélie Pétrel ont une conception ouverte et transversale de l’usage de la photographie, dont les démarches sont plutôt réflexives et conceptuelles, ce qui promettait un échange passionnant.

Commissaires et artistes ont dégagé un réseau de signification d’un assemblage « magique – circonstanciel »   de pièces, qui témoignent de l’énergie expérimentale de la scène artistique des années soixante-dix, notamment féminine, très active dans l’usage récent de la vidéo : Ana Mendieta, Martha Rosler ou encore ORLAN et VALIE EXPORT figurent parmi les artistes dont nous présentons les œuvres, aux côtés de Vito Acconci et John Baldessari.

M : Comment les acteurs du projet se sont-ils appropriés les enjeux de cette époque ?

N. G. : Les artistes et les commissaires (Audrey Illouz et Rémi Parcollet) sont les héritiers des enjeux saillants des créations artistiques de l’époque, notamment autour de l’image. La photographie acquiert une reconnaissance dans l’art contemporain, via notamment les pratiques conceptuelles. Les commissaires et les artistes connaissent bien les œuvres expérimentales des années 70 et les artistes invitées partagent avec les artistes dont nous avons choisi de montrer les œuvres, des démarches de travail processuelles souvent appuyées sur des protocoles.

Ainsi, le projet « Pier 18 », une série de performances réalisées par ceux qui deviendront parmi les plus éminents artistes contemporains, et faites pour être « captées » par la photographie (par Harry Shunk et Janos Kender), avec plus ou moins de contraintes, a emporté l’attention de l’ensemble des acteurs du projet.

En effet, « Pier 18 » concentre, à travers la figure de l’opérateur, un ensemble de questions retravaillées dans l’exposition : le statut du photographe et de l’image dans ce type de processus, le statut du document, l’intentionnalité d’art, la notion d’auteur, l’œuvre collaborative, …
Les artistes invitées ont tenu tous les rôles.

Explorer et interroger les démarches actuelles, à l’aune des questions de ces années et de ce fonds, dans une action de recherche, expérimentale était l’enjeu de cette collaboration. Les quatre artistes invitées ont proposé des dispositifs propices à faire image, et explorent avec succès les enjeux à l’œuvre dans le projet. C’est le sens du sous-titre de l’exposition Experiment ; il fait le sel de cette exposition sensitive qui invite le corps autant que l’esprit à jouer avec les œuvres qui sont proposées.

M. : Vous sentez-vous l’héritière de cette date clé à travers les missions du CPIF et vos engagements auprès des publics ?

N. G. : Le CPIF, comme Beaubourg souhaitait le devenir en 1977, est un lieu laboratoire pour les artistes, un lieu de recherche, et où l’on pense l’art et l’image comme une expérience et comme rapport au monde. Le centre d’art cherche à accompagner et à appréhender l’art de notre temps dans ses évolutions les plus récentes.

Cette démarche prospective, nous la menons aussi dans le travail de médiation, dans un grand esprit d’ouverture, de transversalité. Amener les œuvres au plus près des publics, démocratiser le rapport aux œuvres, aux artistes, à l’art contemporain. Beaubourg a été l’un des pionniers de l’accompagnement à la compréhension des arts contemporains, nous portons cet héritage et le transmettons au quotidien.

EVENEMENTS
Retrouvez le programme de l’ensemble des événements organisés dans le cadre de SoixanteDixSept Experiment :
http://www.cpif.net/fr/programme/les-evenements-de-soixantedixsept-experiment

AILLEURS EN SEINE-ET-MARNE :
Prochaines interviews
• SoixanteDixSept
Quand Rossellini filmait Beaubourg
du 11 mars au 16 juillet 2017
La Ferme du Buisson
Scène nationale de Marne-la-Vallée (77)
Allée de la Ferme – Noisiel
77448 Marne-la-Vallée Cedex 2
http://www.lafermedubuisson.com
• SoixanteDixSept

Jusqu’au 16 juillet 2017
Hôtel du Pavot…
Frac Ile de France, le château/Parc culturel Domaine de Rentilly
1 rue de l’Etang
77600 Bussy-Saint-Martin

A LIRE EGALEMENT
> Les 40 ans du Centre Pompidou en Grand Paris (1) : La Ferme du Buisson
Rencontre avec Julie Pellegrin
http://9lives-magazine.com/11286/2017/03/16/julie-pelllegrin-ferme-buisson/
> Les 40 ans du Centre Pompidou en Grand Paris (2) : Le Frac Ile de France
Rencontre avec Xavier Franceschi
http://9lives-magazine.com/11175/2017/03/17/xavier-franceschi-face-defi-soixantedixsept//

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

You may also like

En voir plus dans L'Interview